Pourquoi, mais pourquoi ? Alors que le cinquième opus (tout du moins en Europe) de la série Dynasty Warriors se voyait le porteur de vraies innovations et d'une qualité proche de ce que chacun attend d'un jeu vidéo, c'est le quatrième qui subit la dure loi du portage PC. Déjà moyennement convaincant sur consoles, ce dernier avait-il décemment sa place au coeur des processeurs et des résistances ? Néanmoins se pourrait-il que cette conversion lui ait été profitable, qu'il retrouve une seconde jeunesse dans les bras de l'anti-crénelage ? La guerre ne doit jamais être abandonnée avant le dernier râle du général ennemi. Quant à savoir qui le lui fera pousser, c'est une autre histoire.
Comptant désormais, depuis pratiquement une dizaine d'années, les hauts-faits de la période des Trois Royaumes, la saga des Dynasty Warriors abrite sous son aile l'un des principes de jeux ayant le plus fonctionné dans le domaine vidéoludique. Mettant toute son âme dans la sublimation de l'esprit combatif, la série de Koei est parvenue à tirer la quintessence du beat'em all, en l'appliquant miraculeusement à un respect scrupuleux de l'histoire de la Chine médiévale. Toutefois, incarnant la pente déclinante, cet opus 4, de par son manque de renouvellement et la présence de défauts critiqués depuis le premier épisode, commença sérieusement à faire réfléchir les amateurs. Que peut donc bien contenir de plus cette version PC pour s'autoriser à porter la mention Hyper ? Eh bien pas grand-chose en résumé. En effet, vous retrouverez essentiellement les ajouts opérés dans le cas de la déclinaison Xtreme Legends, qui déjà n'incluait que peu de modifications au regard de ce que proposait l'original. Ainsi, vous dénicherez en guest-stars les célèbres Edit Mode, Challenge Mode, et pour finir Versus, vous permettant de passer davantage de temps hors de la Campagne générale, véritable colonne vertébrale du jeu. Comme son nom l'indique, le premier d'entre eux vous donnera la possibilité de créer de toutes pièces un personnage ou un garde du corps. Dramatiquement limité, cet outil de customisation n'est rien de plus qu'un gadget, autorisant toutefois à s'immerger un tantinet plus dans les batailles par le biais de son propre poulain. Le second regroupe diverses épreuves permettant de tester vos capacités de guerrier. Au nombre de quatre, ces dernières vous demanderont de détruire le plus d'objets en un temps donné, de tuer 100 opposants sous les mêmes conditions, de faire tomber tous vos adversaires d'un pont, ou encore de résister le plus longtemps possible à des vagues de fous furieux bien décidés à vous tuer. Enfin, le mode en un contre un, sur le même PC évidemment, vous donne accès également à quatre types de combats, allant du classique duel à une sorte de Capture The Falg évolué. Des idées intéressantes et empêchant de se morfondre comme sur les classiques modes deux joueurs vides de toute substance.
Tenant plus du détail que de la réelle révolution, ces ajouts ne font toutefois pas oublier que le principal sujet de Dynasty Warriors 4 Hyper reste la guerre, la vraie, la tatouée. C'est alors que l'on se plonge pour des heures et des heures dans le mode Musou, correspondant à la retranscription des faits de guerre du moyen-âge chinois. Déroulant un scénario s'adaptant en fonction du camp sélectionné au début de votre périple militaire, à savoir celui des Wu, des Shu ou encore des Wei, vous devrez lutter âprement pour la survivance de vos possessions et de votre nom. Tout en sachant que de toute façon, ces trois grandes dynasties s'éteindront de manière tragique à quelques années d'intervalles. Un destin cruel, qui ne vous empêchera pourtant pas de démembrer à tour de bras, de massacrer joyeusement, et de décimer la mèche au vent. Effectivement, le titre de Koei est avant tout le paroxysme du beat'em all, vous opposant sans complexe à des centaines et des centaines de guerriers plus ou moins redoutables, nuisant à la bonne tenue de votre province. Et c'est à ce moment précis qu'apparaît l'intérêt profond de DW 4, dans la fureur brutale et dans l'arrivée impromptue de l'adrénaline. Armé de votre lance, de votre rapière ou encore de vos chakrams, vous êtes propulsé au sein de la bataille sans autre soutien que le vôtre. De fait, il n'appartient qu'à vous de réduire à néant des hordes de soldats, aboutissant parfois au nombre ahurissant de 300, voire 400 victimes en une seule partie. Le soft cherche le spectaculaire, et se complaît totalement dans une sorte d'exultation qui peut paraître gratuite mais qui se comprend aisément si l'on fait le rapprochement avec la teneur des légendes entourant la période des Trois Royaumes. Bref, voici l'occasion de déverser quelques heures d'excitation sans arrière-pensées nauséeuses, simplement bercé par le côté homérique des combats de masse.
Pourtant, même les plus célèbres contes ont leurs zones d'ombre. Et celles de Dynasty Warriors s'avèrent particulièrement profondes. Pouvant bénéficier de la puissance non négligeable des PC actuels, le soft de Koei n'est pourtant pas débarrassé de ses tares graphiques déjà tenaces sur PS2. Pour le coup, et même si cela reste tout de même moins visible que sur la bonne vieille console de salon de Sony, on retrouve l'habituel brouillard masquant l'horizon de manière assez désagréable et surtout le clipping inacceptable sur PC, associé à une apparition bien trop tardive des opposants et des obstacles. D'autre part, et même si la modélisation des personnages demeure bien plus fine, laissant entrevoir des détails dignes d'éloges sur les diverses armures du soft, les textures demeurent bien faiblardes, voire parfois honteusement baveuses. Heureusement que l'ambiance rattrape cette preuve flagrante d'un portage pur et dur, sans quoi, cette ode à la Chine Antique aurait très bien pu se transformer en un vulgaire dépliant touristique. Dans la même veine, il est regrettable de ne pas bénéficier d'un mode online pour les modes proposant la participation de deux joueurs, obligeant à posséder deux manettes, le clavier n'étant vraiment pas conseillé. Vous l'aurez bien compris, cette version de Dynasty Warriors 4 est une amère déception. Plus réussi graphiquement parlant que ses aînés, et possédant l'ensemble des ajouts (toutefois moyennement intéressants) de la version Xtreme Legends, ce dernier aurait aisément pu devenir l'un des meilleurs beat'em all PC, genre peu représenté sur cette machine. Pourtant, avare de générosité, il s'embourbe dans des difficultés depuis longtemps présentes et n'apporte rien de probant, malgré sa nouvelle plate-forme d'attache. Toujours aussi jouissif, aussi immersif et véhiculant un nombre imposant de sensations, nul doute qu'il trouvera son public. Mais celui-ci lui pardonnera t-il ses errances et son aspect non finalisé ? En espérant un de ces jours l'arrivée du cinquième opus. Gloire aux Turbans Jaunes !
- Graphismes12/20
Certes plus fin que sur consoles de salon, Dynasty Warriors 4 Hyper reste tout de même relativement pauvre, malgré un réglage optimal de l'apparence graphique. Il est agréable d'apercevoir les moindres détails des différentes armes et armures, mais ce n'est que pour mieux se lamenter sur les textures pauvres et la distance d'affichage très limitée. Heureusement, la beauté des coups spéciaux et l'ambiance exposée parviennent un tant soit peu à redorer le blason du titre.
- Jouabilité15/20
Nécessitant obligatoirement la possession d'une manette, Dynasty Warriors arbore un gameplay totalement grisant, basé sur l'aspect spectaculaire des combats et sur un côté épique que l'on ressent aisément. Vous donnant la possibilité d'utiliser des montures afin de réaliser des charges héroïques au coeur des lignes ennemies et de réduire à néant des armées entières dans un flot d'éclairs colorés, la titre de Koei fait partie de ces titres provoquant une immersion intense. Toutefois, la caméra disposée en dépit du bon sens nuance un peu ces propos.
- Durée de vie15/20
Devant le nombre conséquent de missions à terminer si l'on prend en compte l'ensemble des scenarii, nul doute que vous passerez de nombreuses heures en compagnie de Cao Cao, Lu Bu et leurs amis guerriers. De plus, avec les modes défis et versus, votre expérience de jeu sera encore un petit peu plus enrichie, malgré la relative vacuité de certaines épreuves. Pour finir, vous aurez la possibilité de débloquer moult armes et personnages, motivant ainsi l'implication dans les diverses tâches présentes.
- Bande son13/20
Tantôt bien rock, arborant des mélodies plus ou moins intéressantes selon les morceaux et tantôt traditionnelle, la bande sonore de DW 4 reste sympathique, même si certains thèmes deviennent vite redondants. En outre, la présence de voix japonaises est un plus non négligeable, donnant bien plus de crédit aux indications données durant les affrontements.
- Scénario15/20
Retraçant scrupuleusement les grandes phases de la période des Trois Royaumes, le scénario réserve son lot de rebondissements, de trahisons et de grandes manoeuvres militaires. De plus, les personnages s'avèrent vraiment dignes d'intérêt, tant dans leurs motivations que dans leurs psychologies. Reste que la mise en scène du jeu est un peu en retrait.
Aussi réussi dans le fond que les versions consoles, cet opus PC souffre pourtant de défauts majeurs qui l'empêchent d'atteindre un niveau équivalent. Ainsi, malgré le fossé graphique séparant les machines, le titre de Koei ne tire pas pleinement parti des possibilités des PC récents et se voit contraint de conserver les défauts de sa série. Il est vraiment dommage de ne pas avoir pu profiter d'une vraie déclinaison digne de ce nom, ou tout simplement de l'adaptation de DW 5. En espérant que la prochaine fois sera la bonne.