Après le succès mérité du premier Dungeon Siege en 2002 et de son add-on Legends of Aranna en 2003, Microsoft nous propose aujourd'hui la suite de ce Diablo-like. Au rang des nouveautés on retrouve justement un système d'arbre de compétences très inspiré du fameux titre de Blizzard et aussi... euh... et bien c'est à peu près tout. Et oui, les développeurs de Dungeon Siege 2 semblent s'être reposés sur leurs lauriers en n'améliorant que très peu de choses dans cette suite, si bien que par moment on croirait être en présence d'un nouvel add-on.
C'est tout le danger lorsqu'on sort la suite d'un jeu aussi connu et adulé que Dungeon Siege : les joueurs vous attendent au tournant et il vaut mieux ne pas les décevoir sous peine de déclencher leur courroux et de ternir à jamais la réputation du titre. Et bien hélas, nous allons voir qu'en ce qui concerne ce second volet d'un des meilleurs jeux de rôle/action de l'année 2002, on n'est pas loin d'être en présence d'un titre tout juste moyen. En fait, le principal reproche que l'on pourrait émettre concerne le nombre très faible de nouveautés aussi bien pour ce qui est de la réalisation que pour le gameplay. Premier choc lorsqu'on lance le jeu et que l'on doit créer son avatar : les personnages proposés sont vraiment moches et les possibilités de personnalisation sont trop faibles. Un effort sur ce plan aurait quand même pu être fait car le joueur va tout de même passer de longues heures à diriger son héros. Parce que là, hormis le fait de choisir l'une des quatre classes disponibles et sa coupe de cheveux, on n'a pas grand-chose à se mettre sous la dent.
On entre donc dans l'aventure avec un a priori déjà un peu négatif, mais en espérant tout de même que l'expérience acquise sur le premier opus par les développeurs de Gas Powered Games va payer. Deuxième déconvenue en découvrant le moteur 3D qui n'a en fait bénéficié que d'un très léger lifting. Les graphismes ne sont plus vraiment au goût du jour, surtout que les personnes chargées du design des différents personnages et des monstres ont semble t-il manqué d'inspiration vu le peu de charisme de la faune habitant le royaume d'Ehb. Rien d'excitant donc d'un point de vue visuel et ce n'est pas beaucoup mieux pour ce qui est du scénario qui reprend les poncifs de l'heroic fantasy. En gros, on se retrouve plusieurs années après la fin du premier volet dans lequel vous avez su faire taire la menace qui planait sur le monde. Mais aujourd'hui, un danger encore plus grand est là, il progresse inexorablement et met en péril la stabilité retrouvée. Bien évidemment, ce sera une nouvelle fois à vous qu'incombera la tâche de remédier à ce problème. Je vous avais prévenu, il ne fallait pas s'attendre à être surpris par l'histoire du jeu.
Si les graphismes et le scénario du jeu sont donc un peu décevants, qu'en est-il du plus important : le gameplay ? Et bien le fameux système de progression inauguré dans Dungeon Siege premier du nom est toujours là. Vous n'aurez donc pas à vous préoccuper de choisir une classe car c'est en pratiquant telle ou telle discipline que vous progresserez. Quatre grandes branches existent : le combat de mêlée, le combat à distance, la magie de la nature et la magie d'attaque. Pour gagner en puissance dans le combat à distance par exemple, il vous suffira d'utiliser un arc. Simple et pratique : le jeu s'adapte à votre façon de jouer. Même s'il est possible d'obtenir un personnage multi-classé en utilisant successivement des sorts, puis en massacrant quelques ennemis à l'épée, il est beaucoup plus rentable de se spécialiser dans un seul style de combat. On progresse ainsi plus vite. Et comme il est possible d'enrôler plusieurs personnages pour former son groupe, il sera toujours temps de diversifier les apprentissages de chacun de vos petits protégés. L'un sera plus apte à être un guerrier bourrin équipé d'une arme à deux mains, l'autre sera un mage de la nature capable de soigner ses alliés...
Une petite nouveauté ayant trait à la progression des personnages fait cependant son apparition dans Dungeon Siege 2 : l'arbre de compétence. A l'image de ce que l'on avait pu voir dans Diablo 2, on gagne un point de compétence à chaque fois que l'on monte de niveau. Ce point doit être soigneusement dépensé dans l'une des options disponibles dans l'arbre de compétence. Par exemple, il est possible de faire porter deux armes (une dans chaque main) à son guerrier grâce à l'achat de la compétence dédiée. L'achat de compétence, outre le fait de donner de nouvelles capacités à vos personnages ou d'améliorer ses aptitudes, donne aussi parfois droit à un pouvoir spécial. Si par exemple vous achetez la capacité de porter les armes à deux mains, vous aurez le pouvoir de lâcher un coup spécial dévastateur. Bien évidemment ces pouvoirs particuliers ne sont pas utilisables à volonté et il faut attendre qu'une jauge spéciale se remplisse avant de pouvoir s'en servir. Bien utilisés, ceux-ci peuvent néanmoins vous donner un avantage non négligeable dans les batailles. En parlant de combat, il faut dire que ceux-ci sont très nombreux (hack'n slash oblige) mais aussi très mal équilibrés. En fait, si au début de la campagne solo, le jeu s'avère être assez difficile, ensuite, lorsqu'on commence à avoir quatre personnages dans son groupe, cela devient beaucoup plus facile. Un système pour adapter automatiquement le niveau des monstres au nombre et aux niveaux des personnages du joueur n'aurait pas été du luxe.
Toujours concernant les combats, qui constituent le coeur du jeu, il faut bien admettre que dès lors que plus de cinq créatures s'en prennent à vous, cela devient assez brouillon. Heureusement, une pause active est là et permet de donner ses ordres en toute quiétude. Pause qui vous servira aussi à remédier aux erreurs fréquentes de l'intelligence artificielle en matière de placement ou d'utilisation des sorts. Il est en effet courant que votre archer se retrouve en plein milieu des monstres ou que votre clerc tarde à lancer son sort de soin sur un guerrier. Ces errances de l'IA sont vraiment gênantes à la longue. Ce qui est gênant aussi c'est la grande linéarité du soft. Certes, il y a bien quelques quêtes secondaires, mais rien de bien transcendant au niveau des objectifs à accomplir qui se résument à aller chercher un objet, parler à un PNJ... Au final, on peut dire que "lassant" est l'adjectif qui qualifie le mieux ce jeu qui aurait vraiment gagné à se démarquer un peu plus de son illustre aîné. Refaire deux fois la même aventure avec quasiment les mêmes graphismes, avouez que c'est assez peu engageant.
- Graphismes12/20
Le moteur graphique n'a bénéficié que d'une très petite cure de jouvence depuis le premier volet ce qui fait qu'il n'arrive pas à la cheville des meilleurs titres 3D actuels. Les personnages manquent de charisme, les effets d'explosions sont ridicules et les décors s'avèrent être beaucoup trop répétitifs.
- Jouabilité14/20
Très simple à prendre en main, le jeu agace cependant par certains aspects : combats brouillons lorsqu'il y a plus de cinq ennemis à l'écran, allers-retours incessants, mais surtout intelligence artificielle des alliés perfectible ce qui vous obligera à mettre continuellement le jeu en pause pour veiller à leur placement et à la bonne utilisation des sorts. On s'attendait à plus de progrès dans ce domaine !
- Durée de vie15/20
La campagne solo du jeu est longue mais vraiment très répétitive. Quant au multijoueur, il se limite au mode solo que l'on peut parcourir avec un peu de compagnie.
- Bande son12/20
La bande-son brille par sa discrétion. Aucun thème musical ne sort du lot et les effets sonores eux non plus ne se font pas spécialement remarquer.
- Scénario10/20
Inutile d'en parler, Dungeon Siege 2 est un hack'n slash bourrin sans aucune finesse dans son scénario.
Si on était méchant, on pourrait dire que les développeurs de Dungeon Siege 2 ne se sont pas foulés : gameplay quasi-identique au premier opus, graphismes tout juste moyens, cette suite ne brille ni par sa réalisation ni par ses innovations et encore moins par son scénario et ses quêtes très basiques. Mais le pire, c'est que l'architecture des niveaux est assez mal pensée et vous obligera à d'incessants allers-retours. Bref, le jeu s'avère être linéaire et très lassant. Même les inconditionnels du genre risquent d'être un peu déçus. On s'attendait à mieux de la part de Gas Powered Games.