Alors que le XXIème siècle voit un véritable regain d'intérêt pour tout ce qui a trait au phénomène ninja, le domaine du jeu vidéo n'échappe pas à la règle et les softs du genre se multiplient désormais sur nos consoles. Alors que les mois à venir s'annoncent dantesques avec l'arrivée prochaine de Ninja Gaiden, Otogi 2, Onimusha 3, Blood Will Tell, Seven Samurai, Shinsengumi et tous ceux que je n'ai pas la place de citer ici, Sega décide de prolonger la saga mythique des Shinobi avec Nightshade, un épisode pour le moins surprenant.
Depuis la sortie de Shinobi sur PS2 en mai 2003, on sait comment Sega a choisi de transposer la série en 3D sans rien perdre de ce qui faisait le charme des précédents opus. Seulement voilà, même si le gameplay frénétique de Shinobi a su conserver le côté old-school de la série, l'approche adoptée dans ce titre l'aura rendu hermétique à ceux qui ne jurent pas uniquement par la course aux high scores et la dimension beat'em-all. Avec Nightshade, Sega a choisi de conserver cet aspect des choses, en boostant le gameplay d'une manière indiscutable, mais en revoyant également complètement d'autres caractéristiques de Shinobi qui auraient mérité de rester inviolées. Le premier choc vient évidemment du fait que ce cher Hotsuma, héros de l'épisode précédent, a concédé le premier rôle à une jeune adepte du ninjutsu nommée Hibana. Elle est charmante, dangereuse et connaît aussi l'art de la pose, mais elle ne dégage clairement pas le même charisme que Hotsuma. Que les puristes se rassurent, celui-ci reste tout de même jouable en guise de personnage bonus à débloquer, aux côtés de Kurogahane, Hisui et Joe Musashi, le héros du premier Shinobi.
Seconde raison de douter, mais celle-ci est beaucoup plus dommageable, le fait que le jeu se situe désormais dans des environnements urbains contemporains. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement ce que j'apprécie aussi dans un jeu de ninja c'est le côté mystique des environnements, les références au Japon féodal, la bande-son typique, etc. Dans Nightshade, non seulement le personnage a un look cyber-ninja très futuriste mais en plus les environnements ne sont pas plus enivrants que ceux qu'on voit tous les jours dans la vie réelle, style une rame de métro, des égouts, des toits d'immeubles ou des entrepôts. Ajoutez à cela une musique ultra moderne et vous imaginez le style d'ambiance que ce titre dégage. Certes, le scénario justifie plus ou moins ce contexte et comporte bel et bien des liens avec le Shinobi PS2, mais avouez qu'on pouvait difficilement trouver pire en matière d'immersion.
Mais l'essentiel est-il sauf ? Après tout, à l'instar de Shinobi, Nightshade vaut avant tout pour son gameplay frénétique, ses mouvements spectaculaires et son action qui ne s'essouffle jamais. Je dirais que si vous adhérez totalement au gameplay old-school de Shinobi et que l'ambiance de Nightshade ne vous rebute pas, vous saurez très certainement apprécier le plaisir de jeu procuré par ce titre. D'ailleurs, comment ne pas se laisser entraîner par le rythme trépidant de l'action qui ne retombe jamais, et comment résister à l'envie d'aller toujours plus vite et de réaliser des mouvements toujours plus spectaculaires ? Beaucoup plus agile que Hotsuma, Hibana affectionne tout particulièrement les combats aériens et possède des coups qui lui permettent d'enchaîner les ennemis en l'air pour s'en servir comme des prises afin de prendre encore plus de hauteur. La belle connaît aussi l'art du coup de pied qui brise l'armure ou la garde de ses adversaires, et dispose d'enchaînements encore plus complexes et efficaces que dans Shinobi. On retrouve bien évidemment le passage dans le dos, la course sur les murs et les fameux "tate" qui se traduisent par des gros plans sur l'action lorsque vous exécutez plusieurs ennemis à la chaîne. A ce niveau, on ne peut pas dire que le gameplay de Nightshade fasse pâle figure à côté de son aîné, mais l'action n'en demeure pas moins répétitive, un aspect du jeu qui aurait pu être corrigé par des niveaux un peu plus originaux et des ennemis qui se répètent moins souvent. Reste un très bon beat'em-all que l'on a plaisir à découvrir et à terminer, mais que seuls les plus motivés auront envie de recommencer pour pulvériser leurs high scores et jouer avec tous les personnages cachés.
- Graphismes13/20
Non seulement la réalisation est presque mois réussie que celle de Shinobi, mais c'est surtout le fait d'évoluer dans des environnements urbains contemporains qui fait perdre tout son mysticisme au titre.
- Jouabilité15/20
Les nouvelles possibilités de gameplay sont plus qu'appréciables, notamment le coup de pied et les enchaînements aériens. Les impressionnants "tate" n'ont bien évidemment pas été oubliés.
- Durée de vie12/20
Si Nightshade me paraît plus abordable que Shinobi, pour peu que l'on ait pris le temps de bien assimiler les mouvements dans le tutorial, il souffre tout de même d'un handicap similaire au niveau de la durée de vie et du manque de renouvellement des missions. Les modes de jeu sont certes nombreux, mais encore faut-il avoir la motivation suffisante pour s'y mettre à fond.
- Bande son12/20
Ne cherchez pas quoi que ce soit de traditionnel dans la bande-son, celle-ci se veut résolument moderne et rythmée, mais sans réelle saveur.
- Scénario13/20
Plusieurs mois après la victoire de Hotsuma dans Shinobi, les démons ressurgissent en plein coeur de Tokyo, obligeant la ninja Hibana à partir en quête des fragments d'Akujiki et à éradiquer la menace cybernétique.
Il m'a semblé bon d'attribuer à Nightshade la même note que Shinobi, car même si les environnements, le personnage principal et l'ambiance du jeu n'égalent pas ceux de Shinobi, le gameplay y gagne en possibilités. Nightshade n'est certainement pas un titre indispensable et il décevra peut-être les inconditionnels de la série, mais il n'en demeure pas moins un jeu d'action prenant et dynamique qui procure de très bonnes sensations.