Vous incarnez Peter Wright, un publicitaire New-Yorkais sans histoire. Mais un jour, sa femme et son fils décèdent dans un accident d'avion. Depuis, notre homme s'isole, s'est mis à l'alcool et n'a plus aucun projet d'avenir. Sa vie se résume donc à aller au bureau et à revenir ensuite chez lui sans chercher à sortir ou à faire des projets d'avenir. Bref, son existence est devenue terne et morose. Cependant, un événement va venir tout bouleverser puisqu'un soir, alors que Peter était tranquillement chez lui, il va être le témoin d'une scène qui va changer sa façon de voir les choses. En effet, son voisin va être enlevé par un commando des forces spéciales devant les yeux de sa famille. C'est à ce moment là que l'enquête va commencer. Pourquoi a-t-il ainsi été arrêté ? Qu'avait-il fait ? Que savait-il qui pouvait mettre en danger certaines personnes haut placées ? Les questions se bousculent et vous devrez évidemment trouver des réponses au cours de votre aventure qui va vous mener dans une histoire de conspiration que vous n'auriez aucunement soupçonné au départ...

Le scénario du jeu constitue donc son principal intérêt puisqu'on remarque quelques similitudes du jeu avec des oeuvres cinématographiques et littéraires célèbres comme Blade Runner ou encore 1984 d'Orwell. Sur le plan des jeux vidéo c'est du côté de The Longest Journey que lorgne le plus The Moment of Silence. En effet, outre le fait que le New-York des années 2044 n'est pas sans rappeler la métropole de Stark dans TLJ, le gameplay est très semblable. Ainsi, les énigmes sont très rares et le jeu est plus basé sur l'observation et la bonne utilisation des objets que l'on trouve que sur des puzzles à la Myst. Autre similitude avec The Longest Journey, les dialogues sont très nombreux ce qui donne au jeu un rythme assez lent que certains amateurs de jeux d'aventure adorent mais que d'autres aiment moins. Ce ne sont pas moins d'une trentaine de personnages avec lesquels vous pouvez interagir ce qui représente environ 8 heures de palabres.

Avec un jeu où les dialogues tiennent une aussi grande place, il fallait bien évidemment soigner les doublages. Et bien rassurez-vous car c'est bien le cas. On reconnaît ainsi des voix très célèbres venues du cinéma et des séries télé comme celles de Jennifer Garner (Laura Blanc), Sarah Michelle Gellar (Claire Guyot) ou encore Matt Le Blanc (Mark Leser) et surtout Bruce Willis (Patrick Poivey) qui incarne à merveille Peter Wright. D'ailleurs, ce dernier comédien n'en est pas à son coup d'essai en matière de doublage de jeu vidéo puisqu'il incarnait déjà un des personnages de l'excellentissime The Dig (notre très cher commandant Boston Low). Bref, tout cela est plutôt convaincant, d'autant que l'ambiance sonore est aussi complétée par des bruitages et des musiques de fort belle tenue.

Mais alors, avec un univers SF réussi, un scénario captivant et une ambiance sonore soignée pourquoi le jeu n'obtient "que" 14/20 ? Et bien pour deux raisons principalement. Déjà, la réalisation graphique est en demi-teinte. Si les décors en 2D précalculée sont assez jolis, même si on auraient aimé qu'ils soient dotés d'un peu plus d'animations, il en est tout autre des personnages en 3D à la finition plus que douteuse. Les textures utilisées ne sont vraiment pas assez détaillées et l'animation de leurs mouvements est un peu trop rigide. Et pourtant, les développeurs ont utilisé la motion capture ! C'est à n'y rien comprendre, car dans la demi-heure de cinématiques en images de synthèses présentes dans le jeu, les personnages sont parfaits et leur animation de grande qualité. La différence entre le jeu et ces superbes séquences est trop flagrante.

Hormis l'aspect graphique, l'autre point faible du jeu est sa jouabilité qui est loin d'être parfaite. Les déplacements du personnage sont souvent laborieux car il répond assez mal aux ordres qu'on lui donne. Il faut souvent s'y reprendre à plusieurs fois pour réussir à lui faire faire ce que l'on souhaite et il prend parfois des chemins détournés pour arriver à l'endroit voulu. De plus, même si la touche H permet de voir les différents accès que vous pouvez emprunter (un peu comme dans The Black Mirror), l'utilisation de celle-ci montre qu'elle n'est pas toujours exhaustive dans les indications qu'elle donne. En outre, elle fait ramer le jeu. Le dernier petit grief que l'on pourrait faire concerne l'absence de journal récapitulant les actions accomplies et celles qui vous restent à faire. C'est toujours agréable d'avoir un petit carnet de route dans les jeux d'aventure. Cependant, ces quelques points faibles ne sont pas rédhibitoires et The Moment of Silence reste un bon petit jeu d'aventure grâce à son ambiance et à son scénario qui valent le coup d'oeil.