Après la très forte impression que m'avait laissé Forbidden Siren au dernier Tokyo Game Show, j'avoue que j'étais on ne peut plus impatiente d'en découvrir plus sur ce survival horror pas comme les autres. Sony réinvente en quelque sorte le genre avec ce jeu qui redonne un sens au mot peur en ne s'éloignant pas des limites de l'aspect survival et en prônant la fuite plutôt que la riposte.
Que vous aimiez ou non les survival horror, que vous soyez lassé du genre ou même que vous ne compreniez pas l'intérêt de se faire peur dans un jeu vidéo, Forbidden Siren risque fort de changer le regard que vous avez sur la chose si vous lui en laissez la chance. Ce que l'on peut dire au terme de cette preview, c'est que même si ce titre comporte quelques défaillances au niveau du gameplay, l'atmosphère qu'il dégage est d'une efficacité sidérante ; au-delà, je pense, de tout ce que l'on a vu jusqu'à présent.
Forbidden Siren se présente comme une succession de scénarios horrifiques faisant intervenir différents personnages livrés à eux-mêmes dans des environnements isolés, arpentés par des zombies affamés qui furent autrefois des hommes. Bien sûr, c'est à vous qu'incombe l'insigne honneur d'incarner ces personnages aussi vulnérables et terrifiés que vous et moi, pour essayer de les faire sortir de ce cauchemar. Tout commence avec Kyoya Suda, étudiant de 16 ans à Tokyo, qui se retrouve coincé dans une cour avec un flic zombifié qui hurle sa haine et sa folie en tirant sur sa proie. Ici, l'objectif est simple, du moins a priori, puisque vous devez simplement faire le tour des lieux pour trouver une carte d'accès, entrer dans un local pour dénicher les clés d'un camion et vous enfuir avec. Seulement vous devez surmonter deux handicaps majeurs. Le premier, c'est la terreur qui vous assaille forcément lorsque vous vous apercevez que vous ne savez pas où aller, que le fou furieux qui vous suit finira forcément par vous mettre la main dessus, et que les hurlements qu'il pousse ne vous incitent pas vraiment à faire preuve de courage. L'autre handicap, c'est que c'est durant cette première mission que vous devez apprendre comment fonctionne le système de jeu, et que celui-ci se démarque des autres survival horror par un système de menus contextuels qui vous obligent à passer indirectement par toute une série de commandes pour réaliser l'action la plus simple. Une fois compris, ceci ne pose plus de problèmes mais casse tout de même un peu la fluidité de l'action.
Au risque de me répéter, Forbidden Siren fait partie de ces jeux dont on espère fortement qu'ils conserveront le doublage original lors de leur sortie en version française. Il suffit de voir la première scène pour constater que les voix et hurlements n'ont pas le même effet en anglais qu'en japonais, d'autant que le jeu se déroule près de Tokyo avec des personnages modélisés à partir d'acteurs japonais, et que cette ambiance proche de films comme Ring est complètement sabotée par le doublage anglais qui était imposé sur cette pré-version. Mais revenons à l'ambiance. Ce n'est pas seulement le réalisme des environnements et des personnages qui rend l'immersion totale. C'est aussi le fait que l'on se retrouve complètement démuni et vulnérable, sans cesse en fuite pour éviter de finir dans les bras d'un zombie défiguré. Là où d'autres survival horror vous équipent d'un arsenal surréaliste, Forbidden Siren ne vous donne, dans le meilleur des cas, qu'une pioche pour vous défendre.
Et c'est là qu'intervient l'utilité du "sightjack" (ou shikai jack). Cette capacité vous permet, quand vous le désirez, de voir à travers les yeux des personnages alentour, ce qui génère un effet de flou parasité du meilleur effet, et s'accompagne de la respiration ou des hurlements que génère l'être en question. Par exemple, pour traverser un pont surveillé par un tireur embusqué, il faut passer par ce système pour voir où est posté le tireur et savoir à quelque moment il détourne la tête. Autant vous dire que le résultat est atrocement flippant, voire carrément cauchemardesque lorsque vous recevez trois ou quatre réponses à la fois sur le sightjack, ce qui signifie que vous êtes cerné de toutes parts par des créatures hostiles en mouvement. Parfois, ils sont tout proches de vous, ou bien vaquent à leurs sordides besognes sans vraiment vous voir. A ce sujet, s'il faut bien reconnaître que l'idée est excellente, cela rend la progression aussi angoissante que difficile, car il est souvent délicat de deviner où se trouvent ou bien où se rendent les ennemis. Il faudra avancer davantage dans le jeu pour savoir comment se renouvellent les objectifs de mission, mais pour l'instant ils semblent se résumer à la recherche d'objets précis que l'on met parfois des heures à trouver, étant obligé de tout recommencer à chaque fois que l'on se fait surprendre. Le jeu devrait toutefois profiter de la présence de nombreux personnages jouables pour ne pas lasser trop vite et mérite toute votre attention, ne serait-ce que pour sa réalisation atrocement réaliste et sa bande-son monstrueusement angoissante qui rendent l'atmosphère de ce titre véritablement unique.