Au début de l'année 2005, NCSoft avait fait souffler un vent de fraîcheur sur le petit monde des jeux de rôle massivement multijoueurs en sortant City of Heroes. Bien loin des productions habituelles du genre tournées vers l'heroic fantasy, ce titre proposait ni plus ni moins d'incarner un super héros dans un univers qui n'était pas sans rappeler celui des comics. Rebelote aujourd'hui avec City of Villains. Une différence de taille cependant : le joueur n'incarne plus un personnage défendant la veuve et l'orphelin mais un méchant sans foi ni loi.
Mais avant d'expliquer plus en détail le principe du jeu, il faut rappeler que City of Villains (CoV pour les intimes) est un titre à part entière qui ne nécessite pas de posséder City of Heroes (CoH) pour jouer. En fait, si les deux jeux utilisent le même univers, ils sont indépendants. Ainsi, les joueurs possédant l'un des deux jeux n'auront accès qu'aux zones que propose leur soft. Cependant, loin d'être totalement déconnectés l'un de l'autre, les deux jeux sont intimement liés et certaines zones sont accessibles aussi bien aux super-héros qu'aux super-vilains. C'est d'ailleurs en ces lieux que vous pourrez tester une nouvelle fonctionnalité apparue avec CoV : le PvP qui fait s'affronter les gentils et les méchants. Grâce à cette nouveauté, on a véritablement le sentiment de lutter pour défendre son camp. Hélas, beaucoup regrettent déjà que le PvP entre super-héros et super-vilains soit limité à des zones précises et qu'il ne soit pas possible pour l'une des factions d'envahir la ville de l'autre. Il est vrai que ça aurait pu donner lieu à des raids dantesques. Mais cela aurait aussi très certainement posé de gros problèmes (attaques de joueurs de niveau inférieur, meurtres de PNJ essentiels...).
Le PvP ne fait pas s'affronter uniquement les gentils contre les méchants. Dans City of Villains vous pouvez aussi vous battre entre super-vilains dans des arènes dédiées. Autre possibilité : participer à des raids contre des bases tenues par des super-groupes adverses. Eh oui, car si vous faites partie d'une guilde (appelée super-groupe dans CoH et CoV), vous pouvez bâtir votre base en la personnalisant (décoration, meubles) et en ajoutant par exemple, des téléporteurs, des salles de soins, d'entraînement. Cette fonctionnalité de création de base est aussi accessible aux joueurs de City of Heroes qui possèdent City of Villains. Ils pourront donc créer des refuges de super-héros équivalents à ce qui peut exister dans le camp des méchants. Précisons que le prix de l'abonnement que vous devez acquitter tous les mois pour pouvoir jouer est le même que vous ayez CoH, CoV ou les deux titres à la fois.
Bien évidemment, CoV reprend ce qui a fait le succès de son prédécesseur en matière de gameplay et de possibilité de personnalisation de son avatar. Sur ce dernier point, il fait même mieux puisque le système de création de personnage se voit agrémenté de nouvelles options : têtes monstrueuses, jambes d'animaux, on peut dire que l'éditeur offre des possibilités quasi-illimitées ce qui vous permettra de vous créer le super-vilain de vos rêves sans craindre de voir un autre joueur avoir le même look que vous. Les classes de personnages sont elles aussi toutes nouvelles, mais il faut bien avouer qu'on retrouve grosso modo les grands classiques du genre : le guerrier corps-à-corps, celui qui préfère le combat à distance, un autre qui dispose de capacités de soin... Cependant, même si au départ on ne dispose que d'un choix assez limité (cinq classes de personnages), on s'aperçoit vite que c'est au cours du jeu que l'on peut vraiment personnaliser les compétences de son avatar. En effet, en atteignant certains niveaux, vous aurez la possibilité d'apprendre de nouveaux pouvoirs (coups spéciaux, attaques, possibilité de devenir invisible, de voler...) qui vous permettront très rapidement d'avoir un personnage vraiment unique. Ainsi, deux rôdeurs peuvent avoir des pouvoirs réellement différents selon les choix d'évolution qu'ont fait les joueurs.
Mais ce que l'on apprécie vraiment dans City of Villains (et c'était déjà le cas dans CoH), c'est la grande facilité d'accès du jeu. Le fait qu'il n'y ait pas d'inventaire et pas d'équipement implique qu'on n'a pas à se creuser la cervelle pour savoir si telle ou telle armure est meilleure qu'une autre ou si les points de dégâts moins élevés d'une arme sont compensés par sa rapidité. Ici, c'est vraiment le personnage et ses pouvoirs qui sont au centre du jeu et ce n'est pas plus mal. En fait, les seuls items que vous aurez à ramasser sont : les matériaux (qui servent à bâtir les bases), les inspirations (qui sont un peu comme les potions des autres MMORPG : elles rechargent votre santé ou vous donnent un bonus temporaire) et les améliorations qui servent à upgrader définitivement vos pouvoirs (vous pouvez ainsi augmenter les dégâts que font vos coups spéciaux). Simple et efficace. Le jeu est donc tout particulièrement adapté aux débutants qui trouveront là de quoi s'amuser sans avoir à apprendre des règles compliquées.
Autre petit plus qui fait tout le charme de CoH et de CoV, le système de missions. En fait, c'est un PNJ qui vous donne telle ou telle quête à accomplir et contrairement à ce qu'il se passe dans nombre d'autres jeux de rôle massivement multijoueurs, le lieu précis où il vous faut aller est indiqué sur la carte. On peut donc s'y rendre tranquillement sans tourner en rond pendant des heures. Bien évidemment dans CoV, la nature des missions est assez différente de celles que l'on vous confie dans CoH. Il ne s'agira pas de partir à la chasse aux malfrats ou de sauver des innocents, mais plutôt d'aller cambrioler une banque, de kidnapper des gens, de tuer des témoins... Des missions politiquement incorrectes mais ô combien en accord avec la philosophie générale du titre. Pas étonnant que le jeu soit déconseillé aux moins de 16 ans (12 ans pour CoH). Cependant, on doit bien avouer que les missions se suivent et... se ressemblent un peu. Un grief que l'on peut aussi faire aux décors post-apocalyptiques qui se répètent à l'infini. Certes, c'est le background qui veut ça, mais plus de diversité aurait été appréciable.
Dernier gros plus que CoV a emprunté à CoH : la possibilité de former des groupes avec des personnes de niveau très différent sans pénaliser ni les hauts ni les bas niveaux. Comment est-ce-que les développeurs ont réussi ce miracle ? Eh bien en mettant en place un système de maître et d'esclave. Petit exemple. Un joueur de niveau 25 peut devenir le maître d'un joueur de niveau 12. Ce dernier se battra alors comme s'il était de niveau 24. Il fera plus de dégâts, aura plus de points de vie, tout du moins, tant qu'il restera à proximité de son maître. L'inverse est aussi vrai et un joueur de haut niveau peut entrer dans un groupe de niveau plus faible. Il verra alors ses pouvoirs bridés et ses caractéristiques baisser tant qu'il restera dans le groupe. Mais le mieux, c'est que tout le monde dans l'affaire continuera à gagner des points d'expérience. C'est vraiment pratique car cela facilite grandement la recherche de partenaires de jeu puisqu'il n'est pas obligatoire d'avoir quelqu'un qui soit de son niveau pour continuer à avancer. Excellent, surtout que c'est bien sûr en groupe que City of Villains prend toute son ampleur. On ne s'amuse vraiment qu'à plusieurs et cet ingénieux système de maître et d'esclave constitue une option dont on a du mal à se passer lorsqu'on joue ensuite à d'autres MMORPG. Au final, City of Villains est un titre que l'on ne saurait trop vous conseiller si vous souhaitez jouer les grands méchants et les chantres du crime. Si en plus vous appréciez l'ambiance comics, alors vous risquez de passer de nombreuses heures sur ce jeu très sympathique.
- Graphismes15/20
Les décors post-apocalyptiques n'ont rien de très ébouriffant. En revanche, les effets spéciaux de certains pouvoirs ne sont vraiment pas mal et la modélisation des personnages est convaincante.
- Jouabilité17/20
Très simple à prendre en main, City of Villains conserve les immenses qualités de son aîné au niveau du gameplay : possibilité de faire des groupes avec des personnages de niveau très différent, système de missions sympa, carte et radar simples à utiliser et vraiment pratiques. Bref, tout est parfaitement bien pensé. Les quelques ajouts comme la possibilité de construire des bases et le PvP héros contre vilains viennent compléter une recette déjà fort savoureuse.
- Durée de vie16/20
La durée de vie est bonne et elle est boostée par les nouvelles options PvP et les possibilités accrues données aux super-groupes (construction de bases...).
- Bande son15/20
Les musiques sont un peu meilleures que celles de City of Heroes et les bruitages ont aussi bénéficié d'un soin tout particulier.
- Scénario16/20
Une histoire plus complexe que celle de City of Heroes, des missions aux objectifs moins avouables, bref, un scénario auquel on est assez peu coutumier dans le domaine des MMORPG. Et c'est bien ça qui fait sa force !
Avec City of Villains, Cryptic Studios est parvenu à conserver tout ce qui faisait le charme de City of Heroes en le transposant dans une atmosphère malsaine. Décors désolés, missions politiquement incorrectes et violence à tous les coins de rues instaurent une ambiance très particulière. Grâce à sa prise en main facilitée et à son contenu enrichi (PvP héros contre vilains, construction de bases), le jeu s'adresse aussi bien aux débutants qu'aux joueurs confirmés. Bref, malgré son aspect un peu répétitif sur le long terme, City of Villains est un soft que l'on vous encourage à découvrir.