Phoenix. Retenez bien le nom de cet éditeur. A côté de lui, Davilex propose des jeux vraiment aboutis. Pourtant, la nationalité est la même (hollandaise) et les deux firmes ont le même goût prononcé pour la médiocrité. Seulement voilà, à qui perd gagne, c'est Phoenix qui gagne. Pourquoi ? Parce que nulle part vous ne trouverez pire production, à se demander si le jeu n'a pas été développé avec des pieds amputés de quatre orteils chacun...
Aujourd'hui, zoom sur City Soccer Challenge, un titre au nom banal, au contenu des plus succincts et à la jouabilité chaotique. Un titre qui ne mise que sur un packshot attirant pour le papa ou la maman, plein de bonne volonté, à la recherche d'un jeu grand public et à moindre coût pour son petit rejeton, fan de ballon rond. Un ballon qui a d'ailleurs bien du mal à rebondir dans le bon sens... Plantons tout de même le décor afin d'être assez complet sur l'univers de ce "jeu", candidat déclaré au titre de pire soft de l'année, voire de la décennie. Vous prendrez ici le contrôle de l'une des huit équipes disponibles afin de remporter des coupes et des tournois dans le but de s'imposer comme la meilleure équipe du quartier. De la Team Inferno aux Honeybees en passant par les Cobra, vous trouverez à chaque fois un mélange entre garçons et filles, hommes et femmes, sans trop parvenir à savoir qui est qui et quels sont les membres de votre formation puisque l'on ne distingue pas la moitié de l'action, la faute à une caméra bien trop lointaine. Les environnements, particulièrement hideux (il y en a huit au total), prennent place dans des gymnases, sur des terrains de tennis ou sur une sorte de stabilisé, entre deux routes dépourvues de circulation.
Côté jouabilité, c'est le désastre total, évidemment. Comme souligné ci-dessus, on ne saisit pas vraiment ce qui se passe sur le terrain puisque les joueurs ne dépassent pas trois pommes de hauteur et manquent cruellement d'animation. Difficile de savoir quel est le joueur que l'on contrôle et par quel prodige on va parvenir à chiper le ballon à un CPU au rythme incroyablement inégal. Tantôt celui-ci refusera carrément de marquer dans votre but vide, préférant cracher ses poumons à refaire un tour de terrain balle au pied, tantôt il se décidera à enchaîner des passes précises conclues par une volée destinée à décrocher la toile d'araignée de la lucarne. De notre côté, les possibilités balle au pied ne sont pas très nombreuses : passe approximative, tir au hasard ou dribbles en ligne droite... C'est à peu près tout ce que l'on peut développer une fois en possession du cuir. Si l'on ajoute à cela l'obligation de "charger" ses frappes et ses transmissions de balle afin de donner un peu de boost au malheureux ballon, le tout est d'un ennui tel qu'il est parfois préférable de laisser l'IA faire mumuse toute seule... Une IA en état d'ébriété aussi bien de notre côté que de celui du CPU avec des toiles de gardiens à la pelle, des joueurs qui refusent de jouer des corners ou des tirs qui finissent en touche une fois sur deux...
Les quelques subtilités qui tentent de s'immiscer dans ce gameplay pitoyable ne viennent en rien améliorer le déroulement des rencontres. Pour faire court, si vous marquez sans contrôler, vous marquez deux buts et si votre jauge de Skill atteint son maximum (il suffit pour cela de conserver le ballon...), les mollets de vos protégés gonfleront de sorte à ce que leurs tirs gagnent largement en puissance. Génial ! C'est à peu près tout ce que l'on retrouve dans City Soccer Challenge, une erreur à lui seul. Chose que les développeurs n'ont semble-t-il pas tout à fait conscience puisque ces fanas d'humour n'ont pas peur de proposer au joueur des matchs pouvant durer 30 minutes !!! On se demande qui pourrait être assez dérangé pour garder le pad en mains deux fois 15 minutes... Même à deux joueurs, c'est la consternation qui prédominera tant les remontées de terrain paraissent incroyablement longues et répétitives. En plus de cela, le jeu se paie le luxe de ne pas être traduit et de se contenter de l'anglais du début à la fin, de buguer puisque certains joueurs ne rendent parfois plus le ballon sur corners et de nous infliger des temps de chargement extrêmement longs, d'autant que l'on se demande ce qu'une 128 bits peut bien avoir à charger justement... En bref, ce titre n'a rien pour lui et j'espère simplement que personne ne se laissera tenter par son prix qui peut paraître dérisoire alors qu'il est une véritable honte.
- Graphismes1/20
Bon eh bien, c'est moche. Les joueurs sont à moitié membrés, les terrains ont des textures lamentables de sorte à ce qu'une Amiga pourrait presque faire tourner le tout tant les décors sont vides et l'animation inexistante. A peine plus joli que Pong.
- Jouabilité5/20
Lourds comme du plomb, aussi vifs que des paresseux en pleine sieste et pas doués pour un sou, les protagonistes sont une bande d'incapables touchant un ballon pour la première et dernière fois. Jusqu'à ce qui leur prenne d'envoyer un boulet de canon en lucarne avant de replonger dans le coma... C'est à peu près jouable mais beaucoup trop lent et ennuyeux.
- Durée de vie4/20
Un mode exhibition, un tournoi de huit équipes et un championnat (toujours de huit équipes) ne nous occuperont pas plus de deux heures grand maximum. A deux, c'est le même constat, on attend impatiemment la fin du match.
- Bande son5/20
Une musique pour le menu et l'autre pour les matchs. Plutôt dans l'ambiance, elles seraient presque le point fort du jeu, bien qu'en petit nombre. En revanche, les gémissements des joueurs, lorsqu'ils tapent dans la balle après un effort qui paraît surhumain, sont à la limite du supportable. Sans parler des bruits de foule alors qu'il n'y a pas un chat autour du terrain.
- Scénario/
Mais pourquoi nous infliger de telles souffrances ? Les joueurs ne méritent pas qu'on se moque d'eux à ce point. Pour le coup, le duo Phoenix/Data Design Interactive est une conjonction d'amateurs qui sont tombés dans ce milieu par erreur. City Soccer Challenge est une daube comme on n'en voit pas tous les jours. Allez, poubelle.