"Les gaugau... Les gaugau... Les gaugau, LES GAULOIS !!" Oui, le petit maigre et le gros monstre sont de retour sur PS2 après une absence finalement assez inaperçue du monde ludique. Fort de sa licence, Atari nous livre une nouvelle adaptation de ce qui n'est rien d'autre que la plus culte et franchouillarde des BD hexagonales. Ah combien de fois ai-je relu mes albums dont on mesure l'âge au nombre de pages décollées. Toute une culture.
Mais une culture bien maltraitée malheureusement. Tout commence lorsque nos deux compères accompagnés d'un petit chien savant rentrent joyeusement d'une partie de chasse au sanglier. Et là, stupeur et tremblement, ils découvrent que le village gaulois que nous connaissons bien a été mis à sac, et que les habitants ont tout bonnement disparu. On apprendra vite que c'est César qui est parvenu à les enlever et à les disséminer aux quatres coins de l'Empire. Voilà pourquoi on va devoir parcourir le monde, de la Normandie (l'ancienne, celle des barbares, pas celle du cidre) à l'Helvétie en passant par l'Hispanie.
La première bonne surprise du jeu, c'est de constater que le design de la BD a été bien rendu dans cet univers 3D. Décors et personnages renvoient sans problème à leurs modèles de papier. Du moins est-ce vrai dans l'esprit ou l'esthétisme. Parce qu'il faut bien avouer que c'est là le seul lien qu'on puisse établir avec l'oeuvre d'Uderzo et Goscinny. Même si lieux et personnages sont présents, c'est bien la personnalité qui manque. D'une manière générale le premier regret que l'on exprime face au jeu c'est son manque flagrant de charisme, à ce niveau il est totalement creux. Qu'il s'agisse du manque d'humour ou d'une inconsistance scénaristique cruelle, même pour un jeu du genre, on ne peut que déplorer cet état de fait eu égard à la licence qui porte le jeu. Les maigres explications à nos actions font tout juste figures de prétexte et ce simple fait rend la progression dans le jeu assez laborieuse.
C'est déjà un point assez délicat à contrebalancer. La licence est clairement mal exploitée à ce niveau. Manquer de personnalité avec une création originale ça peut arriver, mais en partant d'une telle base, ça la fout un peu mal. Seulement voilà c'est loin d'être le seul défaut du jeu. Astérix & Obélix XXL est un jeu d'action plates-formes dans lequel on aura deux occupations principales : casser du romain et sauter. Je vais en profiter pour faire un compliment, je dois reconnaître que les combats sont assez proches de ce qu'on pouvait imaginer dans un titre s'inspirant des deux gaulois jovials. En ayant la possibilité d'utiliser des combos achetées avec des casques de romain, vous aurez maille à partir avec un flot d'ennemis conséquent, pas loin d'une centaine parfois. Qu'ils soient romains ou d'une autre nationalité, ils se déclineront en divers types, les tout simples et les plus costauds. Mais d'une manière générale, c'est plus leur nombre qui représente une vraie menace que leurs aptitudes. Encore que les archers soient particulièrement dangereux. Marrant au départ, les combats n'en deviennent pas moins très lassants en raison de leur tendance à s'éterniser pendant de longues minutes.
Second aspect du gameplay, la plate-forme. En gros, on saute de part en part en actionnant des mécanismes. Rien de très exceptionnel. Mais c'est là que l'on profitera de la complémentarité du petit malingre et du gros bas de poitrine. En des lieux précis, il est possible de switcher pour passer d'un personnage à l'autre. Astérix monte sur une plate-forme qu'Obélix déplace par exemple. . De même certains combats seront menés par celui qui est tombé dans la potion magique étant petit. Encore une fois, au début c'est séduisant, mais très vite on se lasse du manque d'originalité car en définitive, on fait toujours la même chose. Même l'utilisation de balistes pour éradiquer des formations romaines en masse devient fatiguante.
Pourtant même avec ce gameplay un peu simple, le titre pourrait plaire, aux fans tout au moins, car si le jeu n'est pas une extase ludique, il n'est pas pour autant mortellement ennuyeux. Seulement voilà, il a d'autre problème qu'on pardonne difficilement dans le genre de l'action plates-formes. A commencer par une maniabilité qui donne à penser qu'on dirige une bande de souris hyperactives. Les commandes sont beaucoup trop nerveuses, sensibles et par conséquent, totalement imprécises. Les déplacements sont trop rapides et brusques quant à Idéfix qui nous suit en permanence, il a de faux d'air d'électron libre prêt à percuter un atome. C'est sans doute là une volonté des développeurs de donner un aspect nerveux au titre, mais c'est un peu raté car il en devient peu jouable. L'autre problème vient quant à lui des caméras. Non seulement certains angles sont tout simplement idiots, mais en plus, les gaulois et leur chien se déplaçant en bande, on se retrouve avec un Obélix dans le dos qui nous bouche carrément la vue ! Insupportable. Au final, la maniabilité pose un vrai souci qui s'ajoute à une liste déjà longue.
Parlons un peu réalisation maintenant. Cette dernière est un peu en dents de scie. Globalement moyenne, elle chute parfois de manière saisissante selon les niveaux (dès le début avec la Normandie qui semble sortir d'un jeu PSOne). Toutefois, l'animation est rapide et les personnages bougent plutôt bien, on peut même apprécier les attitudes des ennemis qui s'en prennent plein la tronche. On note ceci dit quelques baisses de frame-rate mais ce sont surtout les textures un peu baveuses et simplistes qui choquent. Les modèles sont eux aussi assez grossiers, exception faites des personnages qui ne sont pas dénués d'allure. Sur ce point, le travail a été bien fait et voir les romains décoller de leurs caligaes est relativement fendart.
- Graphismes11/20
Si on reconnaît bien la patte originale de la BD, c'est bien d'un point de vue technique que le jeu laisse à désirer. Textures simples et pauvres, environnements grossiers et frame rate parfois haletant plaident en défaveur de mon client. Seuls les personnages s'en sortent bien.
- Jouabilité10/20
Passe encore que le gameplay ne soit pas si riche qu'il pouvait en avoir l'air, il peut amadouer les moins difficiles, mais la maniabilité hautement approximative de fourmis épileptiques couplée à des caméras cafouillant ne pardonnent pas dans le genre.
- Durée de vie14/20
Les missions sont assez nombreuses pour tenir une courte distance. Certaines énigmes retorses peuvent vous planter quelques minutes mais le jeu n'est pas d'une difficulté extrême.
- Bande son11/20
Qui donc a décidé d'intégrer une musique technoïde dans un jeu inspiré d'Astérix & Obélix ? Non seulement ça ne colle pas franchement mais en plus la qualité est plus que douteuse. Restent les effets qui sauvent la mise bien que les cris des ennemis puissent aisément devenir gonflants.
- Scénario9/20
On a bien du mal à retrouver la jubilation de la BD dans le soft. Ni drôle ni intéressant, le titre est plutôt du genre creux et les prétextes à l'enchaînement des niveaux sentent l'artificiel à plein nez.
C'est un peu désabusé que je ressors de cet Astérix & Obélix XXL. On nous avait promis un jeu qui ferait honneur à la BD et moi, crédule, je ne demandais qu'à le croire. Au final, avec une réalisation irrégulière mais qui dépasse rarement le stade du moyen et une maniabilité énervante, le gameplay sympa mais classique a bien du mal à convaincre.