Regardez-vous souvent les émissions politiques sur le petit écran ? Jean Marie Messier est-il votre idole ? Avez-vous dans votre chambre des posters dédicacés de députés ? Si la réponse est affirmative alors Sim City apaisera votre soif de pouvoir mégalomaniaque. Mais ce sera bien tout !
Issue de l'univers PC, la série Sim City a connu nombre de suites et de variations diverses à travers sa lente évolution. Ayant conquis l'empire informatique, ivre de puissance, elle décida sans ménagement d'attaquer les consoles, avec pour premier et digne représentant le bien nommé Sim City ! Son arrivée sur la petite dernière de Nintendo n'est donc pas franchement une surprise. Ce qui l'est déjà plus, c'est la volonté d'adapter ce jeu de politique-gestion à l'écran étroit de la GBA.
De prime abord le constat est plutôt flatteur. L'écran de menu est très lisible et, bien que le nombre de modes disponibles laisse à désirer, augure des graphismes soignés. La premier point décevant donc, réside dans le faible choix proposé au démarrage du soft. Un mode "nouvelle ville" vous permettant de construire et de gérer votre propre agglomération, ainsi qu'une alternative nommée "scénario" vous obligeant à tenir un engagement vis-à-vis de la ville que vous choisissez. Par exemple, si votre envie se porte sur Londres, vous devrez, suite à une explosion nucléaire, éteindre les incendies qui ravagent le centre ville, tout en amenant sa population à 80 000 personnes en une dizaine d'années. Sous couvert d'une certaine originalité, ce mode, simple digression du principal, ne propose que quatre malheureux terrains où exercer nos talents de maire responsable. Cela reste peu, et malgré une tension plus importante du fait des cataclysmes surdimensionnés, l'ennui s'installe plus rapidement que le feu dévastant vos frêles parcs municipaux. Mais le principal attrait dans un Sim City demeure le plaisir non feint, à bâtir une ville de ses propres mains, en y mettant si possible du coeur.
Nous portons donc notre attention sur la possibilité "nouvelle ville", et nous ne sommes pas déçus. Tout d'abord, il nous est mis à disposition quatre cartes différentes sur lesquelles fonder notre province. Un petit effort concernant le nombre de maps disponibles n'aurait pas fait injure à notre ego de joueur, mais il en est ainsi. Passé cette petite déception, un nouvel écran s'affiche, nous octroyant le choix de plusieurs dates de départ (de 1950 à 2050) ainsi qu'une somme plus ou moins importante (de 10 000 à 20 000 crédits) nécessaire à la création de votre mégalopole. La carte s'affiche alors, en 3D isométrique, et un communiqué vous demande expressément de construire une centrale électrique. Une fois celle-ci érigée, un autre communiqué, cette fois-ci sous la forme d'un gros titre de journal (commun à la série) annonce la création de votre bourgade. Libre à vous désormais de placer toutes les infrastructures nécessaires à son bon fonctionnement, tout en tenant compte des impératifs liés à vos citoyens.
En effet, il arrive fréquemment que des requêtes vous soient adressées, concernant des problèmes d'insécurité, d'éducation ou encore de santé publique. Si l'on ajoute à cela un budget à respecter, des zones à rénover, et une vigilance de tous les instants vis- à-vis des feux et autres émeutes, on comprend aisément que la vie de maire n'est pas de tout repos. Alors que l'on croit, naïvement que tout est désormais calme, arrive la fin de l'année et son lot de dettes et de secteurs d'activités en crise. Tout cela contenu sur une seule feuille de bilan annuel, très complète, permettant de paramétrer à sa guise la sécurité, l'hygiène, l'éducation, etc. Chacun de ses thèmes possède d'ailleurs quatre sous-classes comme par exemple, une campagne de lecture dans le cas de l'éducation. Mais n'oubliez pas que le mécontentement de vos électeurs, peut se terminer en émeute. Faites donc des emprunts et équilibrez les dépenses dans chaque branche de votre société.
Graphiquement, le titre s'en sort plutôt bien, malgré la taille plus que réduite de l'écran de la GBA. Il est néanmoins possible, si vous vous sentez à l'étroit de zoomer ou dézoomer à trois échelles distinctes. Paradoxalement, la vue la plus éloignée du terrain de construction, nuit grandement à la lisibilité et l'on se demande parfois quels sont ces amas de couleur indécise que l'on manipule. La vue rapprochée par contre est un modèle du genre, s'adaptant parfaitement aux attentes d'un stratège économiste oeuvrant sur tout petit écran. Les bâtiments bénéficient d'une allure très convenable, dans une 2D précise, permettant d'afficher un nombre assez important de détails. Mais, on peut toutefois regretter l'absence d'animations relatives aux trafics routier et ferroviaire. D'autant plus que de petites touches de vie, nous auraient peut-être fait oublier les immondes ralentissements suivant de près l'apparition de flammes ou tout simplement d'un nombre conséquent d'habitations. Cependant ce n'est rien à côté de l'arrivée du monstre extraterrestre, disponible comme toutes les autres catastrophes naturelles via le menu pause, qui bien que joli graphiquement, fait tomber la vitesse d'affichage à pratiquement zéro. Le titre en devient quasiment injouable. Parlons-en d'ailleurs.
Le plus gros point noir réside dans l'affreuse jouabilité du soft. Si, dans un soucis de lisibilité vous désirez faire pivoter la carte, il vous faudra une bonne dose de patience. La manoeuvre est plus que laborieuse. Tout comme le déplacement ou la mise en position des différents modules composant la ville. Attendez-vous à une crampe du pouce dans l'heure. Mis à part cela l'accès aux éléments constructibles via la touche L et les renseignements donnés sur un terrain ou une bâtisse par une simple pression sur la touche B demeurent de bonnes idées, mais sincèrement entachées par la rigidité générale. Il vous sera par ailleurs quasiment impossible d'éteindre un feu en plaçant à proximité des bouches d'incendie, tant les ralentissements, couplés à cette maniabilité d'un autre âge, freinent votre avancée. Si malgré cet écueil vous parvenez à vous impliquer au sein de cet univers si particulier, le nombre conséquent de bâtiments disponibles ainsi que la richesse intrinsèque du soft ne vous décevrons pas. De ce fait Sim City 2000 vous procurera un agréable moment de stress et de jubilation.
- Graphismes13/20
La réalisation est très correcte, mais ne justifie en aucun cas les ralentissements catastrophiques dont le soft fait les frais. Maxis devrait peut-être revoir sa copie.
- Jouabilité6/20
Pourquoi vouloir à tout prix adapter sur console un type de jeu nécessitant, pour un confort de jeu optimal, une souris ? Tout bonnement frustrant.
- Durée de vie17/20
Si la pauvre GBA ne se retrouve pas malencontreusement incrustée dans un mur, la durée de vie de Sim City 2000 est quasi infinie. Rome ne s'est pas faite en un jour.
- Bande son7/20
Le processeur sonore de la GBA est toujours aussi mauvais, mais les bruitages sont ici de piètre qualité, et la musique est aussi insipide que celle d'un ascenseur en panne.
- Scénario/
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Pour son grand retour sur console, Sim City (ici la version 2000) rate son entrée, trébuchant par deux fois sur un double obstacle conséquent, une jouabilité hasardeuse, ainsi que des ralentissements de l'action dignes de Derrick. Cependant, pour les fans de la première heure, le challenge est comme d'habitude immense, et ils se laisseront sûrement tenter par tant de villes dans une si petite cartouche.