Après le raz de marée Seconde Guerre Mondiale (qui se poursuit d'ailleurs), c'est le Viêt Nam qui est à la mode ces derniers temps dans les FPS. Créateurs d'un genre qui ne fait pas l'unanimité et qu'on peut appeler le FPS hollywoodien, les gens de 2015 après avoir quitté EA sont allés voir chez Vivendi pour nous pondre leur vision de la guerre contre les Vietcongs. Au menu, aucune surprise puisque 2015 nous ressert ce qu'il sait faire : un shooter ultra dirigiste et scripté ad nauseam. Ca marchait bien dans Medal Of Honor mais là...

Seulement voilà, d'une part la lassitude face à ce genre de titre commence à poindre, et d'autre part, il faut dire que la mise en scène poussive ne compense pas le moins du monde le gameplay et l'IA bien moyens du titre. De plus les scripts sont souvent assez foireux. Vous n'êtes pas au bon pixel au bon moment ? Ben vous êtes mort, vous venez de prendre une roquette sur la tronche et c'est bien fait pour vous. L'ennui c'est qu'on a souvent du mal à savoir sur quel pixel on doit se tenir pour ne pas se faire éclater. Certaines situations sont de plus absurdes, comme dans l'un des premiers niveaux, alors qu'on nous demande de monter au sommet d'une colline pour marquer un bunker en vue d'un bombardement, inutile d'essayer de vous frayer un chemin en progressant prudemment au milieu de la cinquantaine d'ennemis. Non, non, vous allez vous faire descendre. Foncez plutôt comme une brutasse sans tirer, posez le fumigène et redescendez. Si on ajoute à cela que la mise en scène peine parfois à vraiment mettre une quelconque tension dramatique dans le jeu, on ne peut que constater la faiblesse de ce qui est supposé être tout l'intérêt d'un jeu du genre.

Et pourtant, ce n'est pas la seule puisque l'IA tant alliée qu'ennemie nous réserve des surprises grand-guignolesques. Combien de fois j'ai pu admirer le spectacle d'un GI planqué derrière un rocher et d'un Vietcong planqué de l'autre côté du susdit cailloux, se tirant dessus à 1 mètre sans se toucher ? Trop. Aussi nombreux qu'ils soient, vos alliés ne sont là que pour vous faire rire et pousser des cris ou faire des commentaires plus ou moins appropriés. Ce qui me fait penser que je dois vous dire un mot de la localisation des textes. Si le doublage est correct, il est assez scandaleux de lire des messages à l'écran qui n'ont aucun sens du genre "Appuyez sur Y pour servir la tourelle" ou "Utilisez le VAB comme couvert". Alors soit il y a une erreur dans les traductions, soit Men Of Valor est en fait un simulateur d'hôtellerie dans lequel on utilise un blindé en guise de fourchette et une mitrailleuse lourde comme assiette de potage. De quoi prouver tout le respect qu'on porte aux acheteurs avec ce jeu qui se veut une super production. Messieurs les pigeons, bonjour chez vous.

Mou dans son ambiance, à l'ouest avec son IA, MoV a bien du mal à tenir en haleine. Pourtant, son action est assez nerveuse, le problème c'est qu'on a deux types de situations. La première consiste à dégommer comme une cible en carton des gens belliqueux qui courent vers vous tels des hannetons sur une lampe bleue, passionnant. Pour la seconde, il faut imaginer une armée de Vietcongs qui semblent "poper" à l'infini et qui vous descendent de leur poste de campeur avant que vous n'ayez eu le temps de comprendre que le script prévoyait que vous seriez couché derrière la fougère de droite et pas celle de gauche. Ah ben aussi, vous cherchiez hein.

On pousse dans les détails pour s'attaquer à des problèmes de jouabilité agaçants, qui auraient pu être mineurs mais qui conjugués au reste ne font qu'aggraver les choses. On citera le passage d'une station debout à couché ou accroupi bien trop lent ou la visée difficilement gérable et qu'on a du mal à cibler sans à-coups. La seule petite chose qu'on peut apprécier et qui change vis à vis d'un MoH est probablement la possibilité de fouiller les corps pour y trouver des kits de soins ou des munitions. Bon, c'est vrai que ça fait bien 5 ou 6 ans qu'on a vu ça pour la première fois mais mieux vaut tard que jamais. Et puis bon faut bien que je termine sur un mot doux... Quoi que... Je pourrai aussi conclure en parlant des graphismes pas trop vilains mais plombés par un frame-rate mou du genou et un aliasing qui vous vrille la rétine. L'avantage c'est que ça peut vous servir de tire-bouchon ensuite.