Depuis la création de la gamme Sega Ages, Sega semble être très porté sur le dépoussiérage de ses titres. Altered Beast est clairement de ceux-là et si il ne s'agit à l'origine que d'un simple beat'em all, tous ceux qui l'ont essayé vous diront qu'il possédait un charme étrange dû à un mélange de fantaisie et de barbarie. Alors que le remake PS2 laisse tomber ce côté "conte fantastique", il n'en garde pas moins les transformations animales qui ont également fait la renommée du jeu.
On se demande parfois quelles sont les motivations des éditeurs qui s'attaquent à un remake d'un film ou d'un jeu vidéo. Dans le cas d'Altered Beast, on sent clairement l'envie de mettre ce beat'em all au goût du jour tout en profitant de la notoriété du titre, du moins chez les plus vieux d'entre nous. Alors que je n'ai rien contre, ce que je trouve dommage est que le plus souvent, les remakes d'oeuvres cultes ne bénéficient jamais d'assez de moyens pour pouvoir espérer détrôner leurs aînés, seul Resident Evil Rebirth nous ayant démontré le contraire. En ce qui concerne Altered Beast, signalons immédiatement que nonobstant quelques bonnes idées, ce titre est fortement anecdotique, diablement répétitif et irritant comme pas deux.
Tout commence à la manière d'un Resident Evil, en nous montrant un hélicoptère survoler une épaisse couche de nuages puis s'écrasant lamentablement suite à l'attaque d'un mystérieux monstre. Cette ouverture sera ensuite prétexte à un déchaînement de violence où votre personnage, propre sur lui, se verra confronté à diverses personnalités multiples nées de l'implantation d'une puce dans son corps qui va lui permettre de se transformer en plusieurs monstres. Si vous avez claqué des sommes folles dans la borne d'arcade de Altered Beast, vous vous rendrez vite compte que le scénario est beaucoup plus contemporain que celui de son illustre ancêtre avec tout ce que cela implique de technologie ou de projet gouvernemental. Après tout pourquoi pas et même si l'originalité n'a pas été la principale priorité des développeurs, nous nous dirons que le plus important ne se situe pas à ce niveau.
Altered Beast cuvée 2005 reprend donc les transformations du volet orignal et c'est à peu près tout. Dans le principe, le jeu fait énormément penser à Chaos Legion de Capcom puisque vous devrez très souvent éliminer des masses d'ennemis avant de pouvoir continuer votre chemin. La plupart du temps, vous devrez mettre à profit vos pouvoirs pour avancer en vous transformant par exemple en loup-garou afin de sauter au dessus d'obstacles. Dans d'autres cas, certaines zones seront fermées par des murs invisibles qui disparaîtront une fois que vous serez venu à bout de tous les monstres peuplant l'endroit où vous vous trouvez. Très linéaire dans son cheminement, vous aurez néanmoins accès à une carte qui vous montrera notamment où aller pour faire avancer le scénario. La première chose que je reprocherai à Altered Beast est d'avoir clairement mis en avant les transformations en animaux qui sont si fréquentes que vous passerez 80% de votre temps dans la peau d'un des 7 monstres que vous pourrez incarner. Bien sûr, on me rétorquera que c'est normal vu la nature du jeu mais ce que je veux dire est que lesdites transformations étaient de véritables récompenses dans le jeu original alors qu'elles deviennent ici des plus banales. Ceci dit, il est assez agaçant de constater que la puissance entre l'animal et l'humain n'ont absolument rien à voir. Ce qui fait que dès les premiers ennemis rencontrés, vous devrez obligatoirement vous transformer afin d'en venir à bout. Le problème est que vous ne pourrez parfois plus vous transformer faute d'énergie, cette dernière provenant des monstres anéantis. Vous devrez alors revenir très loin en arrière pour atteindre une sauvegarde qui remontera complètement votre jauge de vie et d'énergie spirituelle. Ensuite, les ennemis restent beaucoup trop nombreux, ce qui entraîne une énorme lassitude et un énervement profond.
Cet énervement provient en grande partie d'une visibilité limitée où on ne comprend plus rien à ce qui se passe sur l'écran. Que dire également des énormes ralentissements qui sont aussi nombreux que dans l'exécrable Seven Samurai 20XX et qui nuisent totalement au bon déroulement de certains affrontements. De plus, il est dommage que les coups portés soient aussi lents et que votre personnage n'ait pas son pareil pour louper ses attaques. Eh oui, car un autre souci provient du manque de lock, ce qui vous obligera à frapper constamment en espérant toucher quelque chose. Guère problématique quand il s'agit de frapper des hordes d'ennemis, ceci devient plus embêtant quand le joueur est obligé de frapper le point faible d'un boss. Heureusement que le système de transformation et de combos est bien pensé et sort le jeu d'un marasme total. Comme je le disais plus haut, vous pourrez récupérer de l'énergie spirituelle en éliminant des ennemis puis vous transformer jusqu'à ce que la jauge de spiritualité soit complètement vide. Récupérant d'autres transformations au fil de l'aventure, vous aurez ensuite le choix de vous métamorphoser à votre convenance en passant par une arborescence recensant toutes les évolutions à disposition. Le système des combos est également très bien pensé. Vous devrez dans un premier temps récupérer des composants électroniques qui vous serviront à acheter de nouveaux coups. Ensuite direction un menu spécifique dans lequel vous pourrez choisir la suite de vos combos. En fonction de la touche choisie, certaines combos seront plus puissantes mais en contrepartie, vous devrez payer plus cher pour y avoir accès. Chaque monstre disposant de coups spécifiques, on se rend vite compte que le jeu comporte pas mal d'attaques différentes. Enfin, en parallèle de ces combos vous pourrez aussi déclencher une attaque surpuissante lorsque que votre jauge de furie sera pleine, cette dernière se remplissant à intervalles réguliers.
Comme les screens le démontrent, le jeu a beaucoup de peine à convaincre d'un point de vue graphique. Nous sommes ainsi cantonnés dans des environnements sans réelle saveur ou l'absence de polygones sera aussi présente que l'absence d'originalité. Néanmoins, la possibilité de se transformer en triton ou par la suite en dragon vous permettra d'évoluer sur terre, sous l'eau, dans les airs. Dommage également que le character design ne soit pas plus réussi, le bestiaire du jeu étant assez moyen. Ceci est malgré tout contrebalancé par un grand nombre d'ennemis, même si plusieurs d'entre-eux sont divisés en plusieurs sous-catégories, un peu à la manière de Blood Will Tell. Il faudra aussi apprécier l'aspect extrêmement gore du soft, les ennemis pouvant être découpés en deux ou entièrement dépecés... Un véritable mixe entre Shadow Of Rome et Nonobreaker ! Décernons ensuite une mention spéciale aux cinématiques qui sont très belles et qui interviendront à chacune de vos transformations ou lors des passages clés de l'aventure. L'ambiance sonore reste aussi de bonne facture avec un doublage anglais et des bruitages typiquement arcade. Je me demande même si le bruit des coups de poings n'a pas été volontairement accentué pour ajouter une petite touche bien kitch en forme d'hommage au jeu original.
Altered Beast arrive bien mal, engoncé entre Shadow Of Rome, Blood Will Tell ou l'arrivée imminente de Devil May Cry 3. De plus, le jeu a bien trop de problèmes pour se permettre de briller en société. Bien trop répétitif, une difficulté mal dosée, un cheminement maladroit, le titre de Sega n'a malheureusement pas grand-chose pour nous convaincre de son potentiel. Reste un système de combos très bien vu et de belles cinématiques mais ce n'est bien sûr pas suffisant pour s'imposer sur PS2 où le genre beat'em all/jeu d'action est sur-représenté. Ayez aussi en tête que le jeu joue beaucoup sur l'aspect gore des combats, ce qui ne plaira pas à tout le monde. Un titre à découvrir en occasion à très bas prix et ce même pour les fans les plus endurcis du jeu original.
- Graphismes10/20
Les cinématiques sont superbes mais les environnements restent vides et peu recherchés. Le bestiaire est par contre assez volumineux et on trouvera parmi une kyrielle de monstres inintéressants quelques adversaires qui sortent du lot. Néanmoins, les 7 transformations du héros (en loup-garou, en dragon, en yéti, en triton...) sont plutôt convaincantes.
- Jouabilité10/20
De gros ralentissements sont visibles lors de passages très fouillis où les monstres pullulent à l'écran et on regrette qu'il n'y ait pas de lock disponible. Heureusement que le système de combos est judicieux puisqu'il vous permettra de customiser vos coups selon votre convenance.
- Durée de vie13/20
Le jeu est du genre difficile, les sauvegardes étant très espacées, mais si vous avez déjà terminé Chaos Legion, vous ne devriez pas avoir trop de soucis pour venir à bout d'Altered Beast. Trois modes de difficulté sont disponibles et plusieurs bonus seront à débloquer.
- Bande son11/20
Le doublage anglais est de bonne facture et les bruitages semblent avoir été accentués pour mieux coller à l'ambiance sonore d'origine. Les musiques restent aussi d'un bon niveau, le tout oscillant entre des thèmes très posés ou des compositions plus musclées lors des combats.
- Scénario9/20
Un complot, des expériences génétiques, un héros qui n'aura de cesse de découvrir la vérité en répandant des tonnes de viscères sur son passage et une mystérieuse jeune femme qui en sait plus long qu'elle ne le dit. Le scénario n'est en fait qu'un prétexte à installer une ambiance qui doit beaucoup plus au barbarisme qu'au lyrisme.
Cet Altered Beast nouvelle génération est bien loin du jeu d'action qui se respecte. On retiendra de cette résurrection un système de combos bien pensé, des superbes séquences cinématiques ou le plaisir de déchaîner une puissance phénoménale en se transformant en l'un des 7 monstres du jeu. Ceci dit, face à de gros problèmes de gameplay, un cheminement mal élaboré ou encore une lassitude qui s'installe rapidement, les points positifs ne pèsent pas bien lourd. A rugir d'ennui.