Déjà 3 volets de Splinter Cell et un quatrième sur le feu. On ne chôme pas chez Ubi, surtout quand on tient un gros morceau. Le tout lorsqu'on exploite un filon à ce train d'enfer étant d'éviter de faire le tour du sujet et de servir une barquette micro-onde. Heureusement, ce n'est pas le genre des mecs d'Ubi Montréal, eux ils ne mangent que des sandwiches à la saucisse cajun. Et ça c'est bon... enfin quand on est cajun.
Les Splinter Cell se suivent et se ressemblent tout en s'améliorant avec l'âge, plus de ceci, plus de cela, un plat qui se bonifie au gré des services tout en conservant sa base originelle qui nous met avec un incomparable talent dans la peau d'un homme redoutable qui affronte et désamorce seul et dans la plus absolue discrétion les pires menaces de l'humanité. Ben c'est quand même un américain faut dire. Une fois de plus Sam Fisher va donc devoir sauver le monde au fil d'un scénario à tendance techno-thriller dont je ne vous révélerai pas les détails. Tout juste me permettrai-je de vous signaler que dans Chaos Theory, l'histoire se livre avec plus de clarté au joueur, peut-être grâce à des cinématiques un peu plus longues et à la mise en scène plus travaillée.
Bref, causons du jeu. Considérant le foin qui a été fait autour de lui, vous savez certainement déjà de nombreuses choses à son sujet. Je vous le disais, ici comme dans Pandora Tomorow, les fondements de la série sont intacts et on ne reviendra pas sur eux, si ce n'est pour dire qu'ils sont de nouveau renforcés par diverses nouveautés qui visent à immerger toujours plus profondément le joueur dans l'art de l'infiltration et ses joyeusetés. En premier lieu, le père Fisher dispose de ses nouveaux mouvements et principalement de l'usage du couteau et de la mandale dans la tronche. L'attaque de corps à corps n'est pas nouvelle dans le jeu, mais elle se montre aujourd'hui bien plus efficace auparavant avec pour conséquence de rendre certaines situations de face à face, autrefois plus que périlleuses, nettement moins risquées. L'arrivée du couteau en particulier rend la neutralisation d'une menace directe expéditive. Mais basiquement, ceux qui ont l'habitude de manipuler Fisher retrouveront vite leurs marques et prendront toujours leur panard à faire évoluer l'espion mi-félin, mi-chimpanzé. Et finalement, plus qu'une longue liste, mieux vaut que vous reteniez ce point. Du côté des interactions également, le panel s'allonge. Non seulement Sam sait ouvrir des portes, mais il peut le faire violemment de manière à assommer un garde qui se tiendrait derrière ou au contraire de manière lente et fluide afin de jeter un regard furtif dans la salle adjacente. Il en va de même pour le crochetage de serrure qui pourra éventuellement céder la place à un bon coup de couteau dans le barillet. L'inconvénient étant que la discrétion de la chose est plus que douteuse. Et oui, chaque chose a un prix.
Toujours dans la continuité des "petits" changements, on ne passera pas sous silence les gadgets qui viennent enrichir la panoplie déjà bien fournie de Sam. Les classiques sont toujours là évidemment, le fidèle shocker ou la sticky cam mais une somme de nouveaux bidules viendront se greffer au fusil d'assaut tels un lance-grenade ou un accessoire de précision de snipe. Ceci dit, le plus appréciable demeure l'ajout fait à l'OCP qui voit son tir secondaire transformé en brouilleur électrique non seulement utilisable pour désactiver une caméra mais également les sources de lumière. L'intérêt de la chose est multiple et permettra entre autres de virer la lumière sans faire un bruit d'enfer en éclatant l'ampoule. Ce qui est fort appréciable quand on considère les progrès qu'a fait l'IA. Les gardes sont bien plus sensibles qu'ils ne l'étaient dans les 2 premiers opus. Bon, je vous l'accorde, ils passent toujours à 2 millimètres de vous sans trop broncher, mais la moindre porte ouverte quand elle devrait être fermée, la découverte d'une lumière éteinte qu'ils avaient pourtant laissé allumée, le plus petit son étrange, tout ça va éveiller les soupçons chez eux, entraînant un changement d'attitude notable et progressif si jamais les événements suspects s'enchaînent. Un regard, une ronde, le recours à une lampe torche dans les zones sombres et si par malheur ils croisent un pote, ils ne se priveront pas de lui demander s'il a vu quelque chose de son côté, ce qui aura la fâcheuse conséquence d'alerter 2 gardes. Plus que jamais, la prudence sera donc de mise dans Chaos Theory. Mais non contente d'augmenter le challenge furtif du jeu, cette IA génère de surcroît des comportements plus crédibles qui ne sont pas sans renforcer l'immersion dans le trip.
On tient déjà avec ces quelques points de quoi justifier un nouvel épisode de la série : l'amélioration des éléments clefs de Splinter Cell, ce qui suffira au moins à satisfaire les mordus. Mais on ne passera pas à côté de l'une des nouveautés les plus importantes du titre : l'étouffement de la linéarité à laquelle on nous avait habitué jusque là. Il faut bien admettre que la progression dans Splinter Cell reposait pour l'heure sur une succession de situations ayant une et une seule solution, si prenant qu'il soit, le jeu a toujours été d'une linéarité folle. Aujourd'hui, les niveaux se montrent bien plus ouverts (et accessoirement bien plus grands et complexes), proposant des chemins alternatifs présentant plus ou moins de difficulté et de danger, se garnissent de la possibilité d'accomplir les objectifs dans un ordre aléatoire et même d'en voir survenir de nouveaux en fonction des actions accomplies ou pas, des voies empruntées. Le fort sentiment de reposer sur des rails a , au moins grandement disparu (mais pas complètement) et rejouer un niveau de manière différente est dorénavant possible avec une liberté certes toujours un peu bridée par les contingences du gameplay mais fortement appréciable. Cerise sur le gâteau, le level design s'avère particulièrement riche et inspiré, autant sur le plan architectural qu'esthétique. Sam aura effectivement l'occasion de visiter bien des lieux, de Panama à la Corée en passant par les USA et à chaque fois, l'identité visuelle saura faire mouche.
Vous le voyez je fais dans le concis pour vous éclairer sur les nouveautés dont je vous rabâche les oreilles depuis janvier, c'est que je ne voudrais pas vous perdre dans une fastidieuse énumération de ce qui compose la campagne solo pour en venir au but : Chaos Theory ajoute avec brio une nouvelle louche de bonnes choses à la série dans un mode solo. Et alors quid du multijoueur ? Il aura fallu attendre le second volet pour découvrir les joies du multijoueur dans le monde de Sam Fisher avec l'arrivée du fameux mode versus qui a conquis tant de joueurs. Le principe reste ici inchangé, 2 espions affrontent 2 mercenaires, les uns en vue TPS, les autres en vue subjective, armes non-létales contre armes lourdes etc. Toujours cette histoire de balance de gameplay qui fait toute la richesse de ce mode. Outre quelques menues améliorations enrichissantes, le Versus s'agrémente surtout d'un nouveau mode Story dans lequel espions et mercenaires doivent remplir une liste d'objectifs précis. Autre ajout assez important, l'interactivité avec les maps dont certains éléments sont destructibles ou modifiables. A titre d'exemple, une mauvaise balle qui va s'égarer dans un réservoir provoquera une explosion, et c'est alors toute une partie de la map qui va totalement changer de topographie. Quand on sait que les cartes de ce mode sont étonnement grandes et complexes, nécessitant un véritable apprentissage, ce genre de chamboulement constitue un piment qui rehausse avec force la saveur de l'ensemble.
Toutefois, le point d'orgue en multijoueur reste le mode coopératif. Inutile de s'étaler sur le Versus, son succès est déjà avéré et il se présente ici dans une version boostée qui ne déçoit pas. Le coop est pour sa part tout beau tout neuf et il suffit d'une partie pour s'y trouver accroc. Fondamentalement, le mode coopératif est un Splinter Cell à 2, les espions que l'on y dirige disposent de la même panoplie de gadgets et de mouvements que Sam, à la différence près qu'ils savent aussi jouer de leur numéro de duettiste. Et ce n'est pas rien. Courte échelle, projection par dessus une nappe de laser reliés à une alarme, toutes sortes de "coop moves" sont réalisables. Suspendez votre équipier la tête à l'envers et il ira pirater le système de sécurité afin de désactiver les détecteurs de mouvements qui vous empêchent d'accéder à la pièce située en dessous de vous. L'expérience devient vite scotchante mais à condition de jouer avec un partenaire avec qui vous parviendrez à une entente parfaite. S'aventurer en duo dans les niveaux en partageant les informations et en peaufinant sa tactique d'approche est un petit bonheur... mais un bonheur de courte durée, bref mais intense comme on dit parfois. On ne compte en effet que 4 malheureux niveaux jouables en coopératif, et il faut admettre que ça ne fait pas gras, du coup on reste pas mal sur sa faim. En fait, le mode coop est bref, intense, mais aussi un peu frustrant. Il y a cependant gros à parier que l'on verra apparaître de nouvelles maps en provenance de chez Ubi, faute de voir débouler un très improbable éditeur de niveaux. Alors, un mode coop plus complet, au menu de Splinter Cell 4 ?
- Graphismes18/20
Splinter Cell est de plus en plus beau d'année en année. Les animations de Sam subjuguent à elles seules par leur variété et leur niveau de détail mais le travail sur les jeux d'ombres ont encore progressé, les textures sont sublimes, les effets divers maîtrisés, bref, c'est splendide, on va pas y passer la nuit sur ce pavé de notes.
- Jouabilité18/20
Les mécanismes de base répondent à l'appel et on retrouve avec aisance le contrôle de Fisher. Le gameplay reste celui qu'on a connu mais s'enrichit d'une multitude de petits ajouts et surtout d'une progression bien plus ouverte. A l'heure actuelle, cette nouvelle version du gameplay Splinter Cell est sans conteste la meilleure.
- Durée de vie16/20
C'est ce qui fera un peu râler en solo, la durée de vie n'excède pas 10 heures, ceci étant il est tout à fait possible de refaire le jeu au moins une seconde fois sans se lasser. Le multi saura assurer la relève, principalement grâce au mode Versus puisqu'en dépit de ses qualités le mode coop est dramatiquement court.
- Bande son18/20
Les musiques sont assurées de mains de maître par Amon Tobin et sont un régal pour les esgourdes, collant à la perfection à l'univers du jeu mais également à l'identité géographique de chaque niveau. Les effets ne surprennent pas, rappelant on s'en doute ce qui a déjà été entendu. Quant au doublage la VO de la version test PC est excellente, et si j'en crois Jihem, la VF entendue sur Xbox est tout aussi bonne.
- Scénario14/20
Plus aisé à suivre que dans les précédents volets, le scénario se laisse suivre et même s'il n'est pas hautement passionnant il demeure suffisamment intriguant pour remplir son office.
Splinter Cell Chaos Theory dans son mode solo nous parvient avec une foule de nouveautés qui se greffent sur ce qui pré-existait. Certes, il en est qui s'avèrent finalement moins révolutionnaires qu'on pouvait le croire de prime abord (l'alternance poing/couteau par exemple) mais toutes concourent à fortifier une expérience de jeu toujours aussi prenante et à forger une immersion dont on se délecte à chaque instant. La nouvelle sensation de liberté qui se dégage de la progression ôte de plus l'un des aspects frustrants de la série, ne laissant plus le joueur suivre un seul et unique rail. Du côté du multi, le Versus convainc toujours autant et le coop séduit immédiatement, même si on pleurera sur son très maigre contenu. Si on ajoute à tout cela une réalisation hors paire, on finit par conclure qu'une fois de plus, Splinter Cell, sans se révolutionner, se bonifie, indispensable pour les fans et le volet à choisir pour les nouveaux venus.