Un néon. A quoi ça sert un néon ? Au départ, à illuminer un tantinet une pièce de sa luminosité crue et chancelante, et sinon à faire mal aux yeux. Mais on peut l'utiliser également raccordé à une rallonge pour vérifier les différentes pièces de son moteur dans un garage, voire en faire une lampe d'appoint avec quelques petites fioritures. Du coup, on peut se demander ce qu'un tel objet peut bien faire sous une voiture ?! Eclairer la route ? Pourquoi ? A part pour servir de sauna à un chat ou à un hérisson, je ne vois pas. Néanmoins rien ne vous empêche d'en disposer dans NFSU 2.
Avant tout, la série Need For Speed Underground c'est une ambiance, un parti pris particulier, qui a le mérite de proposer un fond différent et original, véritable bouffée de fraîcheur vidéoludique. En ce sens le second épisode de cette saga s'inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur. Parcourant de vastes réseaux routiers à des vitesses défiant toute législation en vigueur, vous progressez au sein de rues étroites, tortueuses, et baignées dans une atmosphère nocturne omniprésente. C'est alors qu'intervient l'ensemble des trouvailles graphiques permettant de mettre en valeur la grande nappe noire qui s'étend sur la ville. Toutefois, et c'est une des grandes surprises de ce volet, vous n'aurez plus à subir un mur de couleurs et de teintes baveuses empêchant de comprendre quoi que ce soit à l'écran. En effet l'équipe de développement d'EA a revu entièrement le système d'affichage des reflets et des différentes sources lumineuses. S'étant sûrement rendue compte des problèmes rencontrés par les joueurs, cette dernière a choisi de ne plus miser l'aspect spectaculaire sur un déchaînement d'effets de réflexion. De ce fait, la route ne semble plus sempiternellement mouillée, comme dans la version précédente, et renvoie donc beaucoup moins d'éléments du décor volontairement illuminés. Toutefois, pas d'inquiétude. Le soft conserve toujours son "caractère" et utilise encore les halos troubles se détachant des diverses lampes à votre passage. Un travail graphique intéressant d'ailleurs qui plonge véritablement dans un univers baigné de dynamisme, de fureur et d'inquiétude.
Dans le même ordre d'idée, les environnements urbains rencontrés rivalisent de finesse et de complexité colorée. Comprenant parfois plusieurs dizaines de points scintillants, ils semblent former dans leur ensemble un gigantesque foyer flamboyant. C'est un véritable ravissement que de se laisser porter par ces immeubles et bâtiments plus modestes, se détachant dans la nuit, comme des entités étranges et fascinantes. Et malgré tout, l'affichage reste stable et l'aire de jeu très claire et visible. Un tour de force. Les différents véhicules quant à eux, modifiables à souhait, s'avèrent modélisés de manière convaincante et relativement crédibles. Les textures utilisées respectent avec force leurs homologues présentes dans le monde sensible, et donnent un cachet assurément réaliste à ces monstres d'aciers accompagnés de leurs zones de pugilat mécanique. Malgré tout, on s'aperçoit assez rapidement, lors des replays notamment , que ces automobiles rugissantes manquent parfois de quelques polygones et d'un peu de détail. Une lacune assez légère, mais qui étonne face à tout le battage médiatique exécuté autour du titre et sa réalisation sans faille. De plus, il est vraiment dommage de n'avoir pas accordé autant des soin aux voitures et autres moyens de transport présents dans le jeu. Il est bien évident qu'appliquer la même "finition" à l' ensemble des véhicules serait un peu trop demander aux consoles actuelles, mais il serait agréable de le masquer plus ou moins. Effectivement, durant un accident, lorsque la caméra se rapproche un tant soit peu, elle nous permet d'admirer les autos et les camions de bien belle manière. Si nous n'aviez jamais vu de playmobil en 3D dans un soft, saisissez votre chance avec NFSU 2.
Fort heureusement, cette petite carence s'oublie lestement à la vue de la richesse du gameplay, qui s'étoffe conséquemment dans cette version. Vous observerez ceci principalement dans le mode carrière, qui propose de se balader librement dans une cité très moderne contenant différents lieux importants à votre progression. Beaucoup plus étendue que dans le premier Need For Speed Underground, cette dernière contient en sus un nombre de défis autrement plus imposants, et quelques nouvelles fonctionnalités que je vais vous décrire sous peu. Mais d'abord quelques explications pour les personnes ne connaissant pas le grand frère du dernier d'Electronic Arts. Le principe est simple. Aux commandes d'un bolide acheté à bas prix (au départ seulement quelques modèles parmi lesquels une 106, une Toyota Corrola, ou encore une Nissan 240SX), vous déambulez dans une agglomération aux nombreux croisements et routes secondaires, cherchant à découvrir des défis. Ceux-ci, représentés par des cercles de couleurs au sol, vous permettent d'affronter d'autres concurrents fous de tuning dans des courses à thème, comprenant de simples affrontements sur circuit, des sprints (course en un seul tour), des "drag" pour "dragster" (dans lesquels la gestion de la boîte de vitesse est primordiale), des "drift" (accumulation de points en réalisant des glissades) et leur nouvelle forme, le "deval drift" (même chose mais dans une pente abrupte), et enfin des "street x", discipline inédite fondée sur la meilleure prise de vitesse en se servant des virages pris à la corde. Chaque victoire vous rapportant des points de respect et de l'argent, autant prospecter longuement. De toute façon, tous les endroits propices sont indiqués sur votre carte des lieux. Mais vous trouverez aussi différents garages vous vendant des pièces nécessaires à la modification externe et interne de votre bolide, qui vous feront savoir par sms (dans le jeu) quand ils recevront de nouvelles pièces. Et autant vous dire que vous aurez l'embarras du choix. Il sera assez difficile de posséder une voiture identique à celle d'un autre pilote. Une exhaustivité bienvenue.
Néanmoins ce n'est pas tout. Les cités seront aussi l'occasion de faire avancer la trame scénaristique en rendant des visites à votre muse du tuning nommée Rachel, ou en vous arrêtant sur des points d'informations, vous octroyant des renseignements sur le jeu et vous offrant accessoirement des fonds pour vos futurs achats. Et enfin, il vous est possible de provoquer d'autres pilotes dans les rues enfumées et parfois lugubres, de manière à empocher quelques deniers supplémentaires. Une richesse impressionnante donc, qui si elle ne se détache pas vraiment de l'épisode précédent, apporte suffisamment de durée de vie et de profondeur en plus pour être légitime. D'autre part quand on crie gameplay, on entend jouabilité. Cette dernière a subi une évolution notable, bien loin des véhicules déséquilibrés du premier opus. Le point qui étonne et satisfait le plus, se révèle être la gestion des dérapages, l'une des plus abouties de ce type de soft. Il est relativement aisé d'effectuer une glissade de côté, sans pour autant pénaliser la conduite générale, et l'on conserve toujours le contrôle. Un bonheur, qui se traduit par une simplicité à la fois manifeste et équilibrée de se remettre en bonne position pour continuer sa route. La physique des véhicules, si elle permet de grandes envolées à plusieurs mètres du sol, demeure toutefois incontestablement agréable et réussie lorsque votre voiture se trouve sur ses quatre roues. On parvient aisément à deviner les diverses trajectoires que l'automobile va emprunter tout en ressentant le poids de celle-ci, aidant à contrôler la situation en maître, le plaisir en plus.
Au final donc, NFSU 2 est un bon jeu, fun, complet et respectueux des joueurs, ce qui est de plus en plus rare ces temps-ci. Malgré de petits défauts et assez peu d'innovations dans l'ensemble, il demeure une valeur sûre qui procurera des sensations de joie à tous les intéressés qui se rueront dessus les yeux fermés. En revanche, est-ce une mode, dans les jeux EA, de dégrader l'image féminine ?
- Graphismes16/20
Baignés dans un flot lumineux et électrisants, les graphismes donnent à voir une qualité conséquente, n'ayant rien à envier à celle de NFSU premier du nom. Tout défile à une vitesse faramineuse, dans un déluge de couleurs et de teintes travaillées à l'extrême. Les effets de lumière se révèlent fort crédibles, équilibrés entre un aspect réaliste et fantomatique, sous la forme d'un halo se déplaçant suivant vos mouvements. Un tour de force en tout cas, qui englobe également des véhicules suffisamment jolis pour ne pas avoir à rougir face à d'autres productions. On regrettera seulement la modélisation assez effroyable des véhicules annexes, ressemblant à des blocs équipés de roues. Il est à noter également une gestion de la météo aléatoire et de la tombée de nuit, bien qu'un tantinet trop violente.
- Jouabilité15/20
La maniabilité bénéficie d'une facilité d'accès déconcertante, jonglant avec aisance entre fun et technicité. Bien que les voitures ne subissent pas de dégâts, ce qui est dommage, il vaudra mieux vous habituer à ne pas heurter les décors environnants dans des courses se jouant parfois au centième de seconde. Le maniement du dérapage et de l'évitement nerveux est alors recommandé dans un dynamisme conséquent et enivrant. Concernant le gameplay, celui-ci s'avère complet et profond, donnant à expérimenter nombre de points différents dans votre visite de la ville principale du soft. La progression demeure des plus agréable, dans un ensemble bien pensé et fortement attractif.
- Durée de vie15/20
Le mode carrière vous occupera durant de nombreuses heures, tant il pousse à progresser et à dénicher des bons coins dans un Bayview nocturne. De même, vous passerez un temps incalculable à modifier vos bolides de façon à posséder les plus design et impressionnants du pays. Mais ce n'est que le début. En effet, la possibilité online démultiplie la durée de vie, en proposant les mêmes défis que durant le jeu à l'échelle mondiale. Et si ça ne vous suffit pas, un mode deux joueurs est aussi disponible.
- Bande son16/20
NFSU 2 vous propose des compositions musicales de très grande qualité, avec de petites surprises comme un "Riders on the Storm" des Doors featuring Snoop Dog. Eclectique et intéressante, la bande sonore vous donnera aussi l'occasion d'écouter Xzibit, Queens of the Stone Age (très bon morceau d'ailleurs), ou encore Capone. EA est vraiment le spécialiste des réunions les plus improbables. Les effets sonores quant à eux restent convaincants et participent à l'immersion immédiate au creux du soft.
- Scénario/
-
Etonnant, immersif et parfois jouissif, NFSU 2 supprime la majeure partie des défauts de son grand-frère, et se pose comme l'un des titres de course arcade les plus intéressants. Malgré tout, on peut émettre des doutes quant à son degré de rénovation au gré même des parties. Le risque de redondance est bien présent, et il ne suffira que de peu pour faire surgir une lassitude conséquente. De plus, bien que très complet, il n'apporte pas vraiment suffisamment d'innovations pour contenter complètement, et se laisse parfois prendre par des défauts évitables. Mais au final, il emportera les fans aux anges, et il fera découvrir aux novices les bon côtés de l'arcade. Pas indispensable, mais aux atours enchanteurs.