Que se passe-t-il lorsque deux animaux dégénérés, victimes d'expérimentations génétiques dans le laboratoire d'une multinationale du nom de Genron, prennent la poudre d'escampette pour retourner à l'état sauvage dont ils sont issus ? Laissez-moi vous dire qu'en plus d'engendrer un chaos susceptible d'ébranler les fondements mêmes de la société Genron, il en résulte une anarchie à se tordre de rire devant les péripéties incroyables de deux êtres enchaînés l'un à l'autre malgré eux, pour le meilleur et pour le pire.
A l'heure où les duos pullulent dans les jeux vidéo, Crystal Dynamics a choisi d'attirer l'attention avec deux personnages que ceux qui auront la chance de jouer à Whiplash n'oublieront pas de sitôt. Déjà, ce n'est pas par affinité que les deux compères se retrouvent réunis mais plutôt par la force des choses. D'un côté nous avons Spanx, une fouine à longue queue victime de tests par électrochocs, dont l'impossibilité de recourir à la parole ne dissimule en rien son caractère fourbe, égoïste et sadique. De l'autre, nous avons Redmond, un lapin blanc dont les essais de cosmétique sur sa personne ont rendu sa fourrure aussi dure qu'une armure, au point de le rendre totalement insensible à la douleur. Réunis à l'occasion d'une expérience visant à les faire fusionner en une abomination, c'est enchaînés l'un à l'autre que Spanx et Redmond saisissent l'occasion de quitter ce lieu de malheur à tout jamais. Mais le chemin qui mène à la liberté est semé d'embûches, et pour mettre à genoux leurs tortionnaires, les deux compères devront apprendre à s'entraider, mais pas de la façon qu'on pourrait s'imaginer.
Pas totalement décérébré, Spanx a vite compris comment tirer profit de la présence de ce lapin teigneux enchaîné à lui. Outre s'en servir comme d'un fouet pour s'acharner comme une furie sur ses poursuivants, Spanx n'hésite pas non plus à faire subir à Redmond les pires tortures pour progresser. La tête plongée dans une cuve à fusion, le ventre gonflé comme un ballon de baudruche, givré, électrocuté ou rendu radioactif, Redmond peut constituer une arme redoutable pour qui n'a pas peur de lui faire du mal. Tout ça ne manque bien évidemment pas de faire réagir le lapin souffre-douleur qui ne mâche pas ses mots pour faire savoir ce qu'il pense à son compagnon d'infortune. L'ambiance sonore est donc une franche réussite, d'autant que le doublage français est de qualité et n'est pas sans rappeler les répliques acerbes de Sid, le paresseux de l'Age de Glace. Si l'on ajoute à cela les commentaires du hibou et la voix off qui présente de façon très marketing les dispositifs révolutionnaires du laboratoire Genron, on obtient une ambiance sonore géniale qui apporte beaucoup à l'intérêt du titre, avec les animations délirantes de Spanx et Redmond.
Dommage, dans ces conditions, de constater que le gameplay n'est pas vraiment à la hauteur de l'atmosphère complètement décalée du jeu. Entre des phases de plates-formes parfois approximatives et des scènes d'action répétitives, la progression peine à se renouveler, à l'instar des gags dont la pertinence retombe rapidement. Certes, les techniques d'attaques sont nombreuses et s'acquièrent progressivement au fil de la montée de niveaux du duo, mais l'éternelle poursuite lasse d'autant plus que l'on avance dans le labo sans vraiment savoir où l'on va. Une fois les fondements de base assimilés, on jongle toujours entre les mêmes objectifs : percer à jour le fonctionnement d'une salle pour libérer les animaux et se frayer un passage tout en détruisant tout sur son passage, hommes et machines. La recette fonctionne parfaitement les premières heures de jeu, juste le temps de s'apercevoir que l'on est déjà à la moitié de l'aventure. Il ne reste ensuite que l'amertume de constater que le concept n'a pas été poussé suffisamment loin pour que le plaisir de jeu égale l'esprit déjanté qui se dégage du titre. Dommage, car avec une plus grande variété de progression et une durée de vie plus solide, Whiplash aurait pu compter parmi les softs d'action/plates-formes les plus originaux du moment.
- Graphismes14/20
Si la réalisation affiche d'indéniables lacunes, elle se rattrape à travers les animations des personnages et le design génial des protagonistes.
- Jouabilité14/20
Le duo dispose d'innombrables attaques et autres mouvements spéciaux qui lui permettent de surmonter toutes les épreuves. On aurait tout de même voulu voir les gags aller encore plus loin et surtout que la progression se renouvelle davantage.
- Durée de vie13/20
On progresse d'autant plus vite que les niveaux s'enchaînent sans coupure et que l'on est amené à répéter souvent le même type d'actions. Le niveau de difficulté n'est d'ailleurs pas très élevé et le jeu se révèle un peu trop court.
- Bande son16/20
Le doublage français est excellent et fait parfaitement passer l'ambiance décalée du titre. Mention spéciale pour la voix off et le caractère irascible de Redmond.
- Scénario15/20
Whiplash part d'un idée géniale qui rafraîchit l'univers de la plate-forme mais qui aurait pu s'exprimer davantage si les gags allaient encore plus loin.
Ceux qui attendaient énormément Whiplash resteront sans doute sur leur faim à cause du manque de renouvellement de la progression, de la faible durée de vie et d'un plaisir de jeu qui n'est pas à la hauteur de l'ambiance dégénérée du soft. Whiplash n'en demeure pas moins un titre fort sympathique qui mériterait une suite pour s'exprimer davantage et approfondir le concept.