C'est un peu devenu une habitude. Tel Electronic Arts avec ses jeux de sports (FIFA Football...), Cyanide nous sort chaque année un jeu de gestion d'équipe cycliste. Et comble du hasard, il paraît toujours à la même période : en juin. Serait-ce dû à l'approche du Tour de France, un des plus grands événements sportifs de l'été ? Certainement. Mais puisque ces jeux rencontrent un réel succès et sont plutôt bons, pourquoi pas après tout mettre toutes les chances de son côté en sortant son titre au moment opportun. La question que tout le monde se pose maintenant c'est ce qu'apporte ce nouveau volet.
Déjà, ce n'est pas sur le plan graphique que le titre se démarquera de son prédécesseur. En effet, le même moteur graphique légèrement remanié a été utilisé pour la représentation des courses. Et ce n'est toujours pas à la hauteur des productions actuelles. Les décors sont fades et manquent d'animations, les textures sont grossières et le jeu pèche par un nombre limité de polygones ce qui fait qu'on se retrouve avec l'éternel look cubique des titres mal réalisés. Bon, ce n'est pas non plus catastrophique, mais cela aurait pu être beaucoup mieux. Il est donc grand temps de changer de moteur car si l'hypothétique prochain opus nous ressert les mêmes graphismes ça ne passera plus. Pour se faire pardonner, Cyanide a tout de même ajouté quelques nouveaux décors comme le vélodromme du Paris-Roubaix, le mur de Huy ou la place de Liège. En outre, il est possible de voir certains spectateurs qui courent à côté des cyclistes dans l'ascension des cols.
D'ailleurs, cet acte d'inconscience est généralement dénoncé par le commentateur. Et oui, c'est l'une des nouveautés de la version 4 de Cycling Manager : la présence de commentaires en course. Ceux-ci sont assurés par Patrick Chassé d'Eurosport (la chaîne de télévision). Et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est loin d'être satisfaisant. Le ton adopté est plat, il n'y a que très peu d'intonation de voix et même lorsque le commentateur s'emballe ça ne fait pas naturel. On est donc très loin des commentaires lors des retransmissions télé lorsque c'est Bernard Thévenet ou Laurent Jalabert qui nous font profiter de leurs analyses. Quant à l'ambiance sonore proprement dite, elle n'est pas non plus très réussie. On aurait aimé profiter un peu plus de l'ambiance des courses, entendre le moteur des motos qui doublent les cyclistes, les discussions dans le peloton lorsque l'étape vient de commencer, les chiens qui aboient au passage de l'échappée... Globalement, les bruitages ne sont vraiment pas assez présents. Enfin, les musiques qui nous sont servies pendant les phases de gestion ne sont pas mauvaises, mais elles ne sont pas assez nombreuses : trois morceaux, c'est trop peu !
Autre bémol, certaines équipes et certains coureurs n'ont pas leur vrai nom faute de licence. C'est le cas pour l'US Postal qui devient l'US Pystol ou pour Jan Ullrich qui se transforme en Jan Ullruch dans le jeu. De même, si on peut voir la photo de la plupart des coureurs dans leur profil, certains sont représentés par un simple point d'exclamation. Et les épreuves n'échappent pas à ce problème puisque le Tour de France devient le Grand Tour. Heureusement, il est possible d'importer une base de données différente que les fans ne tarderont pas à proposer sur le net pour avoir les vrais noms de ses sportifs favoris.
Mais la technique ne fait pas tout, alors voyons ce que propose concrètement le jeu. Le mode solo se décompose en quatre choix possibles : carrière, tour, étape et classique. Si vous choisissez une de ces trois dernières possibilités, vous devrez sélectionner votre équipe, vos coureurs et votre équipement (cadres, roues et casques) pour enfin participer aux courses. Il est possible d'accélérer le temps et même l'arrêter si vous souhaitez peaufiner une attaque. L'interface en course a d'ailleurs été améliorée depuis Cycling Manager 3 et vous pouvez afficher, déplacer ou faire disparaître une multitude de fenêtres (profil de l'étape, temps aux sprints intermédiaires...). De plus, lors des contre-la-montre, vous pouvez régler en temps réel le développement de chaque coureur. Il est aussi possible de jouer les courses en multi (jusqu'à 20 joueurs en LAN et 10 joueurs sur internet via Game Center).
Mais le gros morceau du jeu, c'est bien le mode carrière qui permet de prendre en main la destinée de toute une équipe : budget, transferts, achat de matériel, organisation de stages de préparation, entraînements... A ce propos, une nouvelle donnée fait son apparition : la gestion globale de la forme des coureurs. Aussi, ne comptez pas trop faire participer votre équipe à toutes les courses à bloc sinon, vous n'obtiendrez rien de bon car la forme se dégradera rapidement. Le risque de blessure est alors plus important. Heureusement, vous pouvez engager des médecins et tous les autres membres de votre staff (entraîneur et éclaireur). Cependant, les meilleurs sont aussi les plus chers et si vous jouez une équipe à petit budget, vous n'aurez certainement pas les moyens d'engager du personnel reconnu mondialement. Mais revenons à la forme des joueurs. Pour garder une équipe en forme, il faudra donc faire des choix sur les courses que vous souhaitez disputer. Un calendrier est disponible et ce sera à vous de faire les demandes de participation, d'accepter ou pas les invitations selon vos priorités. Au début d'une saison, plusieurs objectifs vous sont proposés selon l'envergure de votre équipe. Certains sont faciles à atteindre mais peu rémunérateurs, et d'autres plus difficiles mais si vous les remplissez, votre cagnotte fera un gros bon en avant.
Une fois que vous aurez votre équipe, votre staff, et votre planning, il faudra gérer l'entraînement de vos coureurs. L'interface à été améliorée sur ce point. Dorénavant, vous n'aurez qu'à faire varier un curseur oscillant entre forme et caractéristiques. Si vous déplacez le curseur sur "caractéristiques", le coureur gagnera en compétence mais perdra en forme car l'entraînement sera intensif. A l'inverse, si vous déplacez le curseur sur forme, ce sont les caractéristiques qui n'augmenteront pas alors que la forme s'améliorera. Bref, il faut trouver un juste milieu adapté à l'époque de l'année. Ainsi, il est déconseillé de faire subir à vos coureurs des séances d'entraînement poussées les jours précédents une grande compétition pour ne pas les fatiguer. Une autre manière d'améliorer son équipe est de l'envoyer quelques jours en stage (à la montagne pour optimiser les compétences de grimpeur, sur le bord de la mer pour se refaire une petite santé avec un stage "loisir"...). Evidemment, ces stages coûtent de l'argent et sont souvent réservés aux grandes équipes.
Enfin, il faut aussi préciser que l'intelligence artificielle est sensée avoir été améliorée. Mais elle est encore perfectible sur bien des points (des leaders qui tombent on ne sait trop pourquoi, des résultats aux arrivées pas toujours très cohérents...). Au final, que penser de ce Cycling Manager 4 ? Et bien c'est assurément le meilleur de la série avec les quelques nouveautés et améliorations qu'il apporte mais il n'est absolument pas nécessaire de l'acheter si vous disposez déjà du précédent volet.
- Graphismes13/20
Rien d'extraordinaire de ce côté. Excepté les quelques nouveaux décors, Cycling Manager 4 ressemble beaucoup à son prédécesseur. Les textures sont un peu grossières, les personnages et les bâtiments manquent cruellement de polygones. Bref, les courses ne vous en mettront pas plein la vue.
- Jouabilité15/20
Les nouvelles possibilités comme le fait de pouvoir choisir son développement lors d'un contre-la-montre ou encore l'interface que l'on peut personnaliser aisément pendant les courses apportent un plus non négligeable au jeu. En revanche, les temps de chargement qui se déclenchent lorsqu'on décide d'avancer d'une semaine hachent un peu trop le rythme du jeu.
- Durée de vie16/20
Un mode carrière en solo très conséquent où vous prenez en main la destinée d'une équipe et la possibilité de jouer simplement un tour, une étape ou une des classiques proposées font que le jeu dispose d'une très bonne durée de vie, surtout qu'il contient aussi un mode multijoueur.
- Bande son13/20
Mouais, si les musiques sont sympa, elles ne sont vraiment pas assez nombreuses. Et c'est pareil pour les bruitages : on n'entend pas grand chose pendant les courses hormis les cris du public. On aurait aimé avoir un fond sonore plus présent avec le chant des oiseaux, des églises qui font sonner leurs cloches au passage des coureurs... Quant aux commentaires, ils sont vraiment très moyens.
- Scénario/
Cycling Manager se bonifie avec le temps et ce quatrième opus est assurément le meilleur de la série. Cependant, on n'atteint pas encore le niveau d'excellence des jeux de gestion de club de foot comme LFP ou L'entraîneur. En effet, le titre de Cyanide est bien moins riche en possibilités et son intelligence artificielle laisse encore un peu à désirer. Cependant, que les fans se rassurent, le jeu est quand même très prenant, et puisqu'il est le seul de sa catégorie sur le marché, il n'aura aucun problème pour trouver son public.