La sortie en Europe de Shadowbane s'accompagne par défaut de l'add-on The Rise Of Chaos. Hélas, le moins que l'on puisse dire c'est qu'à sa sortie aux Etats-Unis, le MMORPG de Wolfpack Studios n'a pas rencontré un franc succès : problèmes de lags, bugs divers... Mais tout cela, c'était il y a plusieurs mois, aujourd'hui, tous ces problèmes de jeunesse ont dû être réparés. Enfin ça, c'est ce que l'on croit avant de commencer à jouer...
En effet, ce que l'on remarque en premier en lançant une partie ce sont les multiples ralentissements qui viennent gâcher le plaisir de la découverte. Ce désagrément est dû aux temps de chargement qui se déclenchent très fréquemment. En fait, le jeu charge au cours même de la partie les décors et les animations des zones que vous vous apprêtez à visiter : c'est indiqué par un petit sablier qui s'affiche à l'écran. Bon, ça s'améliore si on baisse les détails, mais alors le jeu devient vraiment moche (et déjà que les graphismes ne sont pas un des points forts du titre...). Ainsi, si vous voulez passer d'une ville à l'autre à pied, vous verrez à de multiples reprises ce satané sablier qui aura pour immanquable conséquence de vous infliger d'infâmes ralentissements. Ceux-ci peuvent d'ailleurs s'assimiler à du lag car les monstres eux, ne sont pas affectés et il est fréquent de les voir s'attaquer à vous en profitant de la diminution de framerate : impossible alors de riposter, il faut attendre la fin du temps de chargement. Bon, bien sûr cela ne dure que quelques secondes mais ce petit temps perdu peut être fatal dans bien des cas. Mieux vaut prévoir le coup et ne pas avancer trop vite pour laisser au jeu le temps de tranquillement charger les décors suivants. On aurait presque préféré un bon vieux "Please wait, loading", le mieux aurait quand même été une meilleure optimisation des temps de chargement. D'ailleurs, ceux-ci sont bien présents sous leur forme classique (et sont même assez longs) en cas de mort pour retourner à votre dernier point de bind ou dans les voyages entre les villes lorsqu'on utilise un télétransport.
Mais ne nous attardons pas plus sur ce mauvais point, et voyons de plus près ce que nous propose le jeu. Tout commence par la création de son avatar. Vous devrez tout d'abord choisir sa race. 11 choix s'offrent à vous, cela va du très classique : humains, elfes, nains... au plus original comme les centaures et les néphilims, créatures munies d'ailes qui font d'excellents jeteurs de sorts. Chaque race a ses spécificités : les elfes sont agiles, les nains sont robustes... Les points d'attributs (force, dextérité, constitution, intelligence et sagesse) varient en fonction de la race. Du choix que vous ferez dépendra la profession que vous pourrez exercer. En effet, certaines classes ne sont pas accessibles à certaines races. Par exemple, un shade (forme particulière de mort vivant) ne pourra jamais devenir guérisseur. Vous pouvez aussi choisir de doter votre personnage de talents divers et variés s'il vous reste des points d'attributs. Ainsi, pourquoi ne pas doter votre futur guerrier d'une capacité à manier 2 armes simultanément par exemple ?
Au départ, le jeu propose 4 classes de base : les combattants, les mages, les rogues et les guérisseurs. Mais par la suite, vous pourrez choisir différentes professions en rapport avec la classe et la race sélectionnées. 24 professions s'offrent à vous : le combattant humain pourra devenir croisé, barbare, guerrier... tandis que le guérisseur elfe aura accès à la spécialisation du prêtre, du druide, du prélat... Même si un personnage ne peut avoir qu'une seule profession (qu'il choisit lorsqu'il atteint le dixième niveau et avant le onzième) il peut aussi apprendre jusqu'à 3 disciplines (archer, chasseur de prime...) qui lui procurera un bonus aux attributs et une augmentation du nombre de compétences. Ce système de profession et de discipline est assez réussi il faut bien l'avouer, le seul problème qu'un joueur pourra rencontrer c'est de trouver le lieu où se cache la rune qui pourra lui apprendre telle ou telle discipline. Mais le tout offre une variété bienvenue, et il serait surprenant de rencontrer un personnage qui ait exactement la même profession et les mêmes disciplines que les vôtres.
Tout cela n'a qu'une utilité finalement : avoir un personnage efficace en combat. Ici, on ne voit ni son personnage de dos, ni à la première personne mais bien à la Dungeon Siege, c'est-à-dire via une caméra que l'on peut faire tourner, avancer, reculer. Les similitudes avec le jeu de Microsoft ne s'arrêtent pas là car c'est grâce à la souris que vous dirigerez votre personnage : en fait, vous cliquez sur le monstre que vous voulez attaquer et à l'endroit où vous voulez aller. Ce système est très pratique, hélas on remarque que votre personnage n'est pas très doué pour contourner les obstacles. Mettons par exemple que vous cliquez à un endroit qui se trouve après un petit bois, et bien il y a de grandes chances pour que votre avatar ne sache pas contourner les arbres et se retrouve bloqué contre un tronc. Ce sera donc à vous de manoeuvrer pour l'en sortir. Les développeurs auraient pu faire un effort sur ce point, surtout que l'on peut utiliser la mini-carte pour désigner le lieu dans lequel on veut se rendre, mais cela perd de son intérêt lorsqu'on ne se trouve pas dans une zone désertique puisqu'alors, il y a peu de chances pour que votre avatar trouve son chemin.
Venons-en maintenant à ce qui préoccupe bien des joueurs de MMORPG, qu'arrive-t-il si votre personnage meurt ? Et bien les conséquences sont nombreuses. D'abord, vous reprendrez la partie à partir de votre dernier point d'attache (en ville la plupart du temps). Vous perdrez aussi des points d'attributs après le niveau 10, mais de façon temporaire. C'est tout de même gênant si vous vous retrouvez face à face avec un adversaire costaud. Mais surtout, votre or et certains objets de votre inventaire resteront au sol, à côté de votre corps sans vie. Et tous les joueurs pourront piller sans vergogne vos trésors si vous ne les récupérez pas vous-même. La mort a donc des conséquences très lourdes surtout que le PvP (le combat entre les joueurs) est tout à fait autorisé en dehors des zones refuges et de certaines villes. Mais pour limiter le phénomène, tuer un autre joueur ne rapporte pas d'expérience. Heureusement, la carte précise le niveau conseillé pour s'attaquer à certaines zones et pour ne pas tomber sur des monstres dont l'écart de niveau avec le vôtre serait trop élevé.
Voilà pourquoi, il est vivement conseillé de former des groupes pour visiter les dangereuses contrées du monde d'Aerynth, surtout que vous gagnez beaucoup plus d'expérience lorsque vous êtes en bande. Un système de guildes très complet est aussi implémenté. Il permet aux membres de s'allier pour fonder des villes avec leur propre point d'attache, leurs bâtiments, leurs services... Le joueur qui a créé un commerce par exemple, pourra décider des objets que devra vendre le commerçant. Il décide aussi des prix pratiqués : il est ainsi judicieux de s'accorder une marge en plus du prix normal pour gagner un peu d'argent grâce à son commerce. Il est aussi de coutume de fixer un prix un peu moins élevé pour les membres de sa guilde, les ristournes entretiennent l'amitié ! Les guildes peuvent aussi s'allier entre elles tout en gardant leur identité. Ainsi, les services des villes pourront être utilisés à tarif préférentiel par tous les membres. La défense des cités est aussi un élément important car d'autres guildes peuvent très bien vous attaquer. D'ailleurs certaines villes sont entourées de murailles et ne sont accessibles qu'aux membres de la guilde fondatrice. Les guerres entre guildes sont un des éléments intéressants du jeu.
Shadowbane n'est donc pas exempt de qualités, hélas, malgré les nombreux mois séparant la sortie européenne de l'américaine, et les nombreux patchs qui sont sortis pour améliorer le jeu, on remarque toujours des problèmes de lag. En outre, même si le contexte dans lequel se déroule le titre est assez fouillé, on aurait aimé pouvoir accéder à des quêtes. Hélas, le jeu se résume à du bourrinage en règle. On pourrait même le qualifier de MMOHS (massively multiplayer online hack and slash) plutôt que de MMORPG tant l'aspect jeu de rôle se limite à faire évoluer votre personnage. Si vous voulez quand même tenter l'aventure sachez qu'il vous en coûtera 12,99 Euros par mois après la période de 30 jours gratuits offerte dans la boîte.
- Graphismes13/20
Il y a un véritable fossé technologique si on compare Shadowbane à Asheron's Call 2. Les textures sont grossières, les décors anguleux et on remarque de multiples saccades dues aux temps de chargement en cours de jeu. Bon, ça reste tout de même correct, mais on aurait quand même aimé des graphismes un peu plus soignés.
- Jouabilité12/20
L'interface est entièrement personnalisable. Pour ce qui est des déplacements, on clique simplement là où l'on veut aller : simple et pratique. En revanche, si jamais un obstacle se dresse devant vous (comme un arbre par exemple), il faudra le contourner manuellement, sinon votre personnage reste bêtement bloqué sans tenter la moindre manoeuvre d'évitement.
- Durée de vie13/20
L'absence de quêtes et donc de buts précis outre celui d'améliorer son personnage, de fonder des villes et d'attaquer d'autres joueurs se fait cruellement sentir dans la durée de vie. Il y a fort à parier que vous ne renouvellerez pas votre abonnement pendant de longs mois tant l'aspect répétitif du jeu risque de se faire sentir.
- Bande son13/20
Les thèmes musicaux ne sont pas exceptionnels de même que les bruitages qui restent assez moyens.
- Scénario/
Shadowbane s'adresse à un type de joueurs bien particulier : ceux qui aiment le PvP (le combat entre joueurs), qui trouveront là de quoi trucider en toute quiétude leurs partenaires de jeu à grande échelle. Professions et disciplines sont nombreuses et bien équilibrées, et le système de guildes est complet. Hélas de nombreux défauts gâchent le plaisir, à commencer par l'absence de quêtes et la réalisation très moyenne pour ne pas dire décevante. En plus, il n'est pas rare de remarquer des ralentissements et autres lags qui s'invitent dans les parties. Bref, même si Shadowbane est un jeu trop moyen pour intéresser les masses, il pourra plaire aux joueurs prêts à lui pardonner ses quelques défauts et qui recherchent avant tout l'aspect PvP.