Surgi d'un lointain passé, Outrun 2 a-t-il de quoi tenir tête à ses concurrents modernes ? On serait en droit de se poser la question mais ce serait oublier que Sega sait comment s'imposer dans la masse des jeux d'arcade au gameplay addictif. Voilà une galette qui se montrera indispensable au joueur nostalgique ou lassé par trop de surenchère visuelle.
Sortir un jeu de courses arcade pratiquement en même temps que le blockbuster Burnout 3, voilà une prise de risque osée qui mérite des louanges. Mais le courage ça ne fait pas tout, encore faut-il avoir de quoi tenir le front et après une preview mi-figue mi-raisin, il est temps d'approfondir le sujet Outrun 2.
Difficile de faire plus simple qu'Outrun dans son mode arcade : on roule et on fait tout pour franchir les checkpoints avant la fin du chrono. Bon, ça c'est pas nécessairement ce qu'il y a de plus passionnant à faire je vous l'accorde. C'est pourquoi on trouve d'autres types de parties qui feront intervenir le personnage dit "la greluche", dans les faits, c'est votre petite amie, mais si vous en avez une comme ça, faut absolument rompre (et ça marche dans les deux sens d'ailleurs). Votre objectif sera tout bêtement de l'impressionner en conduisant comme un malade. Pour cela on pourra aller faire un tour dans le mode Heart Attack qui consiste à faire ce que la dame exige de vous au cour de la course afin de remplir une jauge de séduction. C'est ici que l'on retrouvera le principe des fameuses intersections d'Outrun (la route de gauche étant plus facile que celle de droite).
Bien plus stimulant, le mode défi est de loin le plus intéressant de tous. Un total de 101 courses vous attendent, réparties en plusieurs niveaux, il faudra compléter les courses de chaque zone pour progresser. Ah ben oui ça va être dur de faire plus bateau. Ici encore, il sera question de faire frémir la potiche qui n'en peut plus de lancer des "j'aime aller vite ! Hihihihi !". Pour ce faire, il vous faut terminer une course dans le temps imparti tout en réalisant une suite d'épreuves. Par exemple, déraper sur la plus longue distance possible, chaque mètre de glissade remplissant la jauge dont il était question plus haut. Au final, on comptabilise le score et si vous obtenez au moins un classement A, vous avez gagné, votre copine ne vous plaquera pas. Alors dit comme ça, ça semble simple, mais plus on avance et plus les timings sont serrés et surtout, plus les défis deviennent tordus, dans la veine de ce que sait faire Sega quand on se souvient du mode défi d'un Virtua Tennis. Si l'on est peu surpris lorsqu'on nous demande de partir en dérapage contrôlé, de rouler sur une certaine portion de la route, de maintenir une vitesse X ou de doubler constamment le trafic, on commence à être drôlement perplexe devant un descriptif de mission faisant allusion à du calcul mental. Tout en conduisant contre le chrono, il faudra également surveiller des chiffres qu'on devra additionner ou soustraire et au finish, franchir la ligne d'arrivée du côté de la bonne réponse à ce calcul. On trouvera aussi des challenges basés sur la mémoire ou encore des séances photos et toutes sortes de choses aussi originales. Et c'est exactement là qu'on doit trouver le charme du titre de Sega, dans cette variété et ces délires.
Car il faut bien l'avouer, en termes de sensations de vitesse, Burnout est passé par là et Outrun 2 accuse son retard. La conduite n'est pourtant pas très éloignée de celle du titre de Criterion. Réduite à sa plus simple expression, elle consiste à savoir accélérer et freiner. L'autre élément indispensable étant le dérapage qui peut se prolonger presque indéfiniment et qui permettra de prendre les virages de la manière la plus efficace qui soit. Mais il est évident qu'on en prend moins dans la face. Toutefois, c'est un faux problème, car dans le fond le soft de Sega ne mise pas sur la surenchère d'esbroufe visuelle et d'adrénaline (d'autant qu'à mon humble avis, l'adrénaline de Burnout s'est diluée dans le 3ème volet) mais plutôt sur la variété de ses challenges qui font toute son originalité. Le petit ennui, c'est que le mode classique s'avère bien creux et vite lassant. Vous allez me dire que je n'ai toujours pas parlé du mode Xbox Live. Vous avez raison, seulement je ne risque pas de le faire puisque la version test fournie n'est pas jouable online. Oui, c'est ballot. Du côté de la technique, le portage d'Outrun 2 sur Xbox ne l'élève pas au sommet de la chaîne alimentaire des tueurs de rétine. C'est joli, mais les modèles de voitures sont assez simples et on doit supporter un aliasing omniprésent accompagné d'un clipping léger sur l'arrière plan. On versera une autre larme sur la bande-son avec des effets vieillots et une petite amie un peu trop "teenage spirit" qui peut fatiguer avec ses remarques accablantes. Plus ennuyeux, les musiques sont des remix des thèmes originaux, ce qui est sympathique pour la nostalgie mais assez prise de tête dans les faits, d'autant qu'il n'y a que 7 morceaux à faire tourner, de quoi lasser les cages à miel les plus tolérantes.
- Graphismes14/20
On n'est pas au top des possibilités de la console c'est une certitude. Le moteur d'Outrun 2 donne vie à des modèles de voitures corrects pour ce qui est du véhicule du joueur mais assez grossier pour le trafic. On aimerait également chasser l'aliasing qui s'incruste au fond de l'écran.
- Jouabilité16/20
La prise en main est tout ce qu'il y a de plus simple. Si les sensations de vitesse ne sont pas aussi ahurissantes que ce qu'on peut voir ailleurs, le gameplay d'Outrun parvient néanmoins à accrocher grâce à des challenges originaux et un niveau de difficulté savamment dosé.
- Durée de vie14/20
En solo, une fois les défis terminés, le jeu risque de paraître un peu vide vu l'intérêt limité des courses simples. On peut ceci dit revenir au jeu sans déplaisir et le mode Xbox Live est là pour assurer une certaine continuité.
- Bande son13/20
Les thèmes musicaux sont plutôt lourdingues et peu nombreux (année 80 en force), de même que la voix de la fiancée. Les effets sans être mauvais, sont assez cheap.
- Scénario/
En définitive, Outrun 2 peut-il tenir tête à Burnout 3 ? Si vous faites partie de cette niche de joueurs qui pensent que Criterion à force d'en faire plus finit par en faire trop, ou simplement si vous êtes un nostalgique d'une conduite simple, complètement surréaliste et auréolée de défis parfaitement délirants comme sait en faire Sega, alors foncez, Outrun 2 est pour vous car c'est cette diversité et cette folie de challenge qu'on saura apprécier en dépit d'une réalisation un peu à la traîne.