Il est vraiment difficile de s'extirper du monde de la DS. Une fois le stylet posé, encore dans la frénésie liée à ce dernier, les actions réalisées ensuite deviennent assez étranges. Comme par exemple essayer d'ouvrir une icône sur l'écran de son PC en appuyant dessus avec l'un de ses doigts. Une attitude que l'on cache longtemps, très longtemps, afin que personne ne sache. Et toute cette honte de l'ombre à cause d'un titre nommé Polarium. Un patronyme peu engageant, certes, mais qui dissimule l'un des premiers puzzle-game de la nouvelle portable de Nintendo. Effectivement ça ne le rend pas plus attirant, mais ne pas y jeter un coup d'oeil serait commettre une certaine erreur.
Loin des piliers attendus accompagnant la sortie de la DS, Polarium, de par le design épuré et relativement bien pensé de sa jaquette et le mystère qu'il exhale provoque un intérêt immédiat et une envie de découverte notable. Une fois ce premier pas franchi, il ne reste plus qu'à plonger dans le coeur d'un titre qui ne brille pas par son apparence graphique, loin de là. En effet, peuplé de noir de blanc et d'un gris fumé, l'univers du dernier soft de Nintendo peine à susciter le bien-être, et ce n'est pas l'absence quasi-totale d'effets consécutifs à la victoire ou durant les phases de réflexions qui viendront rehausser votre volonté de résistance. Mais comme Tetris à la belle époque du Gameboy, ce n'est pas cet aspect qui focalise l'attention dans ce style de soft. Un constat ayant pratiquement valeur de vérité indiscutable mais qui mériterait tout de même des petits remaniements. Effectivement, pourquoi faire rimer réflexion et carence de réalisation ? Wario Ware par exemple, bien que véhiculant un concept reprenant un tant soit peu le concept du puzzle-game, bénéficie pourtant d'une approche totalement différente dans son utilisation de trouvailles artistiques réjouissantes. Une fois devant vos menus tout fades, il ne vous reste donc plus qu'à admirer un principe de jeu pouvant paraître austère à première vue mais qui dévoile rapidement ses charmes conceptuels et attirants.
En effet, Polarium c'est avant tout un système de jeu, le plus difficile étant d'en expliquer le fonctionnement profond. Alors par où commencer ? En fait, débutons par décrire l'apparence du terrain de jeu. Formant une sorte de quadrillage plus ou moins étendu , ce dernier affiche des cases blanches et noires réparties de manière réfléchie sur l'ensemble de la zone. A vous maintenant de former des lignes d'une même couleur en retournant chacune des cases à l'aide de votre stylet. Par exemple, si une ligne composée de 10 carreaux contient huit tuiles (ou cases) blanches, il vous incombera de retourner les deux noires restantes pour valider la rangée. Ceux qui connaissent un tant soit peu Othello commencent sûrement à saisir la subtilité de la chose. D'un postulat qui peut paraître très simple, on en arrive à des situations inextricables dues à une règle ignoble, celle de réussir à faire disparaître un plateau entier de cases en un seul passage. Effectivement, vous pouvez soit vous contenter de retourner les cases une par unes, soit choisir de tirer un trait sur plusieurs d'entre elles en même temps afin de créer des retournements en chaîne. Bien entendu il vous est possible de monter, de descendre, et d'aller sur les côtés. Toute la nuance est alors de réfléchir parfois longuement au chemin à suivre pour éviter qu'il ne reste une case esseulée, annulant votre épreuve. Une sorte de Solitaire renversé en somme. Mais comme je sens que je vous embrouille, je continue. Le meilleur moyen de réaliser des combos est alors de se servir des extérieurs (bords) gris des divers tableaux, permettant de contourner les cases noires ou blanches présentent au bord justement. Vous pourrez alors faire divers contournements et éviter de ce fait de retourner une de ces dernières afin d'en éviter une autre. Pour résumé, il s'agit d'une zone neutre, vous permettant de ne pas être obligé de toucher une case pour progresser vers le haut, le bas, ou sur les côtés du terrain. Un concept vraiment riche et innovant, qui autorise les mises en place de dizaines de plans et de réflexions dans l'aboutissement d'une "mission". On se prend du coup très vite au jeu, et il véritablement agréable d'admirer une combinaison réussie, menant à une disparition totale des cases présentes. Immersif et terriblement addictif.
Et tout cela représente seulement le mode "Puzzle", au sein duquel vous devrez faire face à plus d'une soixantaine de plateaux à la difficulté progressive. Pouvant vous pousser à la folie furieuse, les dernières strates du titre demeurent quasiment inaccessibles à un simple mortel ou n'importe quel misérable humain. En effet, vous pourrez découvrir un second mode appelé "Défi", au sein duquel vous devrez éliminer des lignes le plus vite possible, sans la restriction d'un seul coup, avant d'être submergé. Un principe dynamique qui se rapproche de celui du mode deux joueurs, réelle réussite du jeu. Prenant, et fonctionnant totalement à l'esprit de compétition, celui-ci permet des duels vraiment captivants, qui n'auront de cesse de vous tourmenter. Toujours à la recherche de la bonne technique et d'une rapidité certaine, vous ne pourrez vous arrêter qu'après une victoire. Impressionnant. De ce fait, Polarium vit vraiment aux crochets de cette possibilité salvatrice, qui permet de faire oublier l'aspect tout de même limité du soft. Effectivement, à part les choix impliquant le "Défi" et le "Puzzle", vous n'aurez rien d'autre à vous mettre sous le stylet. Pas une seule variation sur le gameplay général, pas un seul mini-jeu modifiant un tantinet l'approche ne sont présents. Une lacune dommageable, aboutissant à une lassitude apparaissant au bout de quelques heures de jeu, alors qu'elle aurait très bien pu végéter durant quelques moments supplémentaires. Néanmoins, vous disposez de la possibilité intéressante de créer vous mêmes vos casse-têtes afin soit de vous mettre à l'épreuve, soit de les faire parvenir à une tierce personne via la liaison Wi-Fi de la DS. Vous pourrez donc jouer les pervers de service en martyrisant vos amis avec délectation. Un ajout dopant un tant soit peu la durée de vie, et surtout un moyen idéal de perdre des connaissances sans avoir à s'expliquer.
Au final donc, Polarium s'impose comme le Tetris de la DS et souffre seulement de ne pas être vendu avec la console ou de ne pas avoir été seul sur le marché en ce début de commercialisation. En effet, ce n'est pas vraiment avec lui que vous jugerez du potentiel de la DS ou que vous profiterez vraiment de cette dernière. Toutefois, vecteur d'un gameplay accrocheur et d'un principe très sympathique il parviendra aisément à convaincre même les plus réticents. Et si tant est que vous tombiez dans les bras du mode multi, vous aurez du mal à décrocher. Une bien bonne surprise donc, mais qui manque cruellement de renouvellement. Peut-être pour la prochaine fois ?
- Graphismes5/20
La réalisation graphique n'est vraiment pas digne d'une DS, et même si l'austérité, ou plutôt la sobriété fait partie du concept du produit, on ne peut s'empêcher de regretter le manque cruel d'effets relatifs à la victoire ou simplement au retournement de plusieurs cases simultanément. De même, et malgré de bonnes idées graphique, l'habillage peine à réellement convaincre. Dommage.
- Jouabilité16/20
La maniabilité du stylet demeure exemplaire, et le gameplay en lui-même, innovant et jouissif permet d'appuyer cette dernière constatation. Excellente idée que celle de proposer un tel concept pour une console possédant un écran tactile, facilitant le bien-être de jeu, et conférant un côté ludique à la chose. Une fois l'ensemble des règles maîtrisées, le plaisir entre réellement en scène.
- Durée de vie15/20
Si vous désirez terminer les très nombreux puzzles vous pouvez tabler sur plusieurs dizaines d'heures, vu la difficulté de certains tableaux. De plus, la présence du mode multi et du créateur de terrain de jeu rehausse la durée de vie du soft, dans des proportions assez immenses. Néanmoins, encore faut-il que vous supportiez l'absence totale de renouvellement.
- Bande son/
Des légers "bip" et quelques "chklong".
- Scénario/
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Réussissant son entrée sur DS, Polarium tranche nettement avec le reste de la line-up et parvient à se détacher intelligemment. Prônant l'exposition d'un gameplay innovant et prenant, et réussissant à proposer un mode multi convaincant et addictif, le titre de Nintendo s'impose comme une alternative sympathique pour l'achat réflexe de la DS. Néanmoins, prenez garde à la teneur en lassitude assez imposante de cette oeuvre austère. Sinon, prenez votre stylet et en garde !