Les westerns étant trop peu présents dans le domaine des jeux vidéos, la sortie d'un nouveau représentant du genre est en soi un événement qui ne peut que nous réjouir. Difficile, en effet, de ne pas répondre à l'appel de Gun qui nous invite à parcourir les vastes plaines pour de grandes chevauchées au milieu des bisons et des peaux-rouges sous un soleil de plomb. Le Far West a décidément des attraits auxquels il est difficile de résister, mais les développeurs de Gun semblent avoir oublié qu'un contexte attirant ne suffit en aucun cas à faire un bon jeu.
Archétype du cow-boy fier et mystérieux qu'on trouve dans la plupart des westerns, Colton White est un héros dans l'âme. Elevé par un trappeur respectable et expérimenté, notre homme possède enfouie en lui une haute idée de la justice et croit en un certain nombre de valeurs qui le pousseront à défier l'ordre établi pour défendre les causes qui le méritent. C'est le combat de cet homme qui nous est raconté dans Gun, un combat qui lui permettra de rassembler une à une les miettes de son passé pour découvrir quelles sont ses origines et comprendre pour qui et pour quoi il doit se battre.
Gun est un jeu d'action à la troisième personne, mais les développeurs auraient aussi bien pu en faire un First Person Shooter à la Dead Man's Hand tant le côté shoot est omniprésent. Le premier contact avec le jeu nous donne d'ailleurs l'impression que les concepteurs ont eu du mal à se décider entre les deux, car Gun apparaît rapidement comme un compromis assez maladroit entre ces deux genres. En d'autres termes, la prise en main n'est pas immédiate, et il faut du temps avant de se sentir à l'aise avec les commandes, du moins si l'on a l'habitude de ne pas opter pour le même type de visée selon que l'on joue à un FPS ou à un jeu à la troisième personne. Concrètement, le meilleur moyen de cibler un ennemi avec précision est de faire appel au Tir éclair, une sorte de snipe assisté en vue subjective. Une technique que l'on apprend à utiliser dès le départ en compagnie du vieux trappeur, et qui va prédominer tout au long du jeu.
L'un des aspects les plus appréciables de Gun réside dans la façon dont les missions sont agencées entre elles. L'aventure principale se déroule en effet à la manière d'un film, et tous les objectifs s'enchaînent entre eux logiquement, par le biais de quelques cut-scenes. Mais cela n'empêche aucunement le joueur de quitter le rail de la trame principale lorsqu'il le désire, pour errer dans les environnements du jeu à la recherche d'objectifs secondaires. On peut ainsi évoluer librement dans les villes pour se voir confier des quêtes facultatives en dialoguant avec des NPC, ou même sauter sur le premier cheval venu afin de couvrir rapidement de vastes étendues dans les plaines. Des chevauchées qui ne procurent hélas aucune sensation, le cheval se comportant comme le ferait n'importe quel engin motorisé. Attention tout de même à ne pas trop le fatiguer car votre monture s'épuise rapidement et risque de rendre l'âme si vous la poussez au-delà de ses limites.
Ceci nous amène justement à évoquer l'une des facettes les plus délicates du titre, à savoir le mauvais goût dont il fait preuve sur certains points précis du gameplay. Réservé à un public adulte, Gun revendique sa classification "+18 ans" d'une façon souvent gratuite. La violence est exacerbée par la boucherie qui résulte des affrontements où les corps sont décapités et où les membres arrachés jonchent le sol tapissé de sang. De la même façon, le fait de pouvoir fatiguer ou blesser à mort ses montures est franchement limite, comme la possibilité d'effectuer des ruades pour piétiner sauvagement tout ce qui passe à portée de sabots : loups, bisons ou êtres humains. Admettez qu'il est difficile de considérer cet aspect-là comme un point fort du titre.
Des victimes, vous en ferez de toute façon bien assez comme ça, les missions d'éradication étant prédominantes dans l'aventure principale. D'abord du côté des blancs, Colton n'hésitera pas par la suite à se ranger du côté des indiens pour mettre à mal la cavalerie et se venger de ceux qu'il considère à juste titre comme des assassins. On aurait pu croire que ces missions parmi les peaux-rouges seraient un peu plus variées, mais c'est loin d'être le cas. La seule phase d'infiltration présente dans l'aventure est gâchée par son absence d'intérêt, les ennemis à neutraliser vous tournant tous le dos, et le tir à l'arc n'étant pas suffisamment mis à contribution. A plusieurs reprises, vous aurez également l'opportunité de contrôler des canons ou des mitrailleuses, mais là encore, le gameplay trahit de gros problèmes de jouabilité. Les phases de tir manquent de précision et même le Tir éclair est chaotique à gérer à cause de son caractère assisté qui nous empêche de faire vraiment ce que l'on veut. Les affrontements contre les boss s'en retrouvent d'autant plus pénibles à jouer, et bien souvent, c'est la méthode la plus bourrine qui fonctionne le mieux.
Dans ces conditions, c'est bien la rapidité à laquelle s'enchaînent les objectifs de missions qui nous pousse à avancer, bien plus qu'un éventuel plaisir de jeu. A plusieurs égards, Gun n'est pas sans rappeler Red Dead Revolver, un titre qui n'était pas exempt de défauts mais qui avait au moins quelque chose à offrir au joueur et qui savait se renouveler à travers la grande variété de situations et de personnages à incarner. A l'inverse, l'optimisation de l'arsenal de Colton ne suffit pas à enrichir le gameplay de Gun au fil de l'aventure, et l'on se prend à scruter constamment le pourcentage de progression dans l'espoir d'en finir au plus vite. A ce sujet, la méfiance est de mise puisque, si vous ne faites pas les missions secondaires, vous arriverez au boss final et donc au terme de l'aventure principale en moins de 7 heures avec un pourcentage de seulement 47% . Habile façon de leurrer le joueur sur la durée de vie, d'autant plus quand on sait le faible intérêt des missions secondaires. Au final, Gun ne nous aura pas franchement enthousiasmés, et c'est d'autant plus regrettable qu'il partait sur des bases intéressantes avec un background plutôt réussi. Le reste se révèle hélas bien trop bancal pour valoir l'investissement.
- Graphismes14/20
La réalisation est correcte mais l'exagération des effets, notamment lorsqu'on est à court de vie, nuit à la lisibilité de l'action. Bien que généralement vastes, les environnements demeurent également un peu sommaires.
- Jouabilité11/20
La prise en main n'est pas immédiate et la jouabilité manque de précision, faisant dans le brutal sans s'embarrasser de subtilités. On bataille avec les contrôles jusqu'au bout, sans qu'aucune phase particulière ne vienne relever le niveau ni même renouveler l'action. Les affrontements contre les boss trahissent de vrais problèmes d'IA.
- Durée de vie9/20
Le pourcentage de jeu permet de faire illusion sur la durée de vie, car les missions facultatives représentent une part aussi importante que l'aventure principale. Malheureusement, ces missions annexes sont de faible intérêt, et le scénario principal se termine en moins de 7 heures.
- Bande son13/20
La bande-son n'est pas avare de grands thèmes épiques, mais ceux-ci tombent à plat car l'ambiance n'est pas au rendez-vous. Le doublage anglais est tout de même réussi, mais ça ne suffit pas renforcer l'immersion.
- Scénario12/20
L'histoire regorge de clichés plus ou moins prévisibles qui passent assez bien dans le jeu mais qui ne tiendraient pas la route s'il s'agissait du scénario d'un film.
Attendu de pied ferme par les inconditionnels de westerns que nous sommes, Gun nous aura finalement déçus. Le titre se repose sur son background accrocheur et sa violence gratuite sans chercher à creuser le gameplay qui se révèle aussi bancal que peu varié. Accusant par ailleurs une durée de vie très limitée, Gun ne parvient pas à trouver les armes pour nous impressionner.