Issu d'un concept diaboliquement efficace, la série de jeux Pokémon continue tranquillement son petit bonhomme de chemin sur les consoles portables de Nintendo et arrive pour la première fois sur Gameboy Advance avec les versions Rubis et Saphir. Quelle version choisir ? Quelles nouveautés par rapport aux épisodes GBC ? Les réponses tout de suite.
Si cette série de RPG axée sur l'aspect collection a toujours su imposer le respect de la part des joueurs, c'est avant tout pour son concept et sa dimension addictive, et certainement pas pour ses attraits visuels. Avec son passage sur GBA, la série n'affiche que très peu d'améliorations graphiques mais conserve sa clarté légendaire et son apparence naïve qui la rendent si facile à aborder pour le jeune public. Tout commence ici par le choix du personnage, un garçon ou une fille, sachant que l'autre personnage refera son apparition à différents moments de l'aventure. Cette fois, la chasse aux Pokémon se déroule dans le monde de Hoenn, et démarre lorsque le héros emménage à Bourg-en-Vol, sympathique bourgade haute en couleur. On s'amuse de voir les Machoppeurs déménageurs qui nous répondent par des grognements, ou encore de constater que la console de salon, élément incontournable de tout dresseur Pokémon, s'affiche ici sous les traits de la GameCube.
La première étape passe bien sûr par le réglage de l'horloge, le moment de la journée ayant toujours autant d'influence sur l'apparition de certains Pokémon, puis par un détour dans le labo du professeur Seko. Mais celui-ci est en bien mauvaise posture, attaqué misérablement par un Medhvena sauvage, et c'est à vous qu'il appartient de réagir en ripostant avec l'un des trois Pokémon contenus dans la sacoche du prof : Poussifeu (Pokémon poussin de type feu), Arcko (Pokémon bois gecko de type plante) et Gobou (Pokémon poissonboue de type eau). Tout s'enchaîne rapidement avec la récupération du Pokédex qui dispose d'ailleurs de nouvelles fonctionnalités, puis de ses premières PokéBalls et du PokéNav. Dès lors, vous êtes libre de partir à l'aventure en quête des huit badges et d'une victoire éventuelle contre le puissant Conseil 4. En chemin, il vous faudra défier de nombreux autres dresseurs, mais surtout capturer et faire évoluer 200 Pokémon. Si l'on retrouve quelques têtes connues, la plupart sont inédits et l'on découvre de nouveaux Pokémons légendaires propres à chacune des versions : Groudon pour la version Rubis et Kyogre pour la version Saphir. Comme d'habitude, on ne pourra obtenir la totalité des Pokémon avec une seule version, d'où l'utilité de faire des échanges avec un ami possédant la version complémentaire.
Les deux sont bien évidemment tout aussi réussies. Les principales différences étant les quelques Pokémon propres à chacune des versions, et le fait que la ligue qui revient de façon récurrente n'est pas la même. Dans la version Rubis, c'est la ligue Magma qui souhaite augmenter la masse terrestre sur Hoenn, tandis que dans la version Saphir c'est la ligue Aqua qui projette d'augmenter le niveau de la mer au profit des Pokémon eau. Le reste de la progression se déroule de façon exactement similaire dans les deux versions, et vu le temps qu'il faudra passer pour en voir le bout, mieux vaut se limiter à des échanges avec un ami plutôt que d'acquérir deux produits qui sont finalement quasiment identiques.
Mais après tout pourquoi se lancer dans un nouvel opus de Pokémon ? Si vous avez terminé au moins une des versions précédentes, vous le savez déjà. Ce que l'on apprécie dans le soft de Nintendo, ce n'est pas seulement la totale liberté qui nous est offerte, c'est aussi le plaisir de la découverte et de la capture, les intenses moments d'émotion lorsqu'un Pokémon évolue et se transforme, l'aspect tactique des combats, et le fait que le choix des quatre attaques disponibles pour chaque créature rend celles-ci vraiment unique et personnalisées selon sa manière de jouer. Il faut souvent sacrifier des attaques auxquelles on s'est attaché pour conférer à ses Pokémon des techniques spéciales comme couper ou voler, et d'autres compétences inédites qui sont indispensables à la progression sur le terrain. La richesse du système de jeu découle de toutes les subtilités acquises au fil des différentes versions, comme l'influence des Pokémon mâles et femelles, ou encore les effets secondaires qui rendent vos créatures confuses, paralysées, empoisonnées ou même amoureuses, pour n'en citer que quelques-uns.
On peut désormais participer à des matches en deux contre deux au cours de l'aventure, mais aussi via le mode quatre joueurs en link. Le multijoueur s'avère d'ailleurs toujours aussi prenant lorsqu'il s'agit de comparer l'efficacité de sa team à celle de ses amis. Autre nouveauté, la possibilité de faire participer l'un de vos Pokémon à des concours d'intelligence, de robustesse, de grâce, de sang-froid et de beauté. On commence par évaluer l'impact de chaque concurrent auprès du public, puis on se lance dans des joutes où il s'agit de choisir les attaques susceptibles de plaire aux juges. Mais la plupart ont aussi une influence qui peut déstabiliser les autres Pokémon en lice, ce qui rend ces concours beaucoup plus complexes et intéressants qu'il n'y paraît à première vue. Pour rendre ses Pokémon charismatiques, il faut d'abord planter régulièrement des arbres pour collecter des baies de toutes sortes, puis les placer dans le mixeur pour créer des PokéBlocks. Il s'agit alors de respecter un timing précis pour produire les meilleurs PokéBlocks possibles, en concurrence avec d'autres utilisateurs. On le voit, les subtilités du système de jeu atteignent ici une efficacité telle que l'on comprend mieux pourquoi le concept imaginé par Nintendo fait des ravages auprès des joueurs qui acceptent d'y passer du temps. Tout juste pourra-t-on montrer du doigt le manque d'audace des développeurs qui n'ont pas su profiter du changement de machine pour rendre l'aspect visuel du jeu plus impressionnant. Malgré tout, on ne pourra que s'incliner devant l'efficacité redoutable d'un concept qui continuera de faire ses preuves tant que Nintendo saura trouver les bonnes idées pour le renouveler.
- Graphismes14/20
La transition n'est pas aussi brutale qu'on aurait pu l'espérer entre les précédentes versions GBC et celles-ci sur GBA. Les graphismes restent toujours aussi naïfs et l'interface agréablement claire.
- Jouabilité15/20
Un système de jeu toujours aussi efficace avec des combats au tour par tour plus tactiques que jamais. La richesse du gameplay rend le titre beaucoup plus complexe à maîtriser qu'il n'y paraît.
- Durée de vie18/20
Finir l'aventure est une chose, capturer la totalité des 200 Pokémon en est une autre. En plus de ça, il serait dommage de passer à côté des nouveaux concours et des affrontements en multijoueur.
- Bande son14/20
Si on retrouve avec émotion la plupart des musiques et bruitages de la série, on commence à trouver les performances sonores et musicales un peu dépassées et parfois agaçantes.
- Scénario14/20
Comme dans la série animée, la progression se fait au rythme de la découverte de nouvelles créatures et des affrontements entre dresseurs. Les quelques rebondissements ne sont là que pour mettre en scène les ligues Magma et Aqua, sans grande originalité scénaristique.
Si vous ne comprenez pas la note qui est attribuée à ce jeu, il suffira de vous y consacrer sérieusement quelques heures pour entre-apercevoir tout le potentiel addicitif qui s'en dégage. Un concept toujours aussi efficace, doté de multiples nouveautés, et qui se complexifie au fil du jeu, voilà ce qui rend le richesse de Pokémon réellement inépuisable. Ces premiers épisodes GBA ne sont certes pas révolutionnaires, mais ils combleront de bonheur les habitués de la série.