Plutôt que de gâcher du temps en palabres inutiles et en cinématiques grandioses, Ghost Vibration prend le parti de nous projeter d'emblée au coeur de l'action. Tout juste connaît-on le nom du héros, George, et celui de son amie d'enfance Alicia qui a eu la bonne idée de vous demander de fouiller un manoir hanté. Vous voilà donc projeté malgré vous dans une étrange demeure peuplée de spectres en tout genre, et vous allez vous faire un devoir de les aspirer dans la bonne vieille tradition d'un Ghostbuster ou d'un Luigi's Mansion.

Pour cela, George est équipé du Spear Gun, une sorte de grappin capable d'exorciser les esprits maléfiques et de les analyser ensuite dans une base de données qu'il ne tiendra qu'à vous de compléter dans son intégralité. On s'attarde deux petites secondes sur le design incroyable du héros avec son accoutrement ridicule, son regard d'aliéné et sa bouche en cul de poule, et on s'interroge sur le rôle d'Alicia, dont la présence aurait au moins pu servir à intégrer un mode deux joueurs, ce qui n'est évidemment pas le cas. Bref, charisme zéro, ambiance inexistante et des voix anglaises sous-titrées en anglais. Autant dire que le ton est donné et l'intérêt du joueur à son paroxysme.

Le jeu commence alors vraiment, et on découvre un concept révolutionnaire où l'on ne fait qu'avancer en poussant le stick analogique vers le haut, tandis que le personnage progresse en suivant un parcours prédéfini dans le manoir. Le joueur n'a alors qu'à attendre que les spectres se révèlent d'eux-mêmes pour passer en vue subjective et tenter d'accrocher les fantômes avec le Spear Gun, tout en maintenant la pression un certain temps pour faire descendre leur jauge d'énergie. Parfois, le compteur atteint le seul maximum et il faut alors recharger avant de pouvoir recommencer l'opération. Il vaut mieux alors s'arrêter avant ce seuil-là pour reprendre l'opération sans perdre de précieuses secondes. On notera que George dispose également d'une arme annexe pour empêcher les ennemis de se déplacer.

Le constat s'impose de lui-même. La progression scriptée génère une liberté d'action nulle pour le joueur, et la mise en scène n'est pas suffisamment efficace pour nous faire sursauter. Certes, il y a bien un effort au niveau des angles de caméra, mais ça ne fait que souligner la pauvreté affligeante de la réalisation graphique. Si l'on ajoute qu'il n'existe aucune possibilité d'esquive, ni retour en arrière ou écart sur le côté, on s'aperçoit vite que la totalité du jeu repose uniquement sur les réflexes et la précision. L'action est extrêmement répétitive, et l'atmosphère est si peu immersive, le scénario tellement tiré par les cheveux, qu'on n'a même pas envie de savoir ce qui s'est passé dans cette vieille baraque qui grouille de fantômes. Là où, à l'inverse, un jeu comme Project Zero parvenait justement à instaurer à la fois une ambiance réellement flippante et une trame qui tienne la route, avec des spectres vraiment torturés et pas de vulgaires ectoplasmes sans âme.

En revanche, et à l'instar du titre de Tecmo, certains fantômes sont facultatifs, c'est à dire qu'ils n'apparaissent pas de façon aussi évidente que les autres et qu'il faut ouvrir l'oeil pour les localiser car ils ne vous attaquent pas. Le but étant bien évidemment d'essayer de compléter chaque niveau avec le pourcentage maximum. La seule variante sera parfois la présence de halos qu'il s'agit de capturer de la même façon pour recouvrer de l'énergie vitale. De même, les boss ou les ennemis les plus forts comme les entités spectrales ou les Poltergeists vous enverront des esprits mauvais pour vous ralentir, et vu qu'il n'y a aucune possibilité d'esquive, il est impératif de les éliminer rapidement avant de se concentrer sur l'ennemi principal. Que dire, sinon que le bilan n'est peut-être pas aussi dramatique qu'on pourrait le craindre, dans la mesure où la durée de vie n'est pas si ridicule que ça, avec tout de même près de 190 fantômes à répertorier dans le carnet pour compléter le jeu dans son intégralité. Ghost Vibration n'en est pas moins un titre complètement facultatif, que seuls les collectionneurs auront la curiosité de découvrir malgré ses énormes lacunes.