Avec Port Royale, Ascaron nous avait emmené à la découvert de la colonisation des Caraïbes en nous faisant endosser le rôle d'un marchand à la tête de sa petite entreprise. Acheter à bas prix pour revendre là où le besoin est cruel, une bonne leçon de commerce même si on touchait vite les limites du soft. Avec Tortuga : Pirates et Flibustiers, Ascaron ne change pas de décor. Nous revoilà donc dans les îles, voguant d'un port à l'autre au gré des missions ou des vagues si on n'a pas envie de bosser.

Premier contact abrupt avec la bête, je me dis bêtement, justement, que c'est exactement la même chose qu'avant, alors paf je me mets à guetter les famines pour aller vendre ma bidoche au prix fort aux affamés (j'ai vite appris à devenir un bon capitaliste) et tout soudain, je réalise que le commerce est devenu bien fastidieux dans Tortuga. L'interface n'a pourtant pas changé, mais il manque le cours des prix, on ne fait plus ses fichues routes commerciales complexes et surtout l'argent ne monte pas vite dans mes caisses. D'un coup je comprend qu'en fait mon but n'est pas de devenir riche en jouant les VRP mais bien en coulant des pirates et en attaquant des villes ennemies. Je me disais aussi que c'était curieux que le menu d'achat par défaut soit celui des boulets de canons.

Tortuga met donc l'accent non plus sur le commerce mais bien sur les combats. On retrouve un système d'allégeance qui déterminera vos cibles et ce sont vos gouverneurs, rencontrés dans certaines villes, qui vous confieront diverses missions, soit de chasse aux pirates soit d'annexion de cités. Le profit se fera donc ici par les récompenses versées par l'Etat ou par le biais du pillage des cités attaquées. La loi de l'offre et de la demande est donc reléguée au rang de simple appoint simpliste. Comme auparavant, on ira d'un port à un autre pour faire le plein. On note d'ailleurs que les villes ont gagné une représentation en 3D pré-calculée assez jolie. Si seulement elles ne se ressemblaient pas toutes autant. Mais en dehors de ça, on trouve les mêmes éléments, le chantier naval pour réparer, la taverne pour jouer aux dés, le marché pour faire des courses et la maison du gouverneur pour les missions.

Donc, on va se battre. Bien, soit. Alors parlons des combats. Lorsqu'on passe en mode bataille navale (oui c'est comme ça que ça s'appelle), le point de vue change pour se recentrer sur les forces en présence. On utilise le clic droit pour déplacer le bateau et le gauche pour faire feu. 3 types d'armes sont alors utilisables. La mitraille pour éliminer l'équipage de bord (du commandant Stubing à Isaac en passant par Gopher), les chaînes pour trouer les voiles et les boulets pour poser des questions idiotes. Qu'il s'agisse de combattre des navires pirates ou d'assiéger une ville, le principe sera toujours le même si ce n'est que dans le cas d'une agglomération urbaine (oui je sais mais sinon je suis obligé de remettre "ville" et après ça devient lourd) on devra avant toute chose la débarrasser de ses systèmes de défense. Seulement voilà, tout cela pourrait être plaisant si ce n'était pas aussi effroyablement répétitif. Le gameplay manque cruellement de variété. A tous les points de vue. Le commerce est devenu totalement inintéressant, les combats sont creux et les missions qui vous sont confiées se ressemblent toutes. Alors que Port Royale avait un potentiel qu'on aurait aimé voir développer ici, Ascaron part sur d'autres bases et nous livre un produit qui nous donne l'impression qu'il n'est qu'à moitié fini. Résultat, Tortuga est sympa un moment, mais trop vite, on se lasse de son gameplay limité et de sa redondance pénible.

Techniquement, pas de grande surprise pour Tortuga. Dans son esthétique le jeu ressemble fortement à Port Royale, de même que dans son interface d'ailleurs. Seules les villes ont vraiment changées puisqu'elle passent en 3D et sont assez jolies à défaut d'être diversifiées. Côté bande-son on regrette l'absence de voix et on se contentera d'effets à peine audibles qui au moins ne couvrent pas les musiques anecdotiques. L'interface n'a pas tellement changé mais suffisamment pour que la navigation dans les menus soit plus claire, il faut dire qu'il y a moins de choses à faire aussi. Au final Tortuga : Pirates Et Flibustiers ne laissera pas un souvenir impérissable. Non pas qu'il soit désagréable mais on fait vite le tour des possibilité et son manque de variété tue rapidement le gameplay.