Les bonnes choses dans ce Jungle Storm ne sont pas légion. Alors on va commencer par le premier aspect somme toute sympathique : la présence de deux campagnes solo. La campagne éponyme Jungle Storm et celle du titre Xbox Island Thunder à laquelle elle fait suite. On reste donc en Amérique Latine, toujours à la poursuite de narco-trafiquants preneurs d'otages et cultivateurs de coca.

Ce qui cloche dans ce Jungle Storm, c'est qu'il n'apporte rien à la série. Pas absolument rien en fait, mais rien de profondément bouleversant. Tout joueur ayant déjà tâté du Ghost Recon retrouvera vite ses marques. On démarre avec un briefing de mission suivi de la composition de ses équipes Alpha et Bravo avant de se jeter dans le feu de l'action. Une action qui consistera à mener les deux teams, saines et sauves si possible, à divers points stratégiques pour y accomplir diverses tâches, qu'il s'agisse d'éliminer ou de libérer. Pour ce faire, en tant que meneur d'hommes, on aura la possibilité d'indiquer la route à suivre en créant des waypoints et de définir le comportement des équipiers, en défense, en assaut ou encore en reconnaissance. Enfin bref, tout pareil qu'avant. Dans les moindres détails, les bases du gameplay n'ont pas changé d'un pouce.

On note tout de même un peu de changement dans le HUD puisque le radar cède la place à un indicateur de menace moins explicite. Fini les petits points qui localisaient avec précision les ennemis, maintenant on doit composer avec un système de cadrans qui signale approximativement la présence d'une menace. A part ça et ben, en pratique, c'est tout.

Et malheureusement si on retrouve ce qui a fait le charme de la série jadis, d'abord ça a pris un coup de vieux (les possibilités d'action étant en fait assez limitées) et ensuite on en retrouve aussi tous les défauts qui commencent vraiment à devenir fatiguants depuis le temps qu'on s'en plaint. A commencer par le syndrome "tueur de brins d'herbe". Le close combat n'est toujours pas à l'affiche, ni même du combat "mid range" et le gros de l'action consistera toujours à dégommer des ennemis à 500 mètres de distance, à condition qu'on arrive à les distinguer des brins d'herbes, ce qui ne contribue pas vraiment à rendre le jeu dynamique ni même à poser une tension quelconque. Il arrive bien qu'on se retrouve assez près des adversaires mais la chose est à éviter en raison principalement de la qualité défaillante de l'IA. Vous avez le choix entre les deux pires défauts en la matière : l'oeil de linx à rayons X ou la bêtise absolue. Bien sûr dans le premier cas, c'est le carton assuré si on est trop près, n'espérez pas vous approcher en fourbe pour éliminer un ennemi, il y a toutes les chances pour que vous vous fassiez repérer. Tout semble prévu pour que vous liquidiez les menaces à distance. Pour rester sur l'IA, on ne peut qu'en déplorer les lacunes ici. Ennemis comme équipiers nous font le coup du blocage dans le mur et le comportement des alliés se résumera à tirer sur des terroristes encore plus idiots qu'eux. A ce niveau là également, la série accuse un sérieux retard sur la concurrence. Une concurrence qui, en matière de gameplay, offre des possibilités bien moins limitées. On citera Socom ou même l'arrivée prochaine de Rainbow Six 3 sur PS2.

Et le manque de nouveauté ne concerne pas que le gameplay ou l'IA soit-disant améliorée. Le moteur 3D est lui aussi complètement à la ramasse. Les textures sont simplistes au possible, quant aux modèles 3D ils se montrent grossiers et disposent d'une animation poussive et basique. Même les couleurs fadasses persistent. Une fois de plus, le jeu demeure dans ses vieilles habitudes et ne s'offre pas de lifting graphique. On se demande bien pourquoi.

Jungle Storm est loin de tenir ses promesses. Bien décidé à ne pas évoluer, la série subit le passage du temps. Non seulement le titre n'offre que des possibilités tactiques assez limitées mais on doit aussi se satisfaire d'une IA bien moyenne et d'un moteur graphique qui tourne à coups de hache dans la gueule. Comparé à d'autres softs, Ghost Recon n'offre plus suffisamment de tension et de challenge pour tenir la route. Mais il reste une chance, le mulitjoueur. La PS2 offrant peu de titres du genre en online, le soft d'Ubi pourra peut-être se faire une place. Enfin, une place entre Socom et le prochain Rainbow 6, va falloir se serrer un peu quand même.