Après l'excellente surprise qu'avait été Stronghold à sa sortie en 2001, les développeurs se sont remis au travail et nous proposent aujourd'hui la suite de ce jeu de stratégie. Il s'agit toujours évidemment, de construire son château fort et de participer à des sièges monumentaux.
La première des choses que l'on remarque dans le dernier titre de Firefly Studios, c'est la présence de deux voies distinctes que l'on peut suivre suivant ses goûts : la voie de la paix et la voie de la guerre. Dans la première, les modes de jeux se concentrent sur la construction de votre château et plus généralement sur la vie à l'intérieur de celui-ci : le bonheur de vos sujets, la récolte de ressources... A l'inverse, les modes présents dans la voie de la guerre sont eux, plus orientés vers la création de puissantes armées et les affrontements entre châteaux ennemis. Le jeu comprend 2 campagnes : une "classique" dans laquelle il faudra veiller à contenir les attaques ennemies mais aussi se constituer une armée digne de ce nom, et une autre (bizarrement appelée "château de sable") dans laquelle vous aurez des objectifs plus pacifiques. Bref, tout comme dans le premier volet, que vous soyez intéressés par la gestion du château ou plutôt par les combats, vous pourrez trouver votre bonheur.
On retrouve aussi évidemment un mode escarmouche, un mode de bataille (dans lequel on doit jouer soit les troupes d'un château assiégé, soit les attaquants), un éditeur de niveaux et évidemment un mode multijoueurs dans lequel 8 personnes peuvent s'affronter. On peut aussi paramétrer les parties en définissant les ressources de départ, mais aussi en choisissant les équipes (il est possible de faire jusqu'à 4 équipes de 2). Le contenu a donc été revu à la hausse depuis Stronghold premier du nom. Mais le gameplay n'est pas en reste et de nombreux petits plus font leur apparition tels que la possibilité d'acquérir des villages qui vous fourniront des ressources. Attention, car il faut veiller au bon acheminement de celles-ci dans vos réserves. C'est le rôle des attelages qui, une fois créés, font des allers-retours entre chacun de vos territoires pour les alimenter. Et c'est justement en ce qui concerne les déplacements que l'on remarque le premier point faible du jeu : le pathfinding. Il arrive en effet que vos unités (les bûcherons par exemple) fassent de grands détours avant d'aller livrer ou qu'ils ne choisissent tout simplement pas la réserve la plus proche de leur lieu de travail pour déposer leurs biens. C'est assez gênant car cela vous fait perdre un temps précieux, et c'est d'autant plus frustrant lorsque vous attendez impatiemment une livraison pour pouvoir construire, par exemple, une palissade. Il faudrait presque avoir constamment l'oeil sur nos sujets pour s'assurer qu'ils agissent correctement.
Les unités guerrières ne sont pas non plus épargnées par ces problèmes de pathfinding et plus généralement d'intelligence artificielle. Il m'est par exemple arrivé de voir des ennemis attaquer mon château (jusque là, c'est normal, mais attendez la suite), ayant laissé par erreur des archers au bas des fortifications, donc sans défense, je m'attendais à ce qu'ils ne fassent pas long feu. Et pourtant ! L'ennemi s'obstinait à tenter de percer les défenses sans se préoccuper des 5 ou 6 archers qui était à quelques mètres de là et qui leur tirait dessus sans aucun problème ! Cela a duré plus d'une minute (le temps d'éclaircir quelque peu les rangs des attaquants) avant qu'enfin quelques lanciers furent envoyés par l'ordinateur pour mettre fin à ce carnage. Non décidément, l'IA ne semble vraiment pas au point ce qui est un défaut majeur pour un jeu de stratégie. Mais un autre problème se fait jour durant les batailles : la gestion des collisions. Le passage à la 3D n'a, en effet, pas été sans conséquences sur cet aspect des choses. On voit à de nombreuses reprises des unités dont le corps est à moitié dans les murs ! Un symptôme qui indique que la finition du jeu laisse vraiment à désirer.
Et justement la 3D, parlons-en. Alors que le précédent Stronghold avait adopté une vue isométrique qui rendait le jeu très jouable et très fluide, la 3D de ce second volet entraîne une gestion des angles de caméra qui s'avère délicate. Pour vous dire, on n'arrive pas à trouver l'angle idéal. On est toujours en train d'essayer de faire des rotations, des zooms et tout ça pour pouvoir simplement avoir une vue descente de la situation. Certes, il y a bien une vue aérienne accessible en appuyant sur la touche espace, mais même elle s'avère peu pratique. Beaucoup de joueurs reprocheront aussi à ce nouveau moteur 3D d'être très gourmand en ressources matérielles, et il est vrai que le jeu réclame un PC costaud pour tourner, sous peine de ralentissements lorsque beaucoup d'unités sont à l'écran. Mais le pire, c'est que ces saccades ne sont aucunement justifiées par ce qui est à l'écran. En effet, les textures sont fades, certaines unités sont découpées à la hache et les effets de lumières totalement ratés. Bref, on semble être en présence d'un moteur graphique qui date de plus de 2 ans.
On ne peut être que déçu face à ces problèmes d'IA et cette réalisation très moyenne, car Stronghold 2 est bourré de qualités. J'en veux pour preuve l'apparition de la gestion des ordures. Au Moyen Age, il n'y avait en effet pas de tout-à-l'égout et les rues pouvaient se transformer en dépotoir, entraînant par là même la propagation des épidémies. Et bien Stronghold 2 tient compte de cet état de fait et il vous faudra mettre en place des unités spécialisées pour nettoyer les rues et ainsi éviter que vos ouvriers n'attrapent une maladie. Les ordures qui s'accumulent attirent aussi les rats et pour vous en débarrasser il vous faudra consentir à mettre en place une fauconnerie qui enverra ses rapaces à la chasse au rats. Dans Stronghold 2 il y a plein de petits exemples comme celui-là qui prouvent que la gestion de la vie du château a bénéficié d'un traitement de faveur. Hélas, même avec ces améliorations, le jeu a beaucoup trop de défauts pour nous convaincre totalement. Tout indique que sa sortie a visiblement été précipitée et que les développeurs n'ont tout simplement pas eu le temps de peaufiner leur titre.
- Graphismes10/20
Le moteur graphique et loin d'être une foudre de guerre. Déjà que ce qu'il affiche ne casse pas trois pattes à un canard, il se permet en plus d'être très gourmand en ressources matérielles, si bien que même avec un PC puissant on doit subir des ralentissements lorsque beaucoup d'unités sont à l'écran.
- Jouabilité11/20
Quel dommage ! Quel dommage que les bonnes idées du jeu (la possibilité de contrôler plusieurs villages, la phase de gestion de la vie du château améliorée...) soient éclipsées par les problèmes de pathfinding, de framerate et d'IA.
- Durée de vie14/20
La durée de vie du jeu est bonne grâce à la diversité des modes de jeux et à des options multijoueurs convaincantes.
- Bande son13/20
La bande-son est assez quelconque : les musiques sont agréables et les effets sonores moyens. Soulignons tout de même la bonne performance des doubleurs de la version française.
- Scénario/
N'y allons pas par quatre chemins, Stronghold 2 est une déception. Alors qu'on attendait une suite digne de la qualité du premier volet, on se retrouve avec un jeu qui certes n'est pas mauvais, mais dans lequel les défauts plombent les bonnes idées. Ainsi, on peine pour trouver un angle de vue jouable (si bien qu'on est contraint de faire des rotations de caméra toutes les 10 secondes), la réalisation graphique est vieillotte et l'IA ne s'en sort pas avec les honneurs. Heureusement, la diversité des modes de jeux et les quelques nouveautés au niveau du gameplay (qui par ailleurs est fort bien pensé) sauvent Stronghold 2 du naufrage.