Sortant parallèlement au film de Stephen Sommers, l'adaptation vidéoludique de Van Helsing donne le ton dès les premières secondes et ne cache nullement ses inspirations. Jeu d'action pétri de bonnes intentions et misant sur un scénario, ou plutôt un univers extrêmement riche, le titre de Vivendi Universal est clairement à destination des amoureux de Devil May Cry, aussi bien ceux du premier opus que du second. Et là je vois déjà quelques paupières qui se redressent.
Ayant bouffé de la pellicule noir et blanc jusqu'à indigestion en me gavant de merveilles derrière lesquelles se tenaient des Browning, Whale, Murnau ou même Brooks, ayant retourné dans tous les sens les deux premiers opus de Devil May Cry et étant par dessus tout un grand amateur des grands monstres de la Universal, Van Helsing ne pouvait que me parler à outrance. Ce jeu profite donc d'un matériau de base fantastique (dans tous les sens du terme) puisque se basant bien entendu sur les tribulations du héros créé par Bram Stoker qu'on retrouve dans le film de Stephen Sommers. Bien sûr, nous avons ici affaire à un Van Helsing bien loin du personnage original mais avouez que pour un film, et à fortiori un jeu d'action, il est tout de même plus simple de diriger un héros fringuant, possédant armes sophistiquées et pouvoirs paranormaux. Ainsi, si nous n'êtes pas de ceux qui critiqueront haut et fort les choix artistiques (somptueux) de Stephen Sommers, il ne vous reste plus qu'à vous caler dans votre fauteuil, à prendre votre manette (et votre destinée) en main et à rejoindre l'univers du jeu où loup-garou côtoie squelette brinquebalant, où le gothique prend tout son sens, où les balles seront vos plus précieuses alliées.
Tout commence à l'image du long-métrage éponyme, exception faite du flash-back en noir et blanc renvoyant du final du Frankenstein de Whales (et dont monsieur Tim Burton s'inspirera pour son superbe Sleepy Hollow). Une première scène qui voit une rencontre musclée entre Van Helsing et Mister Hyde. La cinématique terminée, le titre peut enfin commencer avec un prologue se passant à Paris qui finira par un affrontement entre nos deux monstres sacrés. Une fois défait de son ennemi, notre professeur préféré va alors pouvoir en découdre avec Dracula en partant pour la Transylvanie, que vous aurez l'occasion de découvrir au travers de 13 missions.
En découvrant petit à petit le jeu, je me suis remémoré quelque chose que m'avait dit une amie concernant le plagiat. Comme elle me le disait, on pouvait voir quelque part dans ceci une des plus belles formes de la flatterie et c'est précisément ce dont il est question dans Van Helsing. Ainsi, il est donc flatteur pour Devil May Cry d'être singé, copié, ceci prouvant une fois encore la force du chef-d'œuvre de Mikami Shiji des années après sa création. En l'état Van Helsing est beaucoup, mais alors beaucoup plus proche de la recopie pure et simple des deux premiers Devil May Cry que d'un hommage vibrant. Le titre de Vivendi prend donc l'aspect scénaristique du premier DMC (via de nombreuses cinématiques ponctuant le jeu, et son ambiance gothique, même si cette dernière est bien entendu inspirée des films Universal des années 30) et le côté beat'em all du second. Il est d'ailleurs très étonnant de voir que tout le système de jeu repose sur le second opus de DMC.
Nous retrouvons par exemple le système d'orbes (nommées glyphes dans VH) qu'il vous faudra récupérer tout au long des niveaux (en cassant des objets, en tuant des ennemis) pour acheter de nouveaux coups et combos à l'issu d'une mission. Les mouvements du héros sont eux aussi directement inspirés des titres de Capcom. Au menu, doubles sauts, esquives sur les côtés à l'aide de roulades , doubles guns de rigueur, possibilité de tirer dans les airs et attaques directes (via des épées ou des lames tojos) qui font irrémédiablement penser à celles de Dante dans DMC 2. Tout ceci pour dire que si vous avez aimé ce dernier jeu (et j'en fais partie, car même si je comprends les critiques faites à son encontre, j'ai pour ma part apprécié le soft pour ce qu'il est, à savoir un pur beat'em all bourré d'action !), Van Helsing devrait être fait pour vous, mais attention car tout n'est pas rose.
Le plus embêtant dans cette histoire n'est pas en soi que le titre plagie sans vergogne le hit de Capcom mais bel et bien qu'il en garde tous les défauts, les plus gros étant les très nombreux problèmes de caméras. DMC 2 en possédait déjà pas mal mais le soft de Vivendi fait encore plus fort sachant que chaque écran possède son petit défaut lié à une caméra trop lointaine (qui fait qu'on distingue mal les ennemis et le positionnement de Van), ou à une caméra trop proche masquant les ennemis ou des angles un peu tarabiscotés qui vous cachent souvent des glyphes. Un peu rageant et plutôt étrange sachant que c'est le principal problème qui avait été reproché au deuxième épisode de DMC. Celà n'empêche pas de profiter du jeu mais tout ceci est un peu fort de café. Bref, si vous arrivez à passer cette étape, vous pourrez alors casser du démon à tout va, broyer les ambitions des 22 monstres peuplant le jeu à l'aide de plusieurs armes (fusil à pompe, arbalète, canon électrique, gatling, fusil…) ou en utilisant vos capacités hors du commun. Concernant ces dernières, vous aurez la possibilité de sortir un coup de grâce (après avoir rempli une jauge en tuant des ennemis avant qu'un compte à rebours n'arrive à zéro) ou d'utiliser des attaques plus puissantes pendant un certain temps.
Le schéma s'avère classique (mission cloisonnée à plusieurs embranchements qui vous mèneront à un combat contre un boss, recherche de glyphes, d'armes plus puissantes et d'items permettant de débloquer plusieurs bonus ou tips, petites énigmes à résoudre, etc.) mais la sauce prend plutôt bien, ceci étant à mettre entre autres au crédit de somptueux décors en provenance directe du film et d'une ambiance graphique et sonore travaillée. Bon, il faut avouer que la PS2 a un peu mal à tout afficher sans saccades et que l'animation des monstres est un peu hachée (tout comme les mouvements de Van Helsing qui sont trop rapides, peu coulants et bien moins gracieux que ceux de Dante) mais l'ensemble reste de haute volée et vraiment agréable à l'œil. Le jeu bénéficie des grandes figures que sont le Loup-Garou, le monstre de Frankenstein, Dracula et consort et ceci vous mènera à de superbes affrontements violents à souhait où l'esquive sera aussi utile que l'attaque.
Dommage maintenant que la difficulté soit si étrangement gérée. On retrouve un mode Facile ou Normal lors de votre première venue dans le jeu et si on meurt très rapidement au tout début, par le fait de n'avoir droit qu'à une toute petite barre d'énergie, nous sommes par certains côtés immortels puisque une fois mort, vous reprendrez au début de la zone chargée préalablement (un niveau étant découpé en plusieurs zones, celles-ci étant délimitées par des loadings). Ceci est embêtant puisque nous ne ressentons pas vraiment de stress au fil du jeu. Certains boss sont certes très coriaces et demanderont plusieurs essais mais une fois trouvée la technique, vous en viendrez à bout et pourrez continuer à déambuler. Maintenant c'est un détail mais ceci pourra peut-être vous gêner. Le jeu de Vivendi ne marquera pas l'histoire vidéoludique et si il se situe entre un DMC 2 et un Castlevania, tout en distillant une ambiance somptueuse, il possède malheureusement de gros problèmes de gameplay, une difficulté hybride assez mal vue et une durée de vie finalement très moyenne, même si il vous faudra recommencer plusieurs fois le jeu pour débloquer tous les bonus à disposition. Un jeu attrayant sans aucun doute mais qui sera à acquérir en tenant compte des défauts qui entachent sa réalisation.
- Graphismes15/20
Des décors tout simplement magnifiques (villages abandonnés, église d'une beauté inouie, château imposant, forêt dense et lugubre…) et si on constate que le héros dispose de plusieurs mouvements, les animations manquent de classe et de souplesse. Le design des ennemis est tantôt impressionnant (pour le bestiaire directement issu du film), tantôt désarmant car manquant un peu d'originalité. On note enfin quelques bugs d'affichage mais rien de bien méchant.
- Jouabilité9/20
Van Helsing a à sa disposition une bonne palanquée de mouvements (roulades, coups sautés, doubles sauts, utilisation de deux flingues…), peut utiliser un grappin pour s'accrocher automatiquement à certains bouts du décor afin de progresser, et pourra ramasser des glyphes de puissance, de vie, de triche pour acquérir des pouvoirs ou débloquer des bonus. Vous pouvez aussi utiliser une visée automatique pour une plus grande facilité, ceci est d'ailleurs à préconiser. Enfin, vous aurez l'occasion à la fin de chaque mission d'acheter de nouveaux coups, des munitions ou des réserves de vie en passant par une armurerie. Malheureusement, il est très énervant de constater que 90% des écrans de jeux ont contre eux un problème quelconque de caméra, la haine !!
- Durée de vie9/20
Les 13 missions se terminent rapidement de par le fait que vous puissiez recommencer à de nombreux endroits d'un niveau une fois mort et si vous devrez finir le jeu dans plusieurs modes de difficulté pour avoir accès à tous les bonus, on en fait le tour un peu trop vite, en gros en une journée. Par contre, je précise que la difficulté est extrêmement mal gérée !!!
- Bande son14/20
Le doublage français allie efficacité et précision. Les voix sont bien choisies, les doubleurs plutôt dans le ton (même si quelques dialogues sont trop appuyés et caricaturaux) et ils apportent un plus à l'ambiance sonore qui bénéficie également de bons bruitages d'ambiance et d'une musique très discrète mais de qualité. Pour l'anecdote, nous retrouvons le même bruitage lors de l'obtention d'un glyphe que celui utilisé dans les DMC lors de l'obtention d'un orbe, la boucle est vraiment bouclée !!
- Scénario13/20
Si le fait de retrouver plusieurs grands monstres dans un film n'est pas nouveau, on retiendra alors de la bande de Sommers (et donc de son adaptation vidéoludique) ses scènes d'action, son ambiance gothique superbement retranscrite et le fait de pouvoir se battre contre des icônes du genre fantastique, un bonheur !
Voici un fac-similé de DMC qui est loin d'être exempt de défauts. Problèmes de caméra beaucoup trop nombreux, durée de vie un peu faiblarde, difficulté mal pensée et gérée, ce clone de Devil May Cry 2 n'en possède pas moins une ambiance qui ne peut que plaire à l'amateur des films fantastiques des années 30 de la major hollywoodienne (et bien entendu aux œuvres de Burton ou aux films de la Hammer) et à ceux qui ne jurent que par l'action. Un titre qui ne révolutionne nullement le genre mais qu'on a plaisir à découvrir le temps d'une petite journée, et ce malgré ses gros problèmes de gameplay.