"Tiens et si on faisait un Ghost Recon futuriste ?" Il ne faut pas plus d'une phrase de cet acabit pour donner naissance à un jeu. Après la difficulté, c'est la pratique, parce que les idées c'est bien mais ça nourrit pas son développeur. Seulement sans vouloir être cruel, ça m'étonnerait que ce Alpha Black Zero subvienne aux besoins de ses créateurs.
Sur un fond de complot futuriste tournant autour de colonies interplanétaires, de corruption et de plein de choses qu'on voit tous les jours aux infos, Alpha Black Zero vous met dans la peau du leader d'une escouade d'élite très Ghost Recon dans l'esprit, dont chaque membre est pourvu d'un équipement qui lui est propre et que l'on pourra incarner à volonté. Se voulant jeu de tactique, ABZ intègre bien évidemment un système d'ordres incluant les classiques du genre. On notera au passage que la-dite interface est assez mal fichue d'ailleurs.
Que dire si ce n'est qu'ABZ est un Ghost Recon en plus simple et en plus lourd. La tactique n'est en fait qu'illusoire ici, on progresse sans même avoir de mini-map du niveau, tout juste une boussole et même si en apparence les cartes sont ouvertes, on comprend vite qu'il n'est pas possible de s'écarter du chemin tracé par les développeurs. En matière de level design ABZ se montre peu inspiré, et souvent même fatiguant par la longueur des niveaux. L'aspect tactique n'est donc certainement pas à rechercher dans de quelconques waypoints. Idem, s'il est possible en début de mission d'opter pour un kit d'armes lourd, furtif ou standard, c'est clairement ce dernier qui l'emporte systématiquement. On n'aura ensuite qu'à passer d'un homme à un autre pour varier les styles, le plus souvent, on oscillera entre le leader et le sniper. Vos alliés ne sont toutefois pas totalement inutiles et videront assez efficacement les parages d'une bande de malotrus importuns. Mais on évitera de leur en demander trop pour ce qui est de trouver leur chemin tout seuls comme des grands. Non mais c'est que faire le tour d'une caisse c'est pas toujours facile non plus. Dans la série des trucs crispants et toujours à propos de nos petits copains, il aurait été intelligent de les rendre aptes à refaire eux-mêmes le plein de munitions sur les points de ravitaillement au lieu d'obliger le joueur à le faire manuellement pour chacun. C'est le genre de détails qui n'aident pas à se débarrasser de cette impression d'être suivi par des Sims.
Les ennemis ne font pas franchement mieux en matière d'I.A. D'abord on retrouve cette sensation qui a fini par devenir déplaisante dans Ghost Recon, ce sentiment de se battre essentiellement contre des têtes d'épingles. En gros, on tire sur des ennemis qui ont assez de malice pour détaler comme des lapins, sauf quand ils s'immobilisent tétanisés, toujours comme des lapins mais pris dans les phares d'une voiture cette fois. Inutile d'attendre quelques réactions surprenantes de leur part. Quant au corps, il est... amusant. Ce qui commence à allonger cruellement l'addition du jeu et ne fait que ramollir un peu plus un gameplay déjà soporifique, composé de longues marches dans un pseudo couloir, ponctué d'une séance de tir fadasse. La mauvaise qualité des armes n'arrange en rien les choses sur ce dernier point. Le pistolet de base est plus efficace que la mitrailleuse et l'effet produit par les armes rappelle plus un fusil à air comprimé de fête foraine qu'un super gun de la mort qui tue.
Et comme si cela ne suffisait pas la réalisation a vraiment de l'âge. Les éléments d'ambiance sont clairement ratés, à part peut-être les musiques. Enfin quand on les entend parce que, allez savoir pourquoi, le son est buggé en diable. Voilà soudain que je n'entends plus la musique, ou les speeches, ou encore les déflagrations. Etonnant. Graphiquement le jeu ne fait guère mieux avec des textures certes convenables mais un frame-rate un peu fou et des modèles animés de manière somme toute passablement ridicule. La vue à la troisième personne permet de s'en assurer et de constater la charmante façon dont le personnage glisse sur le sol. Ce qui ne l'empêche pas à l'occasion d'accrocher au sol sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. De toutes façons, tout ce qu'on comprend en jouant à Alpha Black Zero, c'est qu'on n'a pas tellement envie d'y jouer trop longtemps.
- Graphismes10/20
Les modèles 3D sont assez simplistes et surtout animés avec les pieds. Les textures des décors sont sympathiques mais les environnements sont vides et morts, le Serious Engine exploité par le jeu se fait vieux aussi.. Côté design c'est franchement bateau dans le genre SF.
- Jouabilité8/20
Outre le fait que le gameplay est aussi tactique qu'une crêpe peut être passionnante sur un plan métaphysique, le jeu peut se vanter d'avoir un interface d'ordres assez moisie et des mouvements qui manquent de fluidité. Les missions sont de plus trop longues quand on considère leur aspect linéaire qui rend la progression vraiment soporifique.
- Durée de vie11/20
Entre plantages et disparitions d'effets inexpliqués, on a droit à des musiques d'ambiance réussies, plus que les effets qui sont pour leur part relativement médiocres et sans aucune ampleur.
- Bande son12/20
La campagne solo peine à passionner et la motivation manque pour en venir à bout. Pas de quoi s'occuper pendant des jours et des jours quoi.
- Scénario/
Alpha Black Zero veut se faire passer pour un Ghost Recon futuriste mais il n'est en fait qu'un jeu très linéaire, aux missions trop longues, avec des ennemis aussi futés qu'une tanche et un gameplay "squad based" qui ne sert en fait qu'à passer du fusil de snipe à la mitrailleuse. On s'ennuie fortement très vite.