Pour tout vous dire, en commençant à jouer à Earth 2160 il y a quelques semaines pour la preview, j'avais un a priori un peu négatif. En effet, ayant brièvement essayé les deux précédents opus qui m'avaient laissé assez froid malgré leurs qualités évidentes, je craignais que ce troisième volet de la série de STR "Earth" ne me laisse aussi sur ma faim. Et bien force est d'admettre que j'ai été agréablement surpris.
Le scénario du jeu suit parfaitement celui d'Earth 2150. Après la destruction de la Terre à la fin de ce dernier, quelques milliers d'humains se sont installés sur Mars. Mais l'unité entre eux n'était pas parfaite et les factions de la Dynastie Eurasienne et de la Corporation Lunaire ont un lourd passé guerrier. Quant aux Etats Civilisés Unis, camp composé de robots, il a des vues sur l'ensemble du système solaire. Un quatrième larron fait son apparition dans Earth 2160 : les aliens. Ces derniers ont en effet été réveillés par un incident dans un laboratoire martien et ils comptent bien étendre leur emprise sur toute la galaxie. Ces quatre camps sont jouables et chacun a droit à sa campagne solo. D'ailleurs il faut préciser que, loin de n'être que des adaptations esthétiques d'une faction à l'autre, les unités et les bâtiments sont vraiment très différents et le gameplay n'a absolument rien à voir selon que l'on joue avec l'une ou l'autre des corporations.
C'est même la philosophie d'ensemble de chaque camp qui diffère. Ainsi, la Dynastie Eurasienne construit des bases dont tous les bâtiments doivent être reliés entre-eux par des connecteurs alors que la Corporation Lunaire a adopté une méthode dite "en gratte-ciel" et empile les différents types de constructions les unes sur les autres. De même en ce qui concerne les unités : si les véhicules de la Dynastie Eurasienne ont besoin de pilotes pour être dirigés, ce n'est pas le cas pour ceux des Etats Civilisés Unis. Mais ce sont certainement les aliens qui ont le gameplay le plus original. En fait, ils ne construisent pas de bâtiments à proprement parler, ce sont leurs unités qui se transforment et qui peuvent aussi se cloner à volonté pour se multiplier, pour peu qu'elles aient assez de réserve en eau. Il faut donc constamment migrer d'une source d'eau à une autre pour accroître sa population et pouvoir se créer une véritable armée. Un gameplay très particulier donc, et ce camp risque de ne pas plaire à tout le monde. Toujours est-il que ces aptitudes de mutations constituent très certainement une sorte de clin d'oeil aux Zerg de Starcraft.
Mais ce qui fait le grand intérêt d'Earth 2160, c'est l'arborescence des technologies qui permet de rechercher de nouveaux bâtiments, de nouvelles unités (jusque là, rien de très original), mais aussi de nouvelles pièces pour vos unités existantes. Et c'est à ce moment que ça devient très intéressant puisqu'il est possible d'équiper chaque type d'unité comme on le souhaite : arme sol-air, blindage plus résistant, on dispose bien souvent de plusieurs choix et il faudra adapter vos unités en fonction de la mission à accomplir ou en fonction de votre façon de jouer. L'interface a aussi été entièrement repensée, elle est beaucoup plus intuitive et simple à prendre en main que dans le précédent volet. Ainsi, il n'est pas utile de se rendre dans l'arborescence de recherche à chaque fois que vous aurez besoin d'une nouvelle technologie car un simple clic droit sur l'unité convoitée suffit pour lancer la recherche de la pièce qu'il vous manque pour lancer la production. En outre, il est possible de planifier plusieurs recherches ce qui nous évite de revenir faire un tour dans les menus à chaque fois qu'une technologie a été trouvée. Pratique !
Comme il se doit pour un jeu de stratégie moderne, les unités gagnent de l'expérience et deviennent plus efficaces au fil des combats. Il est donc conseillé de ne pas en faire de la chair à canon vu que la bleusaille que vous pourrez obtenir dans votre base mettra du temps avant d'être vraiment au niveau. Earth 2160 ajoute en outre une catégorie d'unité pas comme les autres : les agents virtuels. Au nombre de 12 ce sont en fait des mercenaires que vous pourrez engager moyennant finances. Ils vous donneront des bonus importants tels qu'un accroissement de la récolte des ressources, la possibilité d'espionner l'adversaire ou encore d'accélérer vos recherches. Mais attention, car ils ont un caractère propre et les relations entre eux sont parfois houleuses. Ainsi, un agent pourra travailler pour vous à bas prix car un de ses collègues qu'il n'apprécie pas est chez votre ennemi. Cela apporte une touche novatrice en multijoueur où l'achat des agents fait l'objet d'enchères entre les participants. Et oui, car bien évidemment, hormis les quatre campagnes solos et les parties en escarmouche, Earth 2160 comprend plusieurs modes multijoueurs.
Au nombre de 4, ils se résument hélas à un seul objectif : zigouiller les troupes ou le héros adverse. On regrette qu'il n'y ait pas de modes plus originaux et moins orientés vers le deathmatch. Soulignons tout de même la possibilité d'activer une option anti-rush permettant d'interdire toute attaque pour un temps pouvant aller jusqu'à 15 minutes. De quoi fortifier sa base et se créer une petite armée avant que la bataille ne commence. Cette option sera particulièrement appréciée par ceux qui jouent les aliens car leur système de clonage et de mutation fait que la formation d'une véritable armée met du temps avec cette faction qui se trouve donc être une cible facile en début de partie. Au final, on ne peut qu'être conquis par ce jeu qui, même s'il n'est pas aussi jouissif en multijoueur que Warhammer 40000 : Dawn of War, reste un titre à conseiller à tous les amateurs du genre.
- Graphismes16/20
Le moteur 3D est capable d'afficher de très jolies choses : les différents effets (explosions, fumées...) sont superbement rendus et les unités sont bien modélisées. Hélas, les décors sont souvent ternes et on remarque quelques petits ralentissements lorsque de nombreuses unités sont à l'écran.
- Jouabilité16/20
Les quatre camps en présence ont vraiment un gameplay bien spécifique. De plus, l'interface de recherche et de personnalisation des unités est très bien pensée et permet d'avoir des troupes en phase avec sa façon de jouer. Pour ne rien gâcher, Earth 2160 est bien plus facile à prendre en main que son prédécesseur.
- Durée de vie16/20
Entre les quatre campagnes, les modes multijoueurs et l'éditeur de maps, vous ne saurez plus où donner de la tête.
- Bande son15/20
Des musiques et des effets sonores très jolis et des voix françaises honnêtes. Une bande-son sans histoire.
- Scénario15/20
Le scénario ravira les amateurs de science-fiction. Et en plus, la mise en scène est réussie grâce aux nombreuses cinématiques incluses dans les campagnes.
Earth 2160 est un très bon jeu de stratégie temps réel. Avec ses quatre camps très différenciés, la possibilité de customiser ses unités, son univers captivant, sa durée de vie importante et son éditeur de niveau puissant et relativement simple d'accès, il offre un challenge intéressant à tous les amateurs de STR futuristes. Certes, on n'atteint pas la qualité d'un Warhammer 40000 : Dawn of War au niveau du multijoueur, mais Earth 2160 est tout de même un soft bien ficelé, efficace, agréable à jouer, bref, il parvient sans mal à faire mouche.