Enseveli sous la tonne de gravats dans la fosse où on l'avait jeté pour qu'il repose en paix parmi les maîtres du survival-horror, Resident Evil 2 s'extirpe péniblement de son tombeau pour venir hanter celle qui avait jusque là échappé à son emprise. La GameCube sortira-t-elle indemne de cette confrontation avec le revenant échappé de la série cauchemardesque de Capcom ? Peut-on impunément déterrer les preuves du passé sans trouver à cet acte une justification ? On est aujourd'hui en droit d'en douter.
Les choses semblent se répéter inlassablement avec la série Resident Evil et le second volet en particulier, puisque ce titre avait déjà subi les foudres de la critique lors de sa sortie sur Dreamcast en avril 2000. Comment cautionner le simple portage d'un titre 32 bits sur une console 128 bits, alors que le développeur ne prend aucunement la peine de moderniser son jeu pour ne pas dépareiller avec les autres titres de la console ? Oui, Resident Evil 2 est fidèle à l'opus original sorti sur Playstation il y a cinq ans. Il en conserve la même trame scénaristique, la même jouabilité et les mêmes graphismes, là où le remake du premier Resident Evil avait su nous bluffer avec une refonte totale de la réalisation et de multiples améliorations de gameplay. De ce point de vue là, il est clair que Resident Evil 2 ne s'adresse qu'aux collectionneurs ou à ceux qui n'ont jamais joué à cet épisode et qui ne défailliront pas à la vue d'une bouillie sanglante de pixels ou de textures préhistoriques. Autant dire que ça limite assez le nombre de joueurs ciblés.
On aurait d'ailleurs presque des fausses joies en découvrant sur le menu principal un certain mode Arrangé. Mais loin d'apporter de quelconques améliorations au jeu original, celui-ci se contente de réduire à néant l'intérêt du soft en permettant simplement de faire toute l'aventure avec un arsenal phénoménal et des munitions infinies. Seuls les inconditionnels du jeu original y trouveront leur compte s'ils désirent refaire l'aventure en moins de deux heures pour se remettre les idées en place, mais autant dire qu'on se serait passé de ce genre de bonus. D'autant que les novices ont déjà l'opportunité de faire le jeu en mode Facile, avec une progression où les monstres sont aussi peu résistants que les items sont nombreux, ce qui déjà nuit quelque peu à l'esprit survival caractéristique de la série.
Difficile d'ailleurs de se laisser séduire quand on connaît l'excellence du remake de Resident Evil sur GameCube, avec la pression qui montait à chaque pas, les sursauts d'angoisse et les confrontations avec des zombies qui menaçaient à chaque instant de se métamorphoser en des créatures encore plus belliqueuses. Il faudra ici oublier les sublimes visuels de RE et RE0, ne pas penser aux items de défense et autres améliorations de gameplay qui font défaut à RE2, et accepter de se replonger dans un jeu qui a passablement mal vieilli. Pourtant, les fans de la série s'accorderont pour dire qu'il s'agit tout de même d'un épisode incontournable de la saga de Capcom. On y retrouve Leon S. Kennedy, le futur héros de RE4, et Claire Redfield, la soeur de Chris Redfield, également mise à l'honneur dans Code Veronica. Deux personnages jouables pour deux scénarios qui ne diffèrent malheureusement pas autant qu'on aurait pu le souhaiter. Et puis des références directes aux films de George Romero, ne serait-ce qu'à travers l'uniforme des STARS qu'on retrouve dans le film Zombie. On parle tout de même de l'homme qui a fait la pub de RE2 au Japon et qui fut un moment pressenti pour la réalisation du film Resident Evil. Le reste demeure ultra classique avec toujours le système de déplacement caractéristique de la série, dépourvu des nombreuses innovations introduites par la suite par RE3. Ici, pas de demi-tours, mais toujours les incontournables coffres de stockage, les zombies et autres chiens écorchés, les rencontres insolites qui tournent mal et les inévitables allers-retours sur la carte. Malgré la présence de deux scénarios et des différentes fins, on termine le jeu toujours aussi rapidement, sans vraiment se laisser surprendre par un jeu qui peine à instaurer une atmosphère aussi angoissante que celle des deux précédents épisodes GameCube. Un achat d'autant plus délicat que le jeu est vendu quasiment au prix des autres titres GameCube.
- Graphismes8/20
L'idéal serait de n'avoir jamais vu tourner Resident Evil et Resident Evil 0 pour ne pas se laisser démonter par la pauvreté de la réalisation. Même s'il serait dommage de s'arrêter à cette simple déception graphique, il est clair que l'ensemble nuit gravement à la mise en place d'une atmosphère véritablement angoissante.
- Jouabilité14/20
Les adeptes de la série n'auront aucun mal à retrouver leurs marques, même si l'absence des améliorations de gameplay (demi-tours, interactions avec le décor, assistance à la visée) ne passe pas inaperçue.
- Durée de vie13/20
Deux scénarios qu'il faudra terminer plusieurs fois dans tous les sens pour découvrir tous les secrets du jeu. Encore une fois, seuls les inconditionnels prendront la peine de tout voir, même s'il ne faut pas non plus des dizaines d'heures pour en faire le tour.
- Bande son14/20
Là encore, l'ambiance sonore ne suffit pas à vraiment recréer une atmosphère aussi oppressante que celle du remake de Resident Evil. Bien sûr, tous les textes sont traduits en français.
- Scénario14/20
Parce qu'il s'imbrique au sein de la saga Resident Evil, cet épisode doit faire partie de la collection de tout fan de la série, à condition qu'ils ne possèdent pas déjà le volet original.
C'est sans surprise que l'on accueille cette conversion fidèle du Resident Evil 2 sorti en 1998 sur Playstation. Au prix auquel il est proposé, ce titre ne se justifiera qu'auprès des inconditionnels de la série qui ne possèdent toujours pas cet épisode. Un titre difficile à apprécier quand on imagine ce que l'équipe responsable du remake de Resident Evil aurait pu faire avec ce second volet.