Ils sont là, ils sont parmi nous. Personne ne nous croit. Nous sommes un petit groupe à les avoir vus. Ils sont infiltrés dans tous les niveaux de la société, ils nous observent, nous épient, notent nos moindres faits et gestes. Le peuple avance masqué, les prenant pour des personnes comme vous et moi. Mais lorsque l'on a expérimenté ce qu'ils sont capables de faire, plus rien n'est jamais comme avant. Leur nom de code est Agetec, et leur plus grande arme se nomme "Tank Elite". Ils gagnent du terrain.
Était-ce une secte, un groupuscule terroriste, un peuple venu d'ailleurs (vraiment de très loin), ou simplement une somme de coïncidences. Notre enquête ne faisait que commencer. Mon loyal partenaire, Sculder, aboutissait aux mêmes conclusions que les miennes. Ce ne pouvait être l'oeuvre d'êtres humains. A la lumière vacillante d'une lampe de bureau croulant sous la poussière, Sculder explorait un à un les dossiers confidentiels émanant du Q.G de la police à Washington. Cette traque avait déjà épuisé nombre de détectives par le passé. Ces écrits étaient ceux de F.Black, un ancien Profiler en charge de l'affaire. Soudain, mon associé s'écria : "Muldy, venez voir ça ! ". C'était horrible. Nous avions enfin reçu du labo les exemplaires que nous avions expressément demandés. Il s'agissait du seul indice nous rattachant à ce groupe étrange. Une jaquette dont la composition graphique rappelait les illustrations sur les paquets de lessive des années 60, gisait là, dissimulant un secret que nous n'aurions jamais dû découvrir. Notre expertise commença par l'introduction du DVD dans le support approprié. Nous n'étions pas préparés à ce que nous allions subir psychologiquement. Nous nous apprêtions à pénétrer au sein d'un esprit malade. Après une attente insupportable pour nos nerfs mis à vif, due à un écran de chargement assez étendu pour me permettre de retrouver ma sérénité à l'aide d'un café, nos soupçons s'avérèrent fondés à notre grand regret. Un menu principal aussi vide que l'était ma boîte aux lettres, agrémenté de couleurs désagréables, et mal choisies, rappelant à mon coéquipier les rues mornes de son Détroit natal. Un seul mode de jeu se trouvait étendu au centre de ce maelström ambigu. Fébrilement, Sculder choisit "New Game". Cruelle erreur que nous regretterions amèrement plus tard.
Il nous fut alors proposé de choisir parmi quatre personnages dotés d'un chara-design curieusement insipide. Manquant d'originalité et de charisme, d'un classicisme forcené, il était dommageable d'être obligé de sélectionner l'un d'entre eux. Néanmoins, un tel choix laissait supposer de ce fait que chaque personnage se verrait attribuer des caractéristiques spécifiques. Mais il n'en était rien. Seule la vitesse de la moto que ces êtres immondes empruntaient s'en trouvait affectée, proportionnellement à la corpulence du pilote. Le profil psychologique de cette organisation commençait alors à poindre. Je relevais chaque preuve visible trahissant un mode de réflexion pervers sur mon petit carnet noir, que je lâchais aussitôt sous l'effet d'une affliction pénétrante. Ce qui se trouvait devant mes yeux n'avait plus rien de commun. Me fiant aux capacités de la machine sur laquelle fonctionnait le jeu, je posais tout de même la question à mon ami. Il me répondit d'une voix chancelante :"On jurerait de la PSone ! Regardez moi cette modélisation. Les intervenants sont bordés de pixels apparents, et dénués de toute finition, concernant les liens physiques entre le torse et les bras par exemple. Et ces animations ! La chute d'un terroriste assoiffé de sang se déroule en trois étapes maximum, soulignant de même la relative raideur des personnages. Avec un peu de bonne volonté, vous pourriez même compter le nombre de polygones Muldy. Mais ce que je trouve le plus malsain, reste la représentation des décors. Vides et subissant un aliasing dérangeant, ces derniers portent le deuil de la variété. En effet Wolf, si vous observez attentivement ma progression, vous verrez que les environnements sont au nombre faramineux de trois. Je vous les cite pour information : Le désert, la ville, et l'autoroute. Je ne sais quoi penser. J'ai peur Wolf".
Je me sentais comme happé dans un monde que je ne connaissais pas, que je ne maîtrisais d'aucune manière, un univers où la répétition est telle, que l'on en oublie qu'il y a eu autre chose avant. Cette pensée correspondait en tout point au principe du titre lui-même. Y avait-il un procédé hypnotique dissimulé ? En tout cas, le déroulement des missions demeurait éternellement identique. Suivre une limousine contenant un homme important (surveillé par une seule personne, ce qui dépasse le cadre de la logique), et protéger son passager se trouve être la tâche principale et unique. Rien d'autre n'est contenu dans le soft. De plus, les schémas de rencontre avec les assaillants s'avèrent semblables tout au long de cette histoire héroïque. La surprise est absente. D'autant que les commandes, si elles sont simples et intuitives, font preuve d'une carence flagrante dans le domaine de l'inventivité. Mais ce que Sculder n'avait point noté, était l'absence totale de challenge, de renouveau, et par là même d'intérêt. Comment éprouver du plaisir en étant cantonné à filer un véhicule qui s'entête à poursuivre une route semée de tueurs professionnels à l'I.A fort perfectible se rapprochant de celle d'un poireau mort d'une part, et qui fonce sur vous sans s'arrêter alors que vous le protégez d'autre part. Cette affaire commence à se fondre dans le paranormal. Agetec, cherchait-il à dissoudre la volonté des utilisateurs de ce genre de choses, afin de les manipuler ? Rien n'est moins sûr. C'est alors qu'un cri se fit entendre. Sculder avait compris.
Ayant mis en commun le fait que la caméra dynamique ne suive pas les mouvements lors d'un "virage rapide", que les motos mettent au bas mot 5 secondes avant de redémarrer suite à une collision, qu'il vaut mieux foncer dans les motards ennemis plutôt que vider son chargeur sur leur vile personne, et que les compositions musicales possèdent une qualité médiocre due aux sons des instruments employés ainsi qu'à la structure même, il aboutit au fait que ce groupe ne pouvait être qu'une organisation s'escrimant à fabriquer des mauvais jeux afin de noyer l'économie mondiale. C'était par conséquent un gros poisson. Il ne fallait pas laisser l'affaire aux fédéraux. Soudain des hommes en noirs entrèrent dans la pièce. "Muldy, le fusil ! Sur la table !". Un saxophone s'entendait au loin.
- Graphismes1/20
Tank Elite n'est plus le mètre étalon d'une qualité graphique indigne du support sur Playstation 2. Sa place vient de lui être ravie par ce Police Chase Down, avare en polygones, et souffrant d'un habillage par trop lacunaire. Le design général n'a apparemment pas été travaillé, ce qui enlève les seules béquilles qui permettaient de supporter l'immersion. La qualité graphique serait acceptable sur N-Gage. Ce n'est pas de la méchanceté gratuite, c'est la réalité.
- Jouabilité2/20
Des commandes très accessibles car simplistes, mais ne compensant en aucun cas la mauvaise inertie des véhicules présents à l'écran, ni la raideur de votre avatar. Les demi-tours, même en pressant la touche R2 sont laborieux. De plus les collisions ne sont gérées que de manière surréaliste, provoquant une lassitude morale immédiate.
- Durée de vie2/20
Tout dépend de votre résistance à la souffrance. Si vous avez été commando dans la jungle colombienne durant trois ans, vous aurez une chance de voir la fin de la quinzaine de missions présentes. Cependant, si un principe de jeu éculé et lassant vous horripile, la demi-heure suffira.
- Bande son4/20
Des compositions aux sonorités peu convaincantes et à la construction plate et peu originale, vous berceront langoureusement dans une répétition navrante.
- Scénario2/20
Les terroristes ils ne sont pas beaux, et le président protégé par un seul motard (?!), il est beau et gentil.
Que dire devant cette volonté qu'a Agetec de nous proposer des softs insipides et inintéressants. Pourtant en vérifiant au dos de la boîte de jeu, la date 2003 figure fièrement. Pourquoi de ce fait, ne pas faire un beau jeu en 2D au concept intéressant, plutôt qu'un titre doté d'une 3D de bas étages et qui plus est dramatiquement plat et sans aucune personnalité ? Éteignez les gyrophares, il n'y a plus rien à voir.