La téléréalité, plaie moderne du paysage audiovisuel avait investi le monde de la science fiction avant d'exister réellement sur nos écrans. Apanage des auteurs américains, c'est pourtant dans un jeu français que la téléréalité d'anticipation refait surface. Bet On Soldier, c'est un peu Loft Story, mais sans la piscine.
Quelque part dans le futur, la guerre a enfin trouvé une bonne raison d'être. Ni la liberté, ni le pétrole, pas plus que l'intégrisme, juste pour le fun des gens qui la regardent à la télé dans le show Bet On Soldier en bouffant des chips. Bienvenu dans un monde de violence et d'argent, ah mais, c'est que ça dénonce les injustices là. Bon, la violence, je pense que tout le monde la situe bien ici, par contre, le côte pécuniaire mérite sans doute une petite explication. Il faut savoir que tout coûte du blé dans le jeu de Kilotonn. Armure, armes, munitions, partenaire et même vos sauvegardes qu'il faudra payer sur des bornes savamment disposées ça et là dans les niveaux. "Mais cet argent, d'où vient-il ?" dirait Jean-Pierre Pernaud, et bien de vos actes. Il y a 3 sources de revenus dans le jeu. Déjà, chaque mort dans le camp adverse rapporte du cash, de même remporter une ligue vous vaudra un bonus conséquent. Mais la source de fonds la plus importante et qui donne son nom au jeu sont les paris. Après s'être dûment équipé et avant de partir au combat, on devra en effet défier de 1 à 3 champions de l'armée ennemie. A un moment précis du niveau, on devra ensuite affronter ces boss en combat singulier pendant une durée d'une minute, délai au-delà duquel, l'un des deux combattants aura perdu beaucoup, par exemple, son armure, ses munitions et quoi d'autre ? Ah ! Oui, la vie bien sûr. Une idée intéressante dans le fond mais qui, pour ce qu'on en a vu, n'est finalement pas si passionnante que ça, les combats qui résultent de ces paris revêtant des airs de duels au lance-missile.
Dans l'immédiat, c'est bien triste, mais on a un peu de mal à s'enthousiasmer pour ce Bet On Soldier. Sous ses faux airs de jeu très nerveux, le soft cache en vérité un manque de rythme flagrant et une véritable mollesse de gameplay en grande partie due à la faiblesse des armes qui, en dépit de leur gabarit, frappent comme des pistolets à bille. Et dans la mesure où il faut dégommer l'armure d'un ennemi avant de le voir tomber, le temps passé sur un adversaire est assez conséquent. L'interaction avec l'environnement est également en cause ceci dit. Le moteur physique offrant des réactions démesurées, soit trop faibles, soit beaucoup trop exagérées (super les bidons qui volent dans tous les sens quand on court). L'IA de son côté est surprenante. On a parfois l'agréable joie de voir les types d'en face se replier et aller se mettre à l'abri, pour mieux revenir se planter ensuite sous le feu nourri de notre mitrailleuse. Pour être honnête, on traverse un peu cette version preview avec le sentiment qu'il y a du potentiel, mais surtout du travail. Gardons espoir pour le mode multijoueur, surtout que le solo risque de tourner court, il m'a fallu un peu plus de 4 heures pour boucler les 3 ligues de la preview, seules deux autres sont prévues dans la version finale.