"Alors mon Poussin, je t'ai manqué ? Notre petit jeu de l'année dernière t'a plu ? Tu as aimé suivre les indices que j'ai volontairement laissé s derrière moi ? J'ai beaucoup aimé moi aussi, et j'ai une surprise pour toi : rien de tout cela n'est encore terminé. Honnêtement, tu pensais que j'allais me tenir tranquille encore combien de temps ? Mon Grand Oeuvre n'est pas achevé, tu le sais bien. Il me reste encore un dernier détail à régler.
On savait le Phoenix en fuite, envolé dans la nature et ne laissant plus aucune trace de lui. On le pensait caché dans l'anonymat le plus complet, satisfait d'avoir rempli sa mission, d'être allé au bout de son Oeuvre macabre. Douze victimes avaient croisé son chemin, douze personnes mortes pour satisfaire son esprit malade et obsédé par des rites étranges. On espérait que la libération de Jack et Karen marquerait la fin des agissements du tueur. Mais on se trompait. Dans la tête dérangée du Phoenix, rien n'est terminé. Ses pulsions violentes l'ont poussé à agir une nouvelle fois, à poursuivre ce qu'il appelle son Oeuvre et à terminer ce qu'il avait commencé. Depuis un an, il se prépare, il attend patiemment son heure pour narguer les enquêteurs. Comme il l'avait déjà fait douze mois auparavant, il a envoyé un CD à l'agence SKL Network, un disque contenant de précieuses clés pour entrer dans son monde. Mais comme ce fut déjà le cas il y a un an, le programme est incompréhensible. Les références ésotériques s'emmêlent, alors que le Phoenix se plaît à jouer avec notre patience. Pour la seconde fois, l'agence se décide à diffuser au plus grand nombre le CD afin de multiplier les chances de déchiffrer son contenu.
In Memoriam : La Treizième Victime nous est présenté comme un add-on au jeu d'origine. Dans un sens, c'est bien le cas puisqu'il vous faudra posséder le CD original pour pouvoir lancer La Treizième Victime. Cependant, on peut aussi considérer qu'il s'agit d'un jeu à part, moins long que le premier, mais tout aussi passionnant. On quitte Jack et Karen qui ont eu leur dose d'émotions fortes, pour s'intéresser à Alex et Carolina, un couple au destin tragique. Carolina est morte il y a quelque temps dans d'étranges circonstances. Tout porte à croire que celui qui a fait ça, n'en était pas à son coup d'essai et la façon de faire renvoie aux méthodes d'un tueur en série qui a sillonné l'Europe. Malade à l'idée d'avoir perdue son amie, Alex trouve tout de même la force d'enquêter, et tombe sur la piste du Phoenix. Alex se suicidera peu après...
La Treizième Victime nous ouvre une nouvelle fenêtre dans l'esprit du Phoenix. A travers plusieurs épreuves initiatiques, on suit le trajet que le tueur à pris soin de tracer pour nous. On se laisse guider par ses mots et on se perd dans sa folie, avec toujours la satisfaction de se rapprocher pas à pas de la vérité à chaque nouveau piège déjoué. L'atmosphère si particulière du jeu se retrouve intacte dans son add-on, instantanément on renoue contact avec le Phoenix, on lit ses encouragements faussement sincères et on obéit à ses ordres, seul moyen pour nous d'avancer dans son programme. Le principe de In Memoriam est maintenant connu, l'effet de surprise n'est plus de mise. Il s'agit de combiner réflexion personnelle avec recherches sur le net pour répondre à la série d'énigmes posées par le tueur. Entre vrais sites contenant de fausses pistes et faux sites contenant de vraies pistes, on est vite noyé dans la masse. Evidemment, la bouée de sauvetage Google reste une alliée de poids. Et encore... Le niveau des énigmes a été largement revu à la hausse. Il faut bien souvent brasser plusieurs sites et recouper la moindre information avant d'entre apercevoir la moitié du début de la solution cherchée. Sans blague, La Treizieme Victime est extrêmement difficile. S'il se réserve à un public adulte, ce n'est donc pas seulement pour les images malsaines projetées par notre hôte, mais bien pour sa difficulté extrême et obsédante.
Parallèlement aux longues recherches à effectuer sur la toile, on est également sollicité directement via notre boîte mail. Tout comme nous, la brave Julie s'est procurée le CD du tueur et s'est mise sur le coup. Elle n'hésitera pas à vous fournir les résultats de ses déductions, allant parfois même jusqu'à vous souffler la solution de certaines énigmes, en cas de panne de neurones. Si l'ambiance est donc restée intacte, quelques remaniements du gameplay ont tout de même été entrepris, notamment afin de supprimer les petits jeux d'adresse si énervants. Une excellente nouvelle pour tous ceux qui, comme moi, ont pesté contre le Space Invaders inutile du premier volet. Désormais, tout se base sur votre réflexion ou votre sens de la logique. A l'image de la façon d'agir du Phoenix lui-même, minutieuse et précise, le hasard n'a pas sa place. La Treizième Victime cache bien ses mystères, mais quelle satisfaction lorsqu'on parvient à les élucider !
- Graphismes14/20
Comme pour le premier volet, il s'agit moins d'une affaire de technique que de design. Les symboles kabbalistiques qui envahissent l'écran, la représentation malsaine de certaines énigmes et les animations dérangeantes participent pleinement à donner une ambiance la plus oppressante possible.
- Jouabilité18/20
La simplicité dans son expression la plus juste. Le mélange jeu et internet fait encore son effet. On ne sait plus bien où se trouve la frontière entre fiction et réalité.
- Durée de vie14/20
Moins long que son prédécesseur, La Treizième Victime est en contrepartie bien plus difficile à résoudre. Ainsi, s'il y a moins d'énigmes, vous passerez quand même beaucoup de temps à tenter de percer leurs secrets.
- Bande son14/20
Au même titre que l'ambiance graphique, la bande-son se veut très travaillée pour instaurer un climat dérangeant. Le Phoenix nous entraîne dans son monde et nous le fait entendre.
- Scénario17/20
Le tueur nous ouvre grandes les portes de sa perversité pour un voyage complexe qui peut mettre mal à l'aise. Sans se limiter à reprendre les mêmes ficelles de In Memoriam, La Treizième Victime explore quelques zones du scénario jusque là restées dans l'ombre.
Indispensable pour tous ceux qui ont aimé In Memoriam, La Treizième Victime poursuit l'Oeuvre macabre du Phoenix et nous met face à une série d'épreuves plus difficiles encore que ce à quoi le tueur nous avait habitués.