De Soul Blade à Soul Calibur 3, la série de Namco a transcendé l'histoire du jeu de baston, transmettant sa légende d'une console à l'autre sans jamais cesser de nous éblouir. C'est donc avec la boule au ventre et les larmes aux bords des yeux que je m'en vais vous parler d'un titre d'exception à nul autre pareil. Un jeu monumental qui vous donnerait presque envie de passer 15 ans dans un dojo pour y apprendre la maîtrise des armes. Plus que jamais, Soul Calibur 3 est une ode enflammée à l'art du combat sous toutes ses formes.
Il y aurait mille et une façons d'amorcer ce test de Soul Calibur 3, mais compte tenu de l'ampleur du titre et du nombre impressionnant de choses qu'il y aura à évoquer, rentrons sans plus attendre dans le vif du sujet. Après des débuts brillants sur Playstation, c'est sur Dreamcast que la série de Namco s'est fait un nom dans le milieu des jeux de combat sur consoles, devenant rapidement l'une des références incontestées du genre. A chaque nouvel opus, les joueurs savent qu'ils vont se prendre une claque monumentale et vivre une expérience vidéoludique unique. Cette fois encore, Namco parvient à nous surprendre en proposant un épisode aussi percutant que ses prédécesseurs, mais au contenu enrichi.
Le premier sujet de préoccupation pour un fan de Soul Calibur, est de savoir s'il pourra jouer à nouveau avec le personnage dont il a patiemment appris à maîtriser le style de combat dans les précédents volets. Pas d'inquiétude de ce côté-là, la quasi-totalité des protagonistes de Soul Calibur 2 a été conservée, y compris les derniers arrivés, comme Talim ou Raphaël. Necrid, Charade et Inferno étant les seuls laissés pour compte. En rajoutant les combattants inédits à débloquer, le panel de personnages avoisine facilement la trentaine, sans compter ceux que vous pourrez créer par vous-même mais je reviendrai là-dessus un peu plus loin. Parmi les nouveaux venus, trois figures majeures sortent du lot et jouent un rôle crucial dans le scénario. Celui-ci repose toujours fondamentalement sur la dualité entre Soul Edge, la lame maudite, et Soul Calibur, la lame sacrée, et comme le veut la légende, l'histoire se répète éternellement. Les trois personnages en question sont Zasalamel, un moine au teint sombre maniant une faux mortelle, Tira, une danseuse excentrique qui se bat avec une gigantesque lame circulaire, et Setsuka, une troublante geisha qui dissimule un sabre dans son ombrelle. Abyss remplace Inferno dans le rôle du boss de fin maléfique, et bien d'autres personnages, tous plus charismatiques les uns que les autres, attendent que vous les choisissiez pour vous dévoiler leurs talents.
Plus que jamais, les développeurs se sont lâchés sur les profils physiques des personnages, en rajoutant des costumes tellement excentriques qu'ils donnent l'impression de contrôler non pas quatre versions d'un même combattant, mais bien quatre personnages différents. Ce sera l'occasion de voir le preux Siegfried abandonner son armure au profit d'une superbe tunique de chevalier, de voir Ivy porter un voile, Rock ajouter une trompe à son masque, ou encore Raphaël adopter un look vampirique. Le puissant charisme des personnages a toujours été l'un des atouts de la série, mais il atteint ici un niveau sidérant d'efficacité. Rajoutez à cela la possibilité de sélectionner les voix japonaises avec plus de 50 répliques différentes par personnage, de visualiser leurs katas (parfois même en duo) et de revoir toutes les cut-scenes du jeu, et vous obtenez un background d'exception. L'une des principales innovations de cet épisode réside d'ailleurs dans la possibilité d'utiliser un éditeur de création de personnages pour donner vie au combattant qui sommeille au fin fond de votre imagination. L'éditeur propose ainsi de nombreux profils très variés qui correspondent à différentes classes, comme le ninja, l'assassin, le moine et bien d'autres. Au fur et à mesure que vous avancerez dans le jeu, de nouveaux accessoires et de nouveaux visages viendront s'ajouter à la liste pour vous permettre de personnaliser à l'extrême tous vos combattants. Par ailleurs, ces derniers seront amenés progressivement à manier de nouveaux types d'armes en fonction du niveau d'expérience qu'ils ont atteint.
Après avoir longuement halluciné sur les héros de Soul Calibur 3, vous risquez de vous trouver mal devant le caractère majestueux des arènes de combat. Les décors sont plus splendides les uns que les autres, et on ne peut que rester figé devant tant de beauté. Vous vous battrez ainsi à bord d'un navire en flammes orné de tableaux, sur le pont d'un bateau pirate tanguant au gré de la houle, devant des temples bouddhistes, grecs, égyptiens, japonais et que sais-je encore ? Les influences proviennent des quatre coins du globe, et la variété des cultures prises en compte enrichit considérablement l'atmosphère des batailles. Le souci du détail est d'ailleurs plus poussé que jamais : les tableaux tombent lorsque vous plaquez un adversaire contre un mur, les dalles explosent sous la violence des impacts et les parois friables s'affaissent pour vous inciter à projeter votre ennemi hors de l'arène. On ne compte plus les fresques murales, les tapisseries et autres vitraux qui enjolivent les environnements, et je ne parle même pas des effets de lumière. Les capacités de la console sont poussées à leur paroxysme, et l'on n'ose même pas imaginer à quoi ressemblera un éventuel Soul Calibur 4 sur console next gen.
Avec tout ça, je me rends compte que je n'ai même pas encore évoqué les nouveaux modes de jeu. Concrètement, on trouve dans Soul Calibur 3 quatre modes principaux : les modes Légendes des Ames, Combats d'arènes, Chroniques de l'Epée et Tournoi mondial. Le premier est une version améliorée du mode Arcade traditionnel, où vous allez pouvoir découvrir l'histoire de chaque personnage à travers une succession de combats scénarisés aux multiples embranchements. A plusieurs reprises, vous serez amené à faire des choix qui influeront sur le cours de l'histoire et sur la nature des personnages que vous aurez à affronter. Par ailleurs, la plupart des cut-scenes sont interactives, à savoir que vous devrez parfois réagir rapidement pour effectuer une manipulation donnée afin d'éviter que votre personnage ne se prenne un coup en traître durant la cinématique. De la même façon, vous devrez carrément intervenir durant les séquences de fins pour modifier l'issue du scénario, ce qui renvoie directement au principe de Soul Blade.
Le mode Combats d'arènes comporte un certain nombre de missions spécifiques à la difficulté évolutive, dont la plupart s'inspirent de celles qu'on pouvait trouver dans le mode Maître d'Armes du précédent volet. Ce sera l'occasion de varier les conditions de victoire, et notamment d'affronter un gigantesque colosse de pierre inspiré des grandes statues grecques. Dantesque ! Complètement inédit, le mode Chroniques de l'Epée ose introduire des notions de stratégie temps réel. Concrètement, le joueur déplace ses combattants sur une carte dans le but de conquérir des forts, sachant que chaque rencontre avec une unité ennemie peut donner lieu à un combat décisif en 3D. C'est dans ce mode que vous pourrez faire monter les statistiques et les niveaux des personnages que vous aurez créés. En plus d'être innovant, ce mode s'avère franchement bien pensé. On peut par exemple demander à ses unités de rester dans les forts pour se régénérer et renforcer ces derniers moyennant une certaine somme d'argent. Pour finir, les joueurs avides de compétition pourront organiser des tournois successifs pour tester leur maîtrise du jeu.
Question gameplay, il n'est pas question de mettre en doute l'efficacité du système de Soul Calibur dans la mesure où c'est sans doute l'aspect qui a le moins bougé par rapport au précédent volet. La force de la série réside toujours dans le fait qu'elle propose un gameplay assez intuitif pour plaire aux joueurs occasionnels, tout en comportant suffisamment de subtilités pour donner du fil à retordre aux amateurs de technicité, et sans jamais occulter la dimension spectaculaire des affrontements. Le didacticiel est d'ailleurs là pour vous apprendre à dompter ces techniques d'experts, comme le Guard Impact, le Guard Break, les combos spéciaux et aériens, les roulades, Ukemi et autres possibilités de rétablissement, le Double Over, les attaques imparables ou encore la Soul Charge. On ne va pas rentrer dans les détails mais vous voyez que le jeu renferme un grand nombre de subtilités qui le rendent long à maîtriser, sans pour autant empêcher les néophytes de s'amuser en se contentant des techniques de base. En fait, la vraie question qui se pose c'est comment peut-on résister à un soft qui a tout pour lui ? Jusqu'à preuve du contraire, il semble qu'il n'y ait pas de réponse.
- Graphismes18/20
Il est rageant de se dire que les limites de la PS2 n'ont peut-être pas permis aux développeurs d'exprimer toute la mesure de leur talent. Quand on voit la majesté des environnements et la qualité des animations, sans même parler du design somptueux des protagonistes, on n'ose même pas imaginer ce qu'un Soul Calibur pourrait donner sur les consoles nouvelle génération.
- Jouabilité18/20
A l'instar de ses aînés, Soul Calibur 3 sait se rendre accessible au plus grand nombre en proposant des contrôles vraiment intuitifs. Les spécialistes du genre ne sont pas pour autant oubliés puisque le jeu regorge de subtilités techniques difficiles à maîtriser. En cela, le titre de Namco ne peut que faire l'unanimité, d'autant que les styles de combat des protagonistes sont extrêmement variés.
- Durée de vie18/20
Avec ses nombreux embranchements et son scénario étoffé, le mode Légendes des Ames s'avère bien plus riche que ne l'était le mode Arcade. Les Chroniques de l'Epée garantissent également de longues heures de jeu en introduisant un côté stratégique très intéressant et inédit dans la série. Sans oublier les missions spéciales regroupées dans le mode Combats d'arènes, les parties en Versus, les compétitions du mode Tournoi mondial et l'éditeur permettant de créer ses propres personnages.
- Bande son17/20
On remercie Namco d'avoir compris l'importance de proposer le doublage original dans les options, beaucoup plus immersif que le doublage anglais. Chaque personnage possède plus de 50 répliques différentes qui renforcent considérablement l'immersion dans le jeu, et les musiques sont toujours aussi percutantes.
- Scénario/
Sans aller jusqu'à mettre une note de scénario, je tenais à souligner l'effort des concepteurs de Soul Calibur 3 qui ont pris la peine de scénariser l'ensemble des modes de jeu. Chaque protagoniste possède un passé qui s'étoffe à chaque nouvel opus, et la dualité entre les lames sacré et maléfique (Soul Calibur / Soul Edge) constitue toujours la clé de voûte du scénario.
A ma connaissance, Soul Calibur demeure la seule série de jeux de combats à faire l'unanimité auprès des joueurs. Techniquement grandiose, le soft contentera autant les néophytes pour ses combats spectaculaires et accessibles, que les amateurs de technicité pour les subtilités que renferme son gameplay lorsqu'on essaie de le maîtriser sur le long terme. A défaut de pouvoir s'enfermer pendant 15 ans dans un dojo pour y suivre l'enseignement d'un vieux maître, Soul Calibur 3 constitue une solide alternative.