La première qualité de Rise of Legends, qui est loin d'être la seule, est donc son background ayant le mérite de nous sortir un peu des clichés et des conflits qui ont été maintes fois traités dans nombre de jeux de stratégie. Quoi ? Qui a dit la Seconde Guerre mondiale ? Le soft de Big Huge Games nous entraîne à la découverte d'un monde étrange. Un monde où la technologie a été utilisée pour créer des machines bizarres comme des astronefs à double hélice, des dirigeables dédiés au transport de troupes, des araignées mécaniques, des canons à vapeur et j'en passe. Mais ce monde est aussi celui de la magie et des créatures légendaires. On y retrouve ainsi des éclaireurs de feu (oiseaux ressemblant à des phoenix), des dragons, des châteaux volants (si, si !)... Bref, c'est un univers onirique qui côtoie la froideur des créations industrielles.

Cette dualité a permis aux développeurs de bien différencier les trois races jouables. Chacune est en effet orientée soit vers la magie, soit vers la technologie. Ainsi, les Vincis misent tout sur leurs connaissances techniques avec des inventions qui font forcément penser aux dessins de Léonard de Vinci (d'où le nom de la race). Les Alins privilégient la magie et peuvent invoquer d'étranges créatures pour lutter efficacement sur le champ de bataille (scorpions, efrits, araignée de verre...). Enfin, les Cuotls sont la race la plus mystérieuse. Leur caractéristique principale est de maîtriser les éléments : le vent et le soleil. Ils peuvent donc invoquer des ouragans mais aussi créer un rayon de lumière brûlant. Les Cuotls utilisent la mort elle-même et sont capables de faire subir des dégâts à tous les ennemis qui s'aventurent sur leur territoire. Bien évidemment, les trois races ont leurs propres bâtiments et leurs propres unités qu'il faudra apprendre à maîtriser si vous voulez avancer. On a donc droit à trois manières différentes de jouer.

Les trois campagnes du jeu ne se présentent pas sous la forme d'une simple suite de missions. A l'image de Rise of Nations (le précédent titre des développeurs), on a droit à une progression moins linéaire grâce à la présence d'une carte stratégique façon wargame. Celle-ci divise le monde en plusieurs zones. Certaines vous appartiennent et d'autres sont à l'ennemi. C'est sur cette carte que vous pourrez décider où envoyer vos troupes pour étendre votre territoire. Cependant, attention, le but du jeu n'est pas de conquérir le monde. On doit accomplir des objectifs précis qui vous demanderont de vous rendre dans telle ou telle région. Ces étapes sont obligatoires, mais libre à vous de prendre le chemin que vous voulez pour y arriver, en sachant bien que plus vous aurez de zones à vous et plus les batailles obligatoires seront facilitées puisque chaque région conquise donne droit à des bonus en matière de points d'expérience, de richesses, d'inventions, de points d'armée... Tous ces petits plus vous donneront la possibilité de recruter des soldats supplémentaires qui vous accompagneront tout au long de l'aventure, de développer de nouvelles unités via la recherche, d'acheter de nouvelles capacités spéciales pour votre héros... De véritables choix devront donc être faits sur cette carte stratégique, choix qui influeront grandement sur votre efficacité pendant les combats.

Et les batailles justement, parlons-en. En fait, une fois que vous aurez choisi de déplacer vos troupes sur une nouvelle zone de la carte, le jeu basculera en mode STR façon Age of Empires 3. Vous pourrez alors bâtir votre base et créer des unités pour accomplir la mission demandée. Une particularité pour ce qui est des cités : elles se construisent étape par étape. En fait, il est possible de construire quatre sortes de quartiers différents, chacun vous octroyant des bonus particuliers. Ainsi, le district militaire augmente la limite de population, le district marchand permet de récolter plus de ressources... Les effets des quartiers se cumulant, il est judicieux de créer plusieurs quartiers de même type pour profiter de bonus accrus. Attention cependant aux ressources et à la place dont vous disposez car les quartiers ne peuvent être bâtis qu'au contact immédiat de votre cité : il faut que tous les districts se touchent. Ce n'est heureusement pas le cas des autres bâtiments (laboratoires de recherches, tours de défense, caserne...) qui peuvent être bâtis n'importe où, pourvu que ce soit sur votre territoire. En effet, vous verrez très vite que des frontières apparaissent sur le terrain de jeu. Pour agrandir votre territoire, il vous faudra vous emparer des bâtiments et cités neutres soit en payant, soit par la force. Bref, votre stratégie se doit d'être expansionniste et dès le début de la partie, votre préoccupation principale doit être d'accroître votre territoire en capturant les bâtiments neutres ou même ennemis les plus proches.

Si du côté des campagnes solos, on a droit à deux phases de gameplay : carte stratégique et batailles STR, les modes escarmouche et multijoueur se concentrent uniquement sur ce dernier aspect. Au menu, on retrouve le traditionnel deathmatch, mais celui-ci est finement paramétrable. On peut jouer jusqu'à 8 joueurs, en groupe ou chacun pour soi. En outre, vous n'êtes pas obligé de figer les groupes dès le début de la partie. Dans le mode diplomatie, il est en effet possible de signer des accords de paix et des alliances en cours de jeu et même de les rompre. Intéressant car on ne sait jamais si tel ou tel joueur va nous trahir ou pas... Bien évidemment, les conditions de victoires sont paramétrables et on peut même décider d'un cessez-le-feu en début de partie pour, par exemple, interdire tout combat pendant les 10 premières minutes, le temps pour chacun de commencer à avoir une base solide et quelques troupes histoire d'éviter les rushs et la fin prématurée de la partie. La durée de vie est réellement excellente puisque les cartes sont nombreuses. Et puis, quand bien même cela ne vous suffirait pas, vous pourriez toujours créer vous-même vos propres cartes grâce à l'éditeur fourni. Dans ce dernier, le paramétrage d'événements est de la fête et il est possible de mettre des cinématiques pour égayer ses créations. De quoi créer de nouvelles campagnes. Au vu de la qualité du jeu, gageons d'ailleurs que du contenu supplémentaire créé par des amateurs soit bientôt disponible sur le net. Bref, disposant d'un univers intéressant, d'un contenu très riche et d'un gameplay parfaitement réglé, Rise of Nations : Rise of Legends est sans conteste l'un des meilleurs jeux de stratégie de ces derniers mois.