Avec Breakdown, Namco tente le pari fou d'inventer le premier First Person Fighter, ou jeu de combat en vue subjective. A mi-chemin entre le First Person Shooter et le jeu de baston, Breakdown ne manquera pas d'impressionner les possesseurs de Xbox par son approche novatrice, son atmosphère empreinte d'expériences génétiques et ses combats immersifs.
Imaginez-vous subitement projeté dans la peau d'un individu amnésique. Un ancien expert en matière de combat qui se réveille un beau jour sans savoir qui il est ni ce qu'il fait dans un complexe scientifique hautement sécurisé. On se demande alors ce qui pourrait lui arriver de pire quand un commando prend d'assaut le laboratoire et s'apprête à mettre en joue notre homme pour le liquider. Sauvé in extremis par une jeune femme rompue dans le combat au corps à corps, notre héros va peu à peu découvrir l'origine des capacités qu'il est en train de retrouver et qui lui permettent d'utiliser son bras comme une arme redoutable. Mais l'heure est à la fuite, et qui sait si ceux qui sont apparemment ses ennemis ne disposent pas de pouvoirs encore plus puissants que les siens ?
Si je me suis attardée un petit peu sur l'intrigue qui sert de point de départ à Breakdown, c'est pour vous faire comprendre que si ce titre mise avant tout sur son gameplay atypique, il dispose également d'un scénario très intéressant qui dégage une atmosphère agréablement entourée de mystère. Le joueur souhaite véritablement connaître le passé du personnage qu'il contrôle, savoir pourquoi des êtres mutants en veulent à sa vie et quelles sont les véritables intentions des gouvernements américain et japonais qui soutiennent le centre de recherche. L'histoire jouant un rôle assez important dans le déroulement du soft, la progression affiche une extrême linéarité qui permet d'avancer vite, presque trop vite dans cette gigantesque tentative d'évasion. Quoique, "gigantesque", le mot est assez mal choisi quand on voit la durée de vie relativement modeste de Breakdown. Mais qu'importe, l'idée de base est tout de même suffisamment originale pour savourer pleinement ces phases de jeu inédites où l'on affronte ses adversaires au corps à corps à travers les yeux du personnage. En plus des armes à feu typiques de tout bon FPS, on dispose d'une bonne panoplie de coups pieds/poings qui permettent de réaliser des enchaînements requérant un timing précis. Si le tout se révèle plutôt jouissif, la maniabilité n'est pas complètement optimale et l'efficacité s'en ressent.
Puisque l'intégralité du jeu est vue à travers les yeux du héros, on se voit véritablement effectuer tous les mouvements nécessaires à la récupération d'un chargeur sur le corps d'un garde, à la dégustation d'un hamburger, d'une barre chocolatée ou d'une canette de soda dont les bienfaits énergétiques sont tels que l'on ne peut s'empêcher de se ruer sur le moindre distributeur présent aux alentours. Quelque part, on frôle parfois l'immersion d'un Shenmue et on se prend à éplucher tranquillement les pages d'un carnet de notes griffonnées à la hâte avant de reprendre ses basses besognes. Car Breakdown n'a pas non plus les ambitions poétiques d'un Shenmue, et le chemin que l'on emprunte est continuellement pavé de sang. Il se trame clairement quelque chose de louche dans ce complexe jonché de cadavres où l'on peut se faire attaquer par des surhommes à chaque détour d'un couloir. L'origine du mal s'appelle le T'langen, une substance inoculée à certains individus utilisés comme cobayes humains pour en faire des combattants T'lans, en un mot des surhommes. En résulte un processus d'accélération qui décuple les capacités physiques de l'individu, le faisant devenir une véritable machine à tuer que ne peuvent contrecarrer que ceux qui ont subi le même sort. On se retrouve alors à contrer à mains nues les balles ennemies et à effectuer des enchaînements spectaculaires et évolutifs, pas forcément faciles à placer d'ailleurs. Mais si le gameplay n'est ni totalement au point, ni véritablement intuitif, on ne peut s'empêcher de se prendre au jeu pour profiter d'une expérience encore inédite dans les jeux vidéo.
- Graphismes14/20
Si l'immersion est plutôt réussie à travers la vue subjective, il faut reconnaître qu'on s'attendait à mieux au niveau de la réalisation graphique. C'est correct mais vraiment pas bluffant, et les animations manquent de fluidité.
- Jouabilité15/20
Breakdown est le premier jeu de combat en vue subjective, et la combinaison du FPS et de la baston à travers les yeux du héros s'avère tout à fait intéressante, d'autant que les capacités du personnage sont évolutives. Mais le gameplay aurait pu être encore plus jouissif si les contrôles avaient été plus intuitifs.
- Durée de vie13/20
La durée de vie ne dépasse malheureusement pas la dizaine d'heures et on avance très vite dans le jeu grâce aux nombreux checkpoints.
- Bande son14/20
Une bande son suffisamment en accord avec le jeu pour servir l'ambiance sans pour autant parvenir à se mettre en valeur.
- Scénario15/20
Le joueur s'accapare rapidement la motivation et les questionnements du héros qui découvre progressivement les mystères qui se trament dans le centre de recherche.
On attendait beaucoup du premier First Person Fighter de l'histoire du jeu vidéo, alors on est forcément un peu déçu quand on constate que le résultat n'est pas aussi révolutionnaire que ce qu'on attendait. Même s'il n'est pas exempt de défauts, Breakdown propose tout de même une expérience encore unique sur consoles, et profite d'une vraie mise en scène et d'une immersion suffisamment efficace pour mériter l'intérêt des possesseurs de Xbox.