Après Kohan : Immortal Sovereigns et son stand alone Kohan : Battles of Ahriman sortis respectivement en 2001 et en 2002, Time Gate Studios se décide enfin à nous montrer la suite de sa célèbre saga de jeux de stratégie joliment nommée Kohan 2 : Kings of War. Nouveau moteur graphique, gameplay plus riche et scénario soigné sont quelques-uns des éléments de ce nouvel opus. Comblera-t-il les inconditionnels du genre ?
Cette suite a gardé le gameplay si particulier de ses prédécesseurs à savoir une gestion des troupes qui ne se fait pas de manière individuelle mais bien par compagnie de plusieurs unités. Ainsi, on déplace et on fait agir des compagnies entières et pas les unités individuellement. Et il en est de même pour la création de votre armée : on n'entraîne pas un archer ou un piquier, mais une compagnie d'archers ou de piquiers. Il est cependant possible de personnaliser la composition des compagnies en définissant soit même quel sera son commandant, les unités à l'avant, sur les flancs et en soutien. Si ce point particulier était original à l'époque d'Immortal Sovereigns ou de Battles of Ahriman, il faut bien avouer qu'aujourd'hui d'autres jeux ont repris ce principe, comme Warhammer 40000 : Dawn of War et ses escouades très récemment.
L'aspect gestion aussi est calqué sur les aînés du jeu. Les ressources sont identiques : or, pierre, bois, fer et mana et la façon de les obtenir aussi. En fait, il n'est pas nécessaire de dire à chaque unité d'aller chercher de l'or par exemple. En l'occurrence, il suffit de trouver un gisement et de construire une mine dessus. Il n'y a pas à affecter de mineur : l'or tombe dans votre escarcelle automatiquement. Pratique ! D'ailleurs, la construction d'une base est aussi simplifiée à l'extrême puisque vous ne choisissez pas à proprement parlé la position de chacun des bâtiments. En effet, une fois votre QG bâti, les constructions annexes (forge...) seront automatiquement placées. En outre, le mur d'enceinte est aussi prédéfini : il n'est pas possible de bâtir soit même où on le souhaite des fortifications ou des tours de défense.
Tout cela fait que le joueur peut s'occuper de l'essentiel : les combats. Ceux-ci constituent en effet le gros du jeu. Pour y faire face, vous disposez d'unités variées : piquiers, lanciers, archers, fantassins, unités volantes, sorciers... La magie tient d'ailleurs un grand rôle car elle permet, outre l'attaque des ennemis avec des boules de feu ou des éclairs de renforcer les capacités de ses troupes. Tout cela aussi se fait automatiquement : les sorts sont jetés par l'IA de façon fort judicieuse. A ce propos, l'utilisation de la magie donne d'ailleurs lieu à de jolis effets de lumière et il est dommage que les décors et les bâtiments n'aient pas bénéficié du même soin. Mais bon, passons. Il faut aussi préciser que les unités gagnent de l'expérience (et donc de la puissance) au fil des combats et qu'il est possible de diriger des héros qui sont des unités un peu spéciales bénéficiant de capacités exceptionnelles.
Côté scénario, la campagne fait dans le très classique : vous prenez tour à tour le contrôle de différentes races du jeu pour venir à bout de vos adversaires. On est plongé dans un mode heroic fantasy et les six races s'inspirent très fortement de l'univers de Tolkien même si leur nom est différent. On retrouve ainsi les humains, les gauris (des sortes de nains), les harouns (des elfes), les ombres, les draugas et les morts-vivants. En multijoueur chaque race se divise aussi en plusieurs factions qui donnent chacune des bonus spéciaux. Ainsi, si vous prenez des humains ceyah vous disposez d'un bonus à la vitesse de déplacement et à votre puissance d'attaque, alors que si vous choisissez des humains nationalistes, les bonus seront pour votre coût de recrutement. Ce système est intéressant mais il est dommage qu'il n'ait pas été poussé plus loin. Ainsi, même si on remarque une différence de look entre les unités des différentes races et que quelques troupes sont spécifiques, en jouant, on adopte toujours des stratégies identiques quelle que soit la race choisie. Bref, même si le jeu n'a pas de gros défauts, il n'est pas à la hauteur du standard actuel en matière de jeu de stratégie. Kohan 2 est sympathique sans plus.
- Graphismes12/20
Malgré des effets de sorts réussis, les décors ne sont vraiment pas beaux : les textures utilisées sont grossières et les bâtiments très peu détaillés. Les unités non plus ne s'en sortent pas très bien et manquent cruellement de polygones.
- Jouabilité15/20
Le gameplay est plaisant grâce à un système de gestion simplifié des ressources qui automatise une grande partie des tâches rébarbatives comme la collecte d'or ou de bois et qui laisse le joueur se concentrer sur l'essentiel : les combats.
- Durée de vie14/20
Entre le mode multijoueur, la campagne, l'éditeur de cartes et de missions, il y a de quoi faire. Cependant, il semble que la lassitude se fasse très vite sentir car quel que soit le camp choisi, on adopte finalement toujours les mêmes stratégies pour arriver à la victoire.
- Bande son11/20
L'ambiance sonore mélange allègrement le meilleur (les musiques sont sympathiques), et le pire (les bruitages sont vraiment catastrophiques). Quant au doublage français il n'est pas mauvais, mais il n'y a pas de quoi s'extasier non plus.
- Scénario13/20
Le scénario de la campagne n'a pas bénéficié d'un soin particulier. En effet, on retombe sur les poncifs du genre et les surprises sont très rares.
Kohan 2 : Kings of War ne se démarque en rien de la production actuelle de STR. Malgré un gameplay efficace (copie quasi-conforme de celui des précédents volets de la série), il ne parvient pas à convaincre totalement. La faute peut-être à une réalisation graphique et sonore en dessous des standards d'aujourd'hui ou d'une campagne longue mais aux missions répétitives et rébarbatives. Bref, on se retrouve en présence d'un jeu qui n'est certes pas mauvais, mais qui ne dispose pas de la petite étincelle qui ferait de lui un hit. C'est moyen voilà tout.