La série des Cossacks, avec ses add-on, s'est écoulée à plus de 2,5 millions d'exemplaires à travers le monde. Il était donc normal qu'une vraie suite voit le jour et c'est aujourd'hui chose faite avec Napoleonic Wars, un jeu qui ne se contente pas d'opérer un léger remaniement du titre original mais qui est véritablement pétri de nouveautés. Revue de détails.
La première des choses que l'on remarque dans un jeu, ce sont évidemment les modes qu'il propose. Et bien dans ce domaine, Cossacks 2 innove avec une toute nouvelle option nommé "Conquête de l'Europe". Intrigué, le joueur clique fébrilement sur le bouton pour voir de quoi il s'agit et là, il tombe sur une carte du continent divisée en plusieurs zones, façon wargame. Le but du jeu ? A la tête de votre nation, vous devez conquérir toutes les régions de la carte. Tout se déroule en tour par tour. Pendant votre tour, vous pouvez déplacer vos troupes sur la carte, augmenter la défense d'une de vos positions (moyennant finances), faire un échange commercial, conclure un traité diplomatique... C'est un véritable wargame "light" auquel on a droit. Mais la grande spécificité de ce mode c'est que dès que l'on investi une zone adverse avec notre armée, l'affichage bascule et l'affrontement à lieu par le biais du moteur du jeu. Ce mode est un petit plus vraiment sympathique.
Mais le gros morceau du jeu c'est évidemment la campagne. Celle-ci est globalement d'une difficulté un peu plus élevée que dans le précédent Cossacks. En effet, le jeu réclame beaucoup de doigté et la méthode du rentre-dedans est ici vouée à l'échec. Le joueur contrôle toute une armée divisée en groupes (l'infanterie, les cavaliers...) qui ont chacun leurs spécificités. Il existe plus de 140 types d'unités différentes dans le jeu et il faut apprendre à utiliser au mieux leurs compétences si l'on veut arriver à quelque chose. Chacune est d'ailleurs revêtue des costumes d'époque et les caractéristiques des armes ont fait l'objet de recherches particulières de la part des développeurs pour mieux coller à la réalité historique. Et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est réussi : la balistique a été particulièrement soignée et à tout moment dans le jeu il est possible de connaître la portée de tel ou tel groupe de soldats par un ingénieux système de couleurs. Ainsi, si un ennemi se trouve dans la zone rouge, proche du groupe en question, il subira des dégâts importants, dans la zone jaune des dégâts moyens...
Toujours concernant les groupes, il est indispensable de bien choisir sa formation pour minimiser ses pertes : l'une est adaptée pour la marche, l'autre pour tenir une position et la dernière enfin pour l'attaque (c'est la formation en ligne). Le jeu pousse d'ailleurs le vice jusqu'à permettre au joueur de choisir quelle est la ligne qu'il veut faire tirer : il suffit pour cela de cliquer sur les icônes prévues à cet effet. On peut donc très bien faire entrer en jeu la première ligne d'un groupe, puis la seconde et enfin la troisième et ainsi de suite pour que l'ennemi soit toujours sous un feu nourri. Intéressant ! Si le contrôle d'un groupe est relativement aisé : lancer un petit raid de cavalerie contre un poste avancé de l'ennemi ne réclame pas une organisation très poussée, c'est une toute autre histoire lorsqu'on doit faire face à une grande armée. Pour cela, une véritable stratégie doit être mise sur pieds. On doit placer ses troupes judicieusement (idéalement on prévoira aussi des guérisseurs à l'arrière pour minimiser les pertes) et surtout, tenir compte du terrain !
Et c'est justement l'une des améliorations comparé au premier volet : l'importance du terrain est décuplée. Ainsi par exemple, l'artillerie a une portée plus grande sur les hauteurs tandis que les zones marécageuses ralentissent la vitesse de vos troupes. Elles réservent même quelques surprises pour les boulets de canon qui peuvent tout simplement ne pas fonctionner à cause de l'eau qui éteint la mèche ! Quand je vous disais que le soucis du détail était poussé à l'extrême. Pour arriver à un tel résultat, les développeurs ont modélisé le terrain en 3D. Les graphismes s'en trouvent grandement améliorés comparé à Cossacks premier du nom. D'ailleurs, il y a deux niveaux de zoom et celui qui est éloigné est parfait pour constater l'état des troupes en présence avant une bataille. Troupes qui peuvent être très importantes puisque le jeu est capable d'afficher pas moins de 64 000 unités simultanément à l'écran, ce qui donne évidemment lieu à des batailles dantesques dans lesquelles les mauvais choix tactiques se payent cash. On comprend dès lors pourquoi Cossacks 2 est assez gourmand en ressources matérielles : le PC doit calculer l'IA (qui s'avère être très convaincante) mais aussi l'affichage de toutes ces unités. La fluidité n'est donc pas toujours parfaite. En outre, on déplore quelques retours Windows qui, nous l'espérons, seront très vite corrigés avec un patch.
Les personnes qui ont joué à American Conquest (des mêmes développeurs) doivent se poser une question : quid de la gestion économique dans Cossacks 2 ? En effet, certains joueurs avaient regretté un gameplay trop orienté sur la défense dans ce précédent titre où l'on passait, il est vrai, beaucoup de temps à construire sa base et à se renforcer plus qu'à véritablement combattre. Et bien qu'ils se rassurent car ce point a été totalement revu. De l'aveu même des développeurs d'ailleurs, la gestion économique tient moins de place dans Cossacks 2 même si elle est toujours présente. En effet, il s'agit toujours de construire des bases et de récolter des ressources, mais désormais, les cartes de jeu intègrent d'office des villages. Ces villages, qui sont répartis sur la carte, permettent d'alimenter votre empire en ressources (charbon, fer, nourriture, or). Vous comprenez tout de suite l'enjeu : il faut essayer de s'emparer d'un maximum de ces villages (et tenter de les garder) pour avoir un maximum de ressources. On voit ensuite des convois partir des villages pour rejoindre votre capitale et la ravitailler par les biais de routes. Vous pouvez d'ailleurs très bien couper les vivres de votre ennemi en mettant en place des barrages sur les voies qui relient ses villages à sa capitale. Ainsi affaibli, vous aurez certainement moins de mal à le vaincre lors de l'assaut final. Mais attention, car l'IA connaît elle aussi cette astuce et n'hésite pas à l'utiliser !
Le jeu gère aussi le moral des troupes. Des soldats motivés sont plus efficaces au combat mais, si à l'inverse, ils ont le moral dans les chaussettes, ils pourront tout simplement fuir la bataille ! Ce qui, avouez-le, est assez gênant. Pour que vos troupes aient toujours un bon moral, il faut donc veiller à ne pas trop les fatiguer par de longues marches, des changements de formations nombreux, des batailles successives ou les mettre face à des combats perdus d'avance. Pour les débutants, il est possible d'activer l'option "arcade" qui diminue l'influence du facteur moral : en gros, les unités désertent moins facilement. Hormis la campagne et le mode conquête de l'Europe, il est aussi possible de participer à des parties "escarmouches fictives" ou à des affrontements qui reprennent les paramètres de certaines grandes batailles comme Austerlitz ou Ulm. Hélas, tout cela est limité à 2 joueurs. On ne peut donc pas faire entrer en jeu plus de 2 camps parmi les 6 présents (France, Angleterre, Prusse, Egypte, Autriche, Russie). On déplore d'ailleurs le manque de réglages disponibles dans les escarmouches : on choisi sa carte, sa nation, si on veut ou non activer le mode arcade et c'est tout ! On ne peut pas décider du nombre d'unités maximum, des ressources de départ... Dommage ! Signalons enfin qu'évidemment un mode multijoueur reprenant les cartes du mode escarmouche est présent et permet à 6 joueurs de s'affronter en LAN ou sur le net. Au final, on se retrouve en présence d'un excellent jeu de stratégie qui manque de très peu le titre de jeu culte à cause de l'absence de possibilités de paramétrage des parties en escarmouche et en multijoueur, de la présence de quelques retours Windows et d'un moteur graphique qui aurait pu être mieux optimisé.
- Graphismes14/20
Le moteur graphique qui mélange 3D (pour les paysages) et 2D (pour les unités) est relativement gourmand (surtout lorsqu'on met le niveau de zoom éloigné). Remarquez, ce n'est pas étonnant lorsqu'on sait qu'il peut y avoir jusqu'à 64 000 unités à l'écran. Le jeu est détaillé mais il a un petit côté "old school" qui ne plaira pas à tout le monde.
- Jouabilité18/20
L'IA a été fortement améliorée depuis Cossacks 1. Désormais, l'ordinateur est capable de vous prendre par surprise, de faire diversion et d'utiliser (tel un humain) des tactiques de fourbe. La richesse stratégique du jeu est absolument phénoménale : on doit tenir compte du moral des troupes, des formations, de la portée des tirs...
- Durée de vie17/20
La durée de vie est excellente car les batailles se révèlent être assez longues et le niveau de difficulté est globalement élevé. Les modes de jeux sont nombreux et intéressants (mention spéciale au mode "conquête pour l'Europe"). Tout juste peut-on regretter un manque de possibilités de paramétrage des parties aussi bien en solo contre l'ordinateur qu'en multijoueur.
- Bande son13/20
Si les bruitages se révèlent très bons, ce n'est pas tout à fait le cas des musiques très répétitives et des doublages français moyens. Au final on se retrouve avec une bande-son assez quelconque.
- Scénario16/20
Comme le titre du jeu l'indique, on est plongé en pleine période Napoléonienne. La réalité historique est respectée et il est même possible de prendre part à de célèbres batailles comme celle d'Austerlitz ou de Wagram qui ont été reconstituées.
Enorme ! Le gameplay de Cossacks 2 est tout simplement énorme ! Contrairement à la plupart des titres concurrents, on ne sait jamais qui va gagner la partie avant la fin de celle-ci tant les retournements de situations, faits de contres-attaques, peuvent faire très mal. Les batailles sont réellement très intéressantes et peuvent faire entrer en jeu des milliers d'unités. En outre, la diversité des modes de jeu et le soin apporté aux détails (costumes d'époque, caractéristiques des armes réalistes...) en font un jeu que tout amateur de STR qui se respecte se doit de posséder.