Attention innovation. Alors que des compilations plus ou moins réussies de jeux à consonance nostalgique sortent dès que les éditeurs ont quelques problèmes à dénicher un concept intéressant, voilà enfin un titre sortant de cette mouvance. En effet, au lieu de mettre en avant des pongs, pacmans et autres galaxians monochromatiques, Arcade Action propose 30 softs qui sont en fait identiques à ceux que je viens de citer, si ce n'est quelques petits ajouts censés les sublimer. Un retour en arrière, avec une petite pincée de bond en avant qui finit tout de même loin en arrière. Obscur ? Voici l'explication.
Dès que vous apercevrez la jaquette de cette compilation, vous vous direz, sans arrière-pensées, simplement guidé par votre inconscient, que vous ne devez surtout pas la retourner amoureusement pour découvrir les photos d'écran en son dos. Une espèce de réflexe atavique d'auto-préservation qui ne servira pas à grand-chose, car le verso de ce coffret somptueux ne dispose d'aucune illustration. Sans doute pour ne pas effrayer l'acheteur déjà dubitatif. En effet, on s'aperçoit bien vite lors de l'introduction du disque que l'on vient de commettre l'irréparable. Déjà les écrans titres nous sautent au visage tels des aliens en manque de nourriture, ou un panda privé de bambous. Arborant des teintes bien trop vives et une gestion des couleurs catastrophique aboutissant à une sensation désagréable d'observer ces tons baver. D'autre part, les associations de ces nuances sont les plus souvent malvenues, et donnent un côté relativement déstabilisant à l'ensemble, confinant parfois au mauvais goût le plus évident. Mais essayons de ne pas nous arrêter à ça et parlons de la réalisation propre au jeux en eux-mêmes. Malheureusement, ce n'était visiblement pas la bonne piste. Effectivement, tentant d'utiliser une 3D apparemment réfractaire, Arcade Action expose des tableaux de jeu extrêmement dépouillés, et une utilisation des textures et de la modélisation clairement dépassée et poussant à ne pas poursuivre l'aventure ludique.
Pourquoi ne pas tabler sur une exploitation de la 2D en plaçant l'ensemble des capacités de la PS2 sur une finesse d'environnement coloré, des animations en fond d'écran et un gameplay en adéquation ? Cela aurait évité, et à moindre frais, une foire aux zones de jeu toutes moins attrayantes les unes que les autres. "Qui veut mon Stone Keeper ?", "Moitié prix sur le Steps cueilli de ce matin !". Le design est également en cause, apportant avec lui son lot de décors d'un classicisme détonnant, et des concepts graphiques très discutables. Soit, la forme ne fait pas tout, mais elle agit en grande partie sur l'intérêt immédiat, et permet de conserver le joueur. Ce qui n'est pas le cas ici. De plus, le grand trip "revival" commence sérieusement à s'essouffler et il faudrait penser à renouveler un tantinet ces inspirations tournant expressément à la facilité mercantile. Surtout quand en sus de cela ce principe est masqué par le sceau d'une certaine "remise à jour". Certes, ce procédé peut parfois pousser à faire connaître des oeuvres à la jeune génération ou aux personnes n'ayant pas eu l'occasion de s'essayer à tel ou tel soft, mais le fond de l'affaire est louche, comme diraient les détectives dans les séries des années 60. Effectivement, il est aisé de commercialiser un produit dans lequel on ne note aucune trouvaille véritable, sans réel danger pour sa commercialisation. C'est clairement un choix de facilité assez peu compréhensible, dans le sens où le titre est pratiquement certain de ne pas marcher auprès du public. Surtout quand l'intérêt des jeux proposés ne suffit pas, et loin de là, à légitimer le produit.
Après un tour complet des divers choix présents, il est temps d'arriver à cette constatation inéluctable, on ne s'amuse pas du tout avec Arcade Action. Même si ce dernier a le mérite de proposer beaucoup de mini-jeux pouvant s'expérimenter à deux, nous sommes loin du "fun" et du rapprochement quasi fusionnel évoqués dans des softs tels que Micromachines ou encore Super Smash Bros Melee. Reprenant les grandes lignes de Pong, Arkanoid, Bomberman, Space Invaders, le titre qui nous intéresse aujourd'hui réutilise des recettes éculées dans une cuisine assez indigeste. Souvent peu maniables (ce qui est un comble) du fait de l'utilisation mal aisée du stick analogique, des divertissements comme Football Spring ou Space Rebels, pour les plus originaux, demeurent désagréables à pratiquer, et ne donnent pas franchement envie de connaître le reste. Toutefois dans ce flot de copiés-collés, il est possible de découvrir quelques petits amusements sympathiques. Hills and Holes, dont le principe est de se remémorer une zone neutre sur laquelle se placer en attendant qu'un passage se forme, Emptiness, se basant sur une gestion de la direction d'une balle à l'aide de murs de briques placés stratégiquement, ou encore Gravitational Attack développant un affrontement entre vaisseaux utilisant des missiles directeurs, restent véritablement les choix les plus intéressants que l'on peut découvrir. On laisse d'ailleurs de côté consciemment les puzzles et autres éléments peu prenants s'ennuyer dans leur coin. Et je ne parle pas des compositions musicales, redondantes, et sincèrement lassantes au bout de seulement 45 secondes, chronomètre en main. En même temps, c'est à peu près la durée moyenne des épreuves incluses dans le jeu distribué par SG Diffusion. Vous l'aurez compris, ce n'est pas la peine que je poursuive ces reproches. Arcade Action est un titre désespérément mauvais, dénué d'inventivité, et dont on ne retiendra que le prix vraiment trop élevé pour son contenu. Pour 30 euros, je vous rappelle que vous pouvez acquérir FF 10, MGS 2, voire Jak 2. Espérons juste que les développeurs pourront vraiment se donner les moyens de faire ce qu'ils souhaitent dans ce monde assez dur du jeu vidéo avec quelques fonds supplémentaires.
- Graphismes5/20
Une 3D mal utilisée, des décors vides, une approche graphique désastreuse et des couleurs mal choisies emportent la qualité générale vers des abîmes dont on ne revient jamais. Heureusement que nous avons droit à un menu en 3D animé.
- Jouabilité12/20
Curieusement, et malgré la simplicité d'accès des mini-jeux, la maniabilité s'avère parfois défaillante, lorsque le stick analogique entre en jeu. On note tout de même une variété de gameplay assez imposante, se distillant sur les 30 titres présents. A noter tout de même cinq ou six épreuves amusantes de par leur approche au niveau du gameplay.
- Durée de vie6/20
Les 30 jeux sont désespérément courts, et l'on ne possède vraiment pas de motivation suffisante pour parcourir chaque type dans ses moindres recoins. Aucun challenge n'est prenant, ni intéressant, et le mode de joueur ne rattrape pas la morosité générale.
- Bande son5/20
Collant à la sauce années 80 du jeu, la bande sonore utilise des sonorités très limitées, et des compositions redondantes et terriblement lassantes. Le tout saupoudré de solo de clavier Bontempi à faire rougir les compilations synthétiseur 3 et 4.
- Scénario/
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Limité et peu enthousiasmant, Arcade Action ne donne vraiment pas envie de s'investir dans la découverte des mini-jeux présents. Simples réactualisations de certaines légendes, ici dépréciées, ou créations de titres inintéressants, le titre de Phoenix regroupe une somme de softs aux lacunes évidentes et à la durée de vie risible. Une production vraiment mauvaise, qui profite une nouvelle fois du syndrome "revival" bâclé qui commence à bien faire. A éviter.