Saga très populaire du côté de l'orient, la série des "Tales" de Namco foule pour la première fois du pied le vieux continent, suscitant l'émotion des hordes de fans de RPG de plus en plus nombreux en Europe. Voilà donc une sortie plus qu'événementielle, d'autant que le jeu en question se révèle être une véritable petite merveille.
Vous le savez déjà si vous avez eu l'occasion de jeter un oeil au dossier que nous avions consacré à Tales of Symphonia, le titre de Namco a suscité un réel engouement au Japon, au point d'éclipser quasiment la sortie de Final Fantasy Crystal Chronicles sur GameCube. Pourquoi donc avoir mis plus d'un an à nous offrir la crème de la série des "Tales" ? Sans doute à cause de cette vieille légende qui prétend que les occidentaux ne sont guère friands de RPG sur consoles. Quoi qu'il en soit, voilà aujourd'hui l'occasion de découvrir une série qui n'a pas volé sa réputation, même si Tales of Symphonia constitue à ce jour le seul épisode disponible en Europe.
Maintenant que vous savez tout le bien que nous pensons de ce titre, et avant de vous expliquer en détails pourquoi il est impératif de vous le procurer sans plus tarder, j'aimerais m'attarder deux secondes sur les caractéristiques de cette version PAL de Tales of Symphonia. Il faut en effet bien garder à l'esprit que nous avons affaire à une version occidentalisée du jeu, adaptée directement de la version américaine. Alors même si la localisation nous sert une excellente traduction française, on ne peut que déplorer les modifications opérées du côté sonore. Ainsi, non seulement il faut se contenter des voix en anglais qui, en toute objectivité, collent beaucoup moins à l'esprit du jeu que l'excellent doublage japonais, mais en plus, les responsables de la localisation ont cru bon d'accompagner le dessin animé d'introduction d'un nouveau thème musical plutôt quelconque, au détriment de la chanson originale "Starry Heavens" qui accompagnait de façon parfaite les images. Bien sûr, on ne va pas bouder le jeu pour si peu, et je vous promets que ce paragraphe sera le seul point négatif du test.
Admettez-le, si Tales of Symphonia a suscité votre intérêt, c'est en partie à cause de son aspect graphique. Franchement très typé manga, le jeu affiche une réalisation en cel shading de très bon aloi. Les environnements sont joliment colorés, les scènes de combat témoignent d'un dynamisme évident et l'apparente naïveté du jeu cache un scénario plus sombre qu'il n'y paraît. En vérité, les séquences animées et le design des personnages ont été confiés au mangaka Kosuke Fujishima, que l'on connaît notamment pour son travail sur Ah! My Goddess et You're Under Arrest. Le monde qui nous est dépeint a pour nom Sylvarant, et c'est sur cette terre, dans le petit village d'Isélia, que l'on fait la connaissance du héros, Lloyd Irving, et de ses amis Génis Sage et Colette Brunel. Cette dernière verra peser sur ses épaules de plus en plus lourdement le poids d'un terrible destin, puisqu'en tant qu'Elue du Mana, elle a le devoir d'entamer un périple pour la régénération du monde. Bien sûr, Lloyd et Génis ne la laisseront pas partir seule, mais la soutiendront dans sa quête aux côtés d'alliés qui bénéficient tous d'un charisme certain.
Dans son déroulement, Tales of Symphonia se démarque de la plupart des RPG par un certain nombre de choix de gameplay qui affichent rapidement leur efficacité. D'abord, les combats ne sont pas aléatoires puisque les ennemis sont visibles sur la carte et dans les donjons. Il est donc possible d'essayer d'éviter les monstres et même de les paralyser à l'aide de l'anneau du sorcier. Cet objet prend d'ailleurs une fonction différente dans chaque donjon afin de vous aider à surmonter les nombreuses énigmes qui entravent votre progression. Ensuite, le système de combat se déroule en temps réel et se rapproche un peu de celui de Star Ocean 3, si ce n'est que la liberté de mouvements est beaucoup plus réduite. On peut en effet déplacer son personnage uniquement dans l'axe d'un ennemi, mais celui-ci peut se trouver n'importe où. Par conséquent, il n'est pas rare de voir les personnages se croiser pour attaquer des ennemis différents, le tout étant de choisir sa cible avec soin. Le groupe étant constitué de quatre personnages, les combats sont jouables jusqu'à quatre joueurs simultanément, ce qui est assez rare pour être signalé. En solo, il convient de passer ses compagnons en mode automatique, mais en gardant à l'esprit qu'on peut parfaitement leur donner des ordres précis à n'importe quel moment. Les personnages contrôlés par les joueurs peuvent être paramétrés soit en mode semi-auto (seules les commandes de distance en défense et en attaque sont automatiques), soit en mode manuel (toutes les actions sont contrôlées par les joueurs et il faut gérer soi-même les déplacements par rapport aux ennemis).
C'est ce système de jeu qui rend bel et bien les affrontements aussi dynamiques et aussi sympathiques à observer. Les attaques fusent dans tous les sens et l'on dispose aussi bien de techniques spéciales que de sortilèges et d'invocations. La parade, les attaques sautées et les esquives sont indispensables et le déroulement des combats est beaucoup moins bourrin qu'il n'y paraît. On peut d'ailleurs très bien prendre le contrôle des autres membres du groupe, chacun disposant d'un style de combat particulier. Les personnages peuvent même unir leurs forces pour réaliser des attaques spéciales combinées dont je vous laisse imaginer l'efficacité. La barre de raccourcis sous forme d'icônes est idéale, et on est libre de choisir à quels boutons on souhaite associer ses techniques. De plus, le joueur détermine l'évolution de ses personnages en les spécialisant dans telle ou telle classe au fur et à mesure qu'ils obtiennent de nouveaux titres, et l'acquisition de gemmes EX permet d'obtenir de nouvelles capacités.
L'interface est un modèle d'ergonomie, les icônes d'objets savent se mettre en valeur au bon moment et les neuf personnages gagnent simultanément de l'expérience, même ceux qui ne participent pas aux combats. Dans le menu, on peut lire le synopsis de l'aventure qui s'agrandit au fur et à mesure qu'on progresse et qui permet de savoir où aller lorsqu'on est perdu. L'aventure est longue et s'étale sur 2 DVD pour une bonne soixantaine d'heures de jeu au minimum. Le soft comporte un bon nombre de mini-jeux et de quêtes annexes, telles que le bestiaire à compléter, la collecte des figurines ou encore la cuisine. Les saynètes, à savoir les discussions optionnelles qui interviennent régulièrement dans l'aventure, accentuent l'aspect manga tout en développant plus profondément la psychologie des personnages. Je ne vois pas quoi dire de plus pour vous convaincre que Tales of Symphonia est un titre indispensable, sinon en vous invitant à en découvrir plus en lisant le dossier et les interviews relatives au jeu. Et puis dites-vous qu'il est d'utilité publique de se mobiliser pour accueillir ce titre comme il se doit afin d'apporter la preuve que le RPG est un genre adulé également du côté de l'occident, et pourquoi pas voir éditer en version PAL tous les autres épisodes de la série !
- Graphismes17/20
La réalisation en cel shading apporte un côté irrésistible au jeu, mais aussi une certaine naïveté qui dissimule une aventure plus sérieuse qu'il n'y paraît. Le soft est très inspiré manga et seule la carte du monde fait tache au milieu de ce délice visuel.
- Jouabilité18/20
Le système de combat se démarque bien des autres RPG et fait preuve d'un dynamisme impressionnant. Les combats ne sont pas aléatoires et il est possible d'éviter les ennemis dans une certaine mesure. On prend un réel plaisir à évoluer dans le jeu et dans les menus, mais aussi à contrôler les différents personnages proposés, les combats étant jouables à quatre simultanément.
- Durée de vie18/20
Le niveau de difficulté est suffisamment bien dosé pour ne jamais qu'on soit obligé de booster ses personnages. Par ailleurs, l'aventure est relativement linéaire et donc accessible au plus grand nombre, mais elle réserve tout de même une bonne soixantaine d'heures de jeu au minimum.
- Bande son16/20
Dommage que la chanson originale soit passée à la trappe car elle était vraiment excellente. Dommage aussi que les voix soient en anglais, au détriment du doublage japonais, car elles collent beaucoup moins à l'esprit du jeu et dénaturent le caractère de certains personnages. Notez que vous pourrez débloquer toutes les musiques du jeu en terminant l'aventure ! (mais uniquement sur la version japonaise)
- Scénario16/20
Le scénario est finalement assez mature et, bien que d'apparence naïf, il ne nous épargne pas non plus les événements tragiques et douloureux. L'histoire est d'autant plus prenante que les personnages sont nombreux, et que les neuf que l'on contrôle disposent tous d'un caractère intéressant.
Premier épisode de la série des "Tales" à voir le jour en Europe, Tales of Symphonia est un RPG à ne manquer sous aucun prétexte. Son esthétique très manga le rend immédiatement sympathique, et son système de jeu en fait un titre extrêmement agréable à jouer. La soixantaine d'heures que vous passerez dessus vous paraîtra d'autant plus courte que l'aventure est riche et les événements nombreux. Nul doute que ce titre laissera son empreinte dans le coeur de tout amateur de RPG.