Fable est un des jeux qui porte le mieux son nom. Si vous avez eu la chance de tourner les pages du livre de Peter Molyneux sur Xbox, vous vous êtes sûrement rendu compte que l'oeuvre de ce grand monsieur dégageait une poésie virevoltante, un onirisme, qui bien que dilué dans une progression très dirigiste, n'en gardait pas moins une saveur onctueuse. Si la version PC de Fable devrait conserver ces ingrédients en y rajoutant quelques éléments, il est encore trop tôt pour dire si le résultat sera à la hauteur de nos espérances. Au risque de briser temporairement le mythe, je dois donc avouer mon incapacité à avoir avancé de manière décente dans le jeu sachant que la version Preview que nous avons reçu avait de gros problèmes de sauvegarde. Cependant, la fièvre de l'aventure m'ayant rapidement gagné, j'ai tout de même pu parcourir quelques chapitres perdus de la Fable qui devrait nous offrir un magnifique moyen d'évasion le 23 septembre prochain.
Au-delà de tout ce qui a pu être raconté sur Fable, le meilleur moyen de connaître le potentiel d'un titre est de s'y essayer avant d'en parler, concept à haute teneur en perspicacité mais que beaucoup de personnes n'ont pas encore compris. Ainsi, si on a tout entendu sur Fable, on ne peut pas vraiment comprendre à quel point ce jeu dispose d'une aura enchanteresse née d'une touche graphique à nulle autre pareille. Nous avons tous conscience que le graphisme ne fait pas tout mais dans le cas présent, le sentiment de douceur, de calme et de plénitude est si facilement transmis par les pixels en mouvement qu'il est difficile, voire impossible, de ne pas succomber au premier coup d'oeil. Pourtant, Fable est loin d'être un jeu parfait et ne constitue pas une révolution dans le genre action/aventure. Certains diront même que tout différent qu'il soit, Zelda The Windwaker dispose lui-aussi de ce petit quelque chose qui transcende le côté vidéoludique d'un jeu pour le porter au rang d'expérience vibrante, enivrante. Fable fait donc partie de ces jeux captivants, malgré les défauts qui lui font un peu d'ombre.
Le premier point à soulever ne concerne pas vraiment l'histoire (qui reste assez stéréotypée) mais plutôt le déroulement d'une aventure qu'on nous annonçait modulable selon notre bon vouloir. Ainsi, tout débute dans un petit village paisible où les gazouillis d'oiseaux se mêlent aux rires d'enfants espiègles et où les couleurs lumineuses lovent des bâtiments vétustes mais chaleureux. Passée une petite introduction sous forme de parchemin, nous nous retrouvons en présence d'un jeune garçon qui va être au centre de l'histoire puisque c'est par lui que vous allez vivre tous les événements à venir. C'est après avoir pris connaissance des commandes (qui sont des plus ergonomiques vu qu'une bonne partie des actions est rattachée à la souris), que nous pouvons commencer à gambader pour aller visiter les alentours. Comme je le disais plus haut, le cheminement peut légèrement décevoir pour un jeu si ambitieux puisque si vous pouvez parler à divers NPC qui seront souvent synonymes de quêtes annexes, on reste malgré tout cloisonné dans un environnement fermé. Il est donc impossible de sortir de votre village, sachant que tout ou presque est induit par le scénario. De ce fait, deux choix s'offrent à vous. Le premier sera de jeter un oeil à la map en haut de l'écran pour visualiser votre objectif marqué d'un rond jaune. Le plus souvent, il s'agira d'une personne à aller voir pour faire avancer l'histoire et ainsi de suite. La seconde possibilité sera de parler à tout le monde pour obtenir des renseignements sur la situation actuelle ou tout simplement pour se faire bien voir de votre entourage. Ce dernier point est des plus importants car c'est de lui que votre destinée va découler.
Fable est donc un jeu à votre image. C'est à dire que vous allez pouvoir directement influer sur la destinée de votre héros en choisissant le côté obscur ou lumineux de la Force. Chaque action entraînera une réaction, chaque réaction entraînera une conséquence. Ainsi, c'est vous qui allez décidé si vous voulez obtenir un personnage machiavélique ou au contraire un bon samaritain. Sachant que le jeu se déroule sur plusieurs années, l'évolution de votre héros sera d'autant plus visible car certains moments, la physionomie de votre avatar changera du tout au tout, le plus souvent quand vous passerez de l'enfance à l'adolescence puis à l'âge adulte. L'idée est excellente et permet de reprendre le jeu de plusieurs façons afin d'appréhender l'aventure sous un oeil nouveau. C'est d'autant plus appréciable qu'à la base la durée de vie est assez limitée. Par contre, notez que la mouture PC atténue un peu le problème puisque de nombreuses quêtes seront rajoutées pour augmenter ostensiblement la longévité du titre. J'espère d'ailleurs pouvoir vérifier tout ceci avec une autre version un peu plus stable. Pour revenir au système d'évolution, sachez que la plus petite action de votre part (bonne ou mauvaise) vous rapportera des points de charisme. Frappez un enfant et vous récupérez des points négatifs, aidez une petite fille à retrouver son nounours et vous serez bien vu par le reste de la population. Ensuite, si vous serez libre de sortir une épée pour découper les passants, de frapper des innocents qui ne demandent rien à personne ou de passer pour un traître en offrant des villageois aux forces démoniaques, n'allez pas pleurer par la suite si tout le monde vous traite comme le pire des voleurs. L'autre aspect intéressant de la chose tient au fait que vous pourrez également "customiser" votre personnage en lui rajoutant des tatouages. C'est ce qu'on appelle un gadget mais vu que vous pouvez créer vos propres tatouages et en disposer sur le visage, les jambes, le torse et les bras du héros, cela pourra peut-être réveiller votre potentiel artistique. Mais cette customisation ne s'arrête pas là car au fur et à mesure de vos pérégrinations, vous dénicherez des cartes grâce auxquelles, vous serez en mesure de changer totalement de faciès.
Si je parlais des quêtes annexes un peu plus haut, vous aurez bien sûr deviné que cela induit forcément des quêtes principales. D'ailleurs il est un peu dommage d'être obligé de passer par là puisque le déroulement de l'histoire ne se fera pas vraiment en fonction de nos actes mais bel et bien en respectant un synopsis de base. C'est donc après avoir assisté à la destruction de votre village que vous allez être recueilli par le maître d'une guilde très puissante qui va vous prendre sous son aile. A partir de là, votre quête de vengeance pourra enfin commencer et le sens que vous lui donnerez ne dépendra alors que de vous. Vous aurez ainsi l'occasion de vous familiariser avec les arts guerriers et débuterez un entraînement intensif. Ceci ne sera pas de trop car si vous disposerez au tout départ d'un simple bâton, vous pourrez rapidement acquérir une épée, un arc, une hache ou de maîtriser la magie. A ce sujet, le côté RPG du titre vous permettra de gagner des points d'expérience qui vous permettront d'être plus efficace avec une des armes décrites plus haut. Lesdits points d'EXP étant gagnés en réussissant des quêtes ou en évinçant des ennemis, prenez votre temps pour éliminer tout ce bouge ou pour approcher le plus de monde possible pour dénicher des objectifs supplémentaires.
Voici donc un petit récapitulatif de ce qui vous attend dans quelques mois sur PC. D'un point de vue technique, c'est fort joli, surtout si vous bénéficiez d'une config musclée (Pentium IV 2.5 Ghz, une carte video 128 Mo, et 512 de RAM) et que vous optez pour les détails au maximum. Dans ce dernier cas de figure, on notera une très belle gestion de la lumière, des décors travaillés et dotés d'une âme scandant le droit à la féerie ludique et ce malgré le nombre de bugs graphiques qui restent à corriger. La gestion de la caméra est très fluide, dispose d'un niveau de zoom et permet de bien visualiser l'action. La jouabilité est de bonne facture, et si on ne trouve que deux configurations de clavier non paramétrables, les choix offerts sont suffisamment intelligents (et ergonomiques) pour que tout le monde y trouve son compte. Pour ce qui concerne les combats, une touche servira à locker votre adversaire (ceci vous évitant également de frapper par mégarde un innocent dans un village) et la molette de votre mulot vous permettra de changer d'arme. Si les combats peuvent se dérouler à la troisième ou à la première personne (lorsque vous utilisez l'arc), je précise qu'il est possible de charger vos coups pour effectuer des attaques plus puissantes.
Tout ceci combiné, on arrive à des affrontements assez dynamiques, qui sont plutôt convaincants. Dommage que les possibilités ne soient pas plus nombreuses et que certains passages de furtivité n'apportent pas grand chose, mais si ces problèmes résultent d'un manque de profondeur, on les oubliera aisément pour profiter d'une ambiance captivante où la contemplation rêveuse se marie parfaitement avec un plaisir de jeu indéniable. C'est d'autant plus vrai que le compositeur attitré de Tim Burton, Danny Elfman, a apporté son génie pour ce qui est de la bande-son et c'est un euphémisme de dire que ses thèmes très éclectiques (usant de percussions bien senties ou de chants vaporeux) ajoutent à la dimension enchanteresse de l'oeuvre. Les premières pages de Fable : The Lost Chapters se révèlent donc très facile à lire et comme s'il ne fait aucun doute que les bugs constatés ici ou là seront corrigés d'ici la version finale, on attendra pour se prononcer de façon définitive sur la place des ajouts propres à la version PC qui devrait logiquement supplanter celle de sa consoeur la Xbox en affichant de grandes ambitions pour un résultat éclatant.
N'ayant pas eu l'autorisation de réaliser nos propres screenshots, vous trouverez dans ce test des screens Editeur.