Premier jeu de motos sur Xbox 360, le petit dernier de la série chère à THQ n'a donc guère de concurrents directs sur le marché. C'est donc sans véritable pression que débarque Moto GP 06, un titre s'appuyant sur les qualités des précédents volets sur Xbox, ceux-là qui ont su allier réalisme et plaisir de jeu pour permettre à tous types de joueurs de s'y retrouver. Bis répétita ?
Attendu depuis des mois, repoussé à plusieurs reprises puis définitivement avancé au 9 juin, Moto GP 06 a connu nombre de bouleversements dans les dernières semaines de son développement au niveau de sa disponibilité. Finalement, c'est cette semaine que ce que l'on pourrait appeler la simu/arcade de THQ débarque sur Xbox 360 en tant que tout premier jeu de motos Next Gen. Bien que le sous-titre Ultimate Racing Technology soit passé à la trappe, ce nouvel opus est bien le petit frère du jeu développé par Climax et sorti à la fin de l'été dernier sur Xbox première du nom. Rien à voir donc avec la franchise de Namco dont le dernier volet date du mois de juin 2005. Cette mouture-là, qui nous avait fait plutôt bonne impression dans sa version preview, a clairement pour objectif d'attirer à la fois les mordus de simulation avides de sensations réalistes et un public moins connaisseur qui souhaite avant tout prendre du plaisir sans se plier à des conventions inévitables qui freinent l'ardeur que l'on a en prenant possession du pad. Une fois de plus, ce sont les modes Grand Prix et Extrême qui représentent le mieux possible cette façon de voir à laquelle il est difficile de ne pas s'associer.
En effet, les joueurs les plus assidus de la série retrouveront un contenu classique et apprécié, laissant la possibilité entre une conduite technique et réaliste d'un côté et un pilotage plus intuitif et débridé de l'autre. Vous avez donc le choix : la catégorie Grand Prix qui suit le déroulement d'une saison 500 avec le calendrier officiel des 17 GP, les teams et pilotes de 2006 (et même ceux de 2005) ou la catégorie Extrême permettant d'enfourcher des bécanes de 600, 1000 et 1200 cc sur des circuits fictifs exotiques et variés. Bien évidemment, il est quasi impossible de proposer un gameplay complètement différent dans le même jeu mais force est de constater que l'approche d'une course en Extrême n'est absolument pas la même qu'en GP. Le premier laisse parler votre fougue avec un pilotage semi-assisté composé d'un ABS et d'une sorte d'antipatinage (j'ai bien dit une sorte) permettant à la fois de freiner très tard et de réaccélérer très tôt sur des circuits peu conventionnels aux tracés originaux. Le second quant à lui, tente de reproduire au mieux le comportement d'une moto avec un freinage en ligne obligatoire, la gestion des freins avant et arrière et le transfert de masse dans des courses où une petite touchette avec un autre pilote peut être fatale. Pourtant, cette partie "simulation" est loin d'être comparable à ce que l'on retrouve dans Tourist Trophy (le jeu de moto de la PS2) puisque le gameplay est calibré de sorte à ce qu'un débutant ne soit pas trop déstabilisé par le comportement de la moto. On ne retrouve donc pas toutes les sensations d'une vraie conduite sur deux roues mais on s'en rapproche singulièrement, notamment grâce à la gestion physique du pilote qui se penche aussi bien en avant et en arrière que latéralement.
Le premier point noir du jeu est la gestion des collisions avec les autres pilotes. Elle est en fait très aléatoire. On pourra tantôt arriver lancé à plus de 200 km/h et percuter un autre concurrent sans tomber, tantôt mordre la poussière au moindre petit frottement à la sortie d'un virage. La faute aussi à une IA pas très fine qui ne tente pas souvent d'éviter le contact et qui préfère foncer tout droit en espérant que le choc ne soit pas trop important. On retrouve ces impressions lorsque l'on mord sur l'herbe ou le gravier. Alors que ce sont la plupart du temps les paramètres qui font que l'on tombe ou non, l'angle de braquage et la vitesse n'influent pas énormément sur la chute du pilote. Enfin, mais ce n'est pas nouveau, on regrette de ne pas voir au moins une partie de la moto subir les conséquences d'un accrochage, ne serait-ce que par quelques débris se détachant de la carrosserie car voir une deux roues comme neuve après un vol plané sur plusieurs dizaines de mètres n'est pas très crédible. Le second point noir est le fait que l'on ne sente pas vraiment le poids de la moto lors du freinage et de l'accélération. Pourtant, de son côté, l'influence du pilote sur le comportement de la machine est très bien rendu, celui-ci étant joliment animé grâce à une décomposition des mouvements précise (on le voit tourner la poignée des gaz, passer les vitesses...) et faisant corps avec le reste de la moto.
Libre à vous cependant de régler votre bolide en fonction de la physionomie du circuit et des conditions climatiques, variant régulièrement. Tout en restant très généraux et accessibles à tous, ces réglages ont une influence importante sur les chronos qu'il sera possible de réaliser. Des gommes à l'empattement en passant par la longueur des rapports ou la dureté des suspensions, on a de quoi passer quelques longues minutes à trouver la configuration idéale pour réaliser des temps nécessaires à l'obtention de la pôle. Malgré tout, celle-ci reste relativement aisée à décrocher, et ce même en "Champion", le niveau de difficulté le plus élevé accessible au début de votre partie (on peut ensuite débloquer le niveau "Légende"). La course obéit quant à elle à une toute autre logique. Si la rapidité des autres pilotes augmente crescendo en fonction de la difficulté, c'est leur agressivité qui est largement exagérée. Si l'on met de côté les courses en débutant, ils se révèlent comme des compétiteurs acharnés qui n'auront guère de pitié pour un freinage un peu manqué de votre part, vous envoyant au tapis alors que d'autres solutions sont envisageables. On n'est donc jamais à l'abri de se faire devancer au dernier moment car il reste difficile de créer des écarts significatifs à partir du moment où les courses ne dépassent pas trois petits tours.
La durée de vie du soft reste tout de même conséquente puisqu'on débloque des circuits (et leurs miroirs) et des pilotes au fur et à mesure de l'augmentation de notre niveau. Pour cela, on doit s'imposer dans un maximum de courses, remporter des championnats et gravir ainsi les échelons un à un. En parallèle, on fait progresser sa moto en améliorant sa stabilité, son freinage, son accélération et sa vitesse de pointe. Caractéristiques que l'on peut également booster en remplissant les objectifs de plus de soixante défis mettant à l'épreuve votre sens de la trajectoire et l'exactitude de votre connaissance de chaque courbe du tracé d'un circuit donné. A côté de cela, on dispose d'une certaine liberté sur l'apparence de notre moto : modèle et couleur de la moto, couleurs du casque et de la combinaison du pilote, choix de son numéro et du nom d'écurie, etc. Une personnalisation qui n'est pas des plus utiles mais qu'on accueille une fois de plus positivement. Notez enfin la présence d'un Entraînement très succinct sur lequel vous ne passerez pas plus de cinq minutes puisqu'il se contente de vous apprendre les bases d'un pilotage rigoureux. Pour ce qui est du multi, en plus des courses à deux en écran partagé ou en liaison multiconsoles, on peut aller faire ses preuves sur le Xbox Live dans des courses où un total de 16 joueurs pourront se retrouver. De longues heures de jeu en perspective !
- Graphismes15/20
Si quelques détails demeurent franchement limites pour la Xbox 360 (textures sans relief, public horrible, vue intérieure pixélisée par endroits), la réalisation est convaincante, notamment dans la catégorie Extrême où les jolis paysages se succèdent au fil des courses. L'animation du pilote et de sa moto est sans faille et apporte la dose de réalisme indispensable à tout bon jeu du genre. Les effets de lumière sont réussis mais quelques décors d'arrière plan manquent par moment de détails.
- Jouabilité16/20
Les toutes premières minutes seront un calvaire puisque l'on doit faire avec les mouvements de caméra qui accompagnent la courbe de la moto. Une fois l'habitude prise, on éprouve un réel plaisir tant la sensation de vitesse est présente. Rares sont les jeux à procurer une telle montée d'adrénaline au moment de passer aux rapports supérieurs et de tenter de freiner le plus tard possible. Six caméras sont disponibles dont une en vue intérieure très prenante mais difficile à maîtriser. L'IA mériterait plus d'attention dans les prochains opus.
- Durée de vie17/20
On dispose de quatre catégories au total (GP, Extrême 600, 1000 et 1200) sur 34 tracés différents (dont les 17 officiels de la saison en cours avec la possibilité d'évoluer avec les données de 2005). Quatre modes de difficulté permettent d'apprendre tout en se perfectionnant. En plus de ça, une soixantaine de défis s'offrent à nous, tout comme le mode multi, aussi bien offline qu'online. Et puis, vu qu'on ne s'ennuie absolument pas, il y a de quoi jouer et jouer encore...
- Bande son15/20
Malgré une liste de morceaux sympa à écouter, on sera vite tenté de ne conserver que les sonorités des moteurs tant elles sont bien reproduites et marquent vraiment la différence entre les cylindrées. Un petit bonheur.
- Scénario/
Complet, accessible et technique, Moto GP 06 est fidèle à la réputation de la série. Ses deux types de pilotage (arcade d'un côté et arcade/simulation de l'autre) apportent une variété qui plaira à tous. S'appuyant sur une réalisation soignée et une durée de vie conséquente, il s'impose comme un jeu de courses à posséder sur cette console même si l'on est conscient que le niveau de perfection n'est pas encore atteint.