Paraworld est un jeu de stratégie temps réel qui sort un peu des sentiers battus au niveau de son scénario. Tout commence au début du XIXème siècle, lorsque trois jeunes scientifiques découvrent qu'une société secrète, la Société des Etudes Alternatives Scientifiques, a trouvé la possibilité de se rendre dans des univers parallèles. Pour qu'ils ne divulguent pas cette information capitale, la SEAS va faire tomber nos trois héros dans un piège. Ils vont se retrouver coincés sur un de ces mondes parallèles : Paraworld. Il va falloir que vous les aidiez à survivre dans cette nature hostile et surtout, que vous trouviez le chemin du retour.
Si le scénario fait un peu penser à la série télévisée Sliders ou encore au jeu Outcast, le monde dans lequel on est transporté lorgne plus du côté de Jurassic Park. En effet, Paraworld est peuplé de gros lézards à dents longues, également appelés dinosaures. Si certains sont de placides herbivores, d'autres sont carnivores et n'hésiteront pas à vous attaquer à vue. En outre, des pirates et des barbares en voudront aussi à la vie de nos chers scientifiques, sans compter que la SEAS fera tout pour les éliminer une bonne fois pour toutes. Bref, vous aurez à affronter de multiples dangers et ce n'est pas à trois que vous arriverez à vous en sortir.
Les trois tribus locales vous apporteront heureusement leur aide durant votre périple. La première, les Hommes du Nord, est un peuple de fiers guerriers robustes semblables aux Vikings. Ces derniers sont capables de construire des fortifications lourdes et disposent d'unités blindées qui en font un peuple de choix pour tous les joueurs défensifs. Les Cavaliers de la Poussière constituent la deuxième tribu et c'est un peu tout l'inverse des Hommes du Nord. En effet, ils privilégient des unités plus rapides et des campements mobiles. Evidemment, le pendant négatif de cette orientation c'est que les troupes sont moins résistantes. Ce peuple conviendra donc plus aux joueurs offensifs, à ceux qui ne veulent pas bâtir un campement fixe lourdement fortifié. Quant à la dernière tribu, le Clan du Dragon, elle dispose de quelques fonctionnalités originales dont celle de pouvoir poser des pièges. On a donc droit à trois camps vraiment différents aussi bien de par leur apparence que de par leur gameplay et c'est tant mieux.
Au niveau du gameplay justement, quoi de mieux pour expliquer ce que propose Paraworld que de le comparer aux autres titres du genre ? En schématisant, on pourrait diviser les jeux de stratégie temps réel en deux grandes catégories. Il y a tout d'abord ceux qui permettent au joueur de contrôler de grandes armées (Cossacks) et ceux qui se concentrent sur un plus faible nombre de troupes (Warcraft 3). Paraworld fait sans conteste partie de la seconde catégorie puisque vous ne pourrez jamais avoir plus de 52 unités sous votre commandement. Cela implique que l'on n'aura pas à participer à des batailles dantesques impliquant d'immenses armées, mais plutôt à de plus petits affrontements qui feront appel à votre jugeote et à l'utilisation à bon escient des pouvoirs dont bénéficient certaines de vos unités. En effet, nos trois scientifiques disposent de compétences spéciales qui peuvent s'avérer très utiles, comme celle de charmer un animal pour qu'il s'endorme un court instant. Pratique en cas d'affrontement avec un dinosaure, pour le tuer sans qu'il ne réagisse.
Chacune des tribus a ses propres héros que vous pourrez découvrir au fil de la campagne, mais aussi en mode multijoueur et escarmouche. Pour débloquer leurs compétences spéciales, il faut que ces unités atteignent un certain niveau, ce qui peut se faire si vous disposez d'assez de crânes. A chaque fois que vous tuez un ennemi, vous gagnez des crânes qui, lorsque vous en aurez assez, vous permettra de choisir quelle unité vous souhaitez faire progresser. Un conseil : il est plus judicieux de faire monter en priorité les héros pour débloquer les fameuses compétences spéciales. Surtout que les places à chaque niveau sont comptées. En effet, si, comme nous l'avons déjà dit, on ne peut avoir que 52 unités au maximum, chaque niveau a sa limitation en nombre d'unités : vingt cinq au niveau 1, quinze au niveau 2, huit au niveau 3, trois au niveau 4 et une seule au niveau 5. Cette dernière place devra donc être occupée par le véritable commandant de vos troupes. A chaque fois que l'on créé une nouvelle unité, on doit aussi se poser la question de sa véritable utilité : inutile par exemple d'avoir de nombreux bateaux si vous n'avez pour objectif que de traverser une rivière puisqu'un seul transporteur fera l'affaire. De même pour la récolte des ressources. S'il est judicieux en début de partie d'avoir beaucoup d'ouvriers, à l'inverse lorsqu'on se rapproche de l'affrontement final, il vaut mieux avoir plus de soldats et sacrifier ses braves paysans pour faire de la place. Bref, la stricte limitation du nombre d'unités nous pousse à adapter notre population aux besoins du moment.
La plus grosse nouveauté de Paraworld c'est cependant le "Contrôleur d'armée". Vous l'aurez certainement remarqué sur les captures, à gauche de l'écran se trouve une liste de vos troupes. Grâce à elle, vous pouvez par exemple voir d'un seul coup d'oeil l'affectation de vos ouvriers : ceux qui sont à la pierre, à la nourriture ou au bois. Mais cela ne s'arrête pas là, car vous pouvez aussi faire un simple glisser-déposer pour choisir les unités que vous souhaitez faire progresser de niveau. Rudement pratique. Autre élément intéressant, le bâtisseur d'armée qui permet, au début de chaque partie de choisir vos unités. Vous pouvez ainsi privilégier la récolte de ressources en ayant beaucoup d'ouvriers dès le départ ou au contraire les rushs avec des unités combattantes. Rushers, faites cependant bien attention car sur la plupart des maps se trouvent des créatures agressives qui vous attaqueront à vue et mieux vaut donc avoir une armée solide avant de s'aventurer en dehors de votre campement.
Au niveau du contenu, outre la traditionnelle campagne solo, on retrouve un mode escarmouche et multijoueur qui permet à huit personnes de s'affronter sur trois modes de jeu différents : deathmatch, domination et défenseur. Je ne vous ferai pas l'affront de vous expliquer en quoi consiste le premier, détaillons donc les deux derniers. En mode domination, il s'agira de s'emparer de certains points signalés sur la carte et de les garder pendant un certain laps de temps, tandis qu'en mode défenseur, un camp doit défendre un bâtiment tandis que l'autre doit le détruire. Le principal regret que l'on peut avoir concerne l'intelligence artificielle pas toujours très efficace. Pour ainsi dire, elle attaque toujours par le même chemin et par vagues successives. Il vous suffit donc de bâtir un mur et quelques tours au bon endroit pour la contrer. Le pathfinding lui aussi connaît quelques lacunes (des unités qui se gênent ou qui restent bloquées contre des rochers par exemple). On déplore en outre que seuls les héros aient accès à des pouvoirs spéciaux au demeurant assez peu nombreux. Ainsi, si vous faites monter une unité "de base" au niveau 5, elle n'aura droit à aucun nouveau pouvoir. Dommage. Rien de bien grave, mais ces petits défauts font perdre à Paraworld de précieux points.
- Graphismes16/20
Le design des unités est très réussi et les décors sont mignons tout plein avec leurs couleurs vives. Un petit problème est néanmoins à signaler au niveau du cycle jour-nuit qui s'enchaîne un peu trop rapidement à mon goût. Pour ainsi dire, il n'y a quasiment pas de soir ou de matin.
- Jouabilité15/20
Le contrôleur d'armée est une idée intéressante, mais hormis cela, on se retrouve avec un gameplay classique et efficace. On reste un peu sur sa faim au niveau du nombre de pouvoirs spéciaux disponibles qui reste assez faible. En outre, l'intelligence artificielle est largement prévisible et il vaudra donc mieux privilégier les parties en multijoueur.
- Durée de vie15/20
La durée de vie est tout à fait correcte grâce à une campagne solo plutôt consistante et à des modes escarmouches et multijoueurs complets.
- Bande son16/20
La musique se rapproche de celle que l'on peut entendre dans certains films. Pas étonnant puisqu'elle a été enregistrée par un véritable orchestre symphonique (celui de Magdebourg). Reste que les effets sonores se marchent parfois dessus et qu'il arrive que l'on entende des cris en même temps que des dialogues et des bruits d'ambiance. Ca gêne un peu l'écoute.
- Scénario16/20
Le contexte dans lequel se déroule le jeu nous change un peu des éternels STR heroic fantasy ou sur la Seconde Guerre mondiale.
Un contexte original, un gameplay efficace et des graphismes qui ont une véritable personnalité, Paraworld convaincra certainement les amateurs du genre et les joueurs occasionnels grâce à sa prise en main efficace. Reste que le titre n'est pas exempt de quelques petits problèmes qui lui font perdre des points, comme une IA largement prévisible ou des pouvoirs spéciaux pas assez nombreux et variés. A découvrir cependant.