Grand seigneur, Keanu Reeves vient aussi chasser du démon sur PC, comme il l'a déjà fait sur sur consoles et sur grand écran. Adaptation du film du même nom, Constantine, le jeu, reprend le même scénario et la même performance d'acteur du grand Keanu. C'est sûr, les amateurs de mime vont se régaler !
On va encore dire qu'on s'en prend injustement au pauvre Keanu Reeves, qu'on n'est pas payé pour parler de lui mais du jeu dans lequel il apparaît, mais que voulez-vous, c'est plus fort que nous. On adore s'étendre sur le cas Keanu Reeves, le seul acteur qui parvient à transformer tout ce qu'il touche en tube de somnifères. Le garçon est tellement inexpressif, avec un jeu d'acteur limité à la partie haute de son front, qu'il devient délicat de rester éveillé pendant ses performances cinématographiques. Alors vous pensez bien que lorsqu'on apprend qu'il va aussi falloir se le traîner pendant le jeu de Constantine, on a quelques craintes sur le résultat dudit jeu, et notamment sur l'ambiance qui va se dégager de tout ça. Et bien on avait raison, l'adaptation de Constantine est aussi fade qu'un morceau de pain azyme qu'on aurait laissé baigner dans un bol d'eau. Pour avoir fait l'impasse sur le film, je ne puis dire si tout est bien transcrit fidèlement, mais aucun doute, on tient là du bon Keanu comme on les aime. Il campe le rôle de John Constantine, un détective spécialisé dans le surnaturel et d'une froideur impressionnante. Aidé par quelques personnes de son entourage, Constantine sait manier quelques sorts, et peut parfois aller faire un tour en Enfer, pour trouver des démons avant de leur botter les fesses.
Fade, le jeu l'est surtout parce qu'aucune clé n'est donnée pour comprendre l'univers dans lequel on évolue. on ne sait pratiquement rien sur Constantine, on ne sait pas pourquoi il traque les démons, quelles sont ses motivations qui le poussent à risquer sa vie face des créatures que lui seul peut voir. Tout ça reste très flou et finalement, on en apprend bien plus sur l'histoire en se promenant sur les sites de cinéma du net. Question immersion, il faudra donc repasser. Sans aucune idée de ce qu'on fait là, on se résigne tout de même à suivre docilement le parcours prévu à l'avance par les développeurs. Au milieu d'un level design creux et sans aucune imagination, on suit les longs couloirs des niveaux, en cherchant parfois des clés ou des valves à tourner pour couper les jets de vapeurs qui font bobo à Constantine. Parce que bon, Constantine est un chasseur de démons, il maîtrise des sorts magiques de malades, mais il est incapable de se protéger contre de la vapeur d'eau.
Pour tenter de rompre la monotonie, les niveaux nous font parfois passer en Enfer qui se caractérise par une dimension parallèle à la nôtre où seuls de petits détails sont différents. La plupart du temps, le jeu nous fait naviguer dans l'autre dimension dès qu'on se trouve bloqué par un cul-de-sac. Comme par magie, le cul-de-sac se transforme alors en escalier une fois en enfer ce qui nous permet de faire quelques pas de plus avant de revenir à la réalité. Absolument passionnant. L'autre grande "trouvaille" de Constantine, c'est la double vision du héros qui l'aide à démasquer les démons qui auraient pris possession d'un corps humain. En théorie, cela se révèle être une bonne idée, mais puisque les démons ne font rien pour passer inaperçus et qu'ils nous attaquent dès qu'ils nous voient, cette vision n'a que peu d'intérêt et on l'utilise uniquement lorsque l'endroit est trop sombre pour y voir correctement. Constantine peut aussi compter sur quelques tours de passe-passe, sûrement appris en regardant Buffy. Il peut ainsi envoyer des éclairs sur les ennemis ou exorciser des corps. Tout ça en gardant le visage de marbre caractéristique du jeu de Keanu.
En apparence, Constantine a l'allure d'un jeu à la Max Payne, mais il ne faut pas bien longtemps pour se rendre compte que ce n'est qu'une vue de l'esprit. Souris et clavier en main, Constantine n'a plus grand-chose à voir avec son maître ; l'action y est très molle, les ennemis toujours les mêmes tandis que l'ambiance se trouve être quasi inexistante, comme on l'a vu en début de test. La réalisation se situe aussi un large cran au-dessous. Le personnage principal n'est pas trop mal fait, de même que les cinématiques qui parsèment la progression, mais point de vue décors et ennemis, ça ne va pas chercher très loin avec des modélisations anguleuses et des textures pas toujours très détaillées. Le pire est atteint avec la bande-son dont la localisation atteint un niveau de médiocrité rarement atteint. Les acteurs présents pour le doublage récitent leurs textes sans aucune âme, toujours d'un ton monocorde. Probablement n'avaient-ils aucune image sur lesquelles s'appuyer, mais tout de même, en faisant un minimum preuve d'imagination on aurait pu éviter ce massacre vocal. Remarquez, pour un jeu de la trempe de Constantine, que le doublage soit bon ou mauvais, ça ne change pas grand-chose au verdict final. Sans inventivité dans son déroulement, sans âme non plus, le jeu adapté du film réalise une performance même pas moyenne. Pas de quoi s'attarder ici.
- Graphismes10/20
Le monde noir et sombre de Constantine n'a pas l'épaisseur que l'on aime trouver dans ce genre d'univers. Il lui manque une âme. Monstres et décors inspirent plus la pitié que la peur, contrairement aux cinématiques bien jolies et au héros, impassible comme toujours.
- Jouabilité9/20
Le gameplay ne demande qu'à suivre de vastes couloirs en récupérant des clés pour ouvrir des portes ou en poussant des caisses pour dégager le chemin. Super répétitif, je doute que vous vous preniez de passion pour le jeu. La caméra trop nerveuse n'arrange pas les choses. Elle rend même les séquences de tirs assez chaotiques.
- Durée de vie14/20
Très linéaire et pas difficile, l'enquête de Constantine avance à vive allure. Cela dit, la durée de vie est honnête. Pour les acharnés, plusieurs cartes bonus cachées dans les niveaux sont à découvrir.
- Bande son8/20
Le doublage semble avoir été effectué dans d'épouvantables conditions. Les comédiens ne sont pas dans le coup et les textes sont ridicules. Rien qui puisse vous mettre dans l'ambiance.
- Scénario11/20
Il faut croire que Constantine est une histoire mondialement connue puisque le jeu ne prend pas la peine de présenter les personnages ni d'expliquer ce qu'ils ont à faire dans l'intrigue. Si par chance on arrive à comprendre le point de départ, alors le reste suit tout seul.
Constantine vient rejoindre la longue liste des jeux à licence qui ratent leur sortie. Sans prendre le soin de poser les bases d'un univers pas forcément connu de tous, et adoptant un gameplay relou de bout en bout, le titre ennuie plus qu'il n'amuse.