Attendu par des milliers de fans, l'adaptation vidéo ludique de Matrix aura engendré des réactions diverses dans nos esprits, enthousiasme, doute, difficile de savoir à quoi s'en tenir. Le verdict tombe enfin... Quoi de neuf depuis Max Payne ? Des bugs et des voitures.
Avec une telle licence, Enter The Matrix avait diverses options devant lui : être un hit incontournable, être un jeu à licence bien moyen, et enfin être un malencontreux jeu à licence qui n'aurait jamais dû voir le jour. Alors, suspens, qu'en est-il ? Ben... Quid du concept révolutionnaire qu'on nous annonçait ? Quid du hit incontournable ? On nous promettait un grand pas en avant dans l'interaction entre jeu vidéo et cinéma, c'est réussi, même si c'est surtout un grand pas en avant dans le marketing, mais si c'est du pied gauche il paraît que ça porte bonheur. N'empêche ça fait quand même mal au bide.
Scénaristiquement, le jeu vous place dans la peau de Niobe et de Ghost, deux rebelles qui vont tenter de faire échouer la destruction de Zion, le jeu constituant en cela un prélude, puis un parallèle au film. Ah ben oui, n'oublions pas que c'est comme ça qu'on compte faire vendre, il paraît que si on ne joue pas on comprend rien au film. Il est vrai toutefois que les scènes tirées du tournage comportent moultes friandises et petites phrases qui prennent tout leur sens une fois mises en relation avec Matrix Reloaded (comme ce clochard qui parle de « 72 heures la dernière fois ») mais il est abusif de prétendre qu'il soit indispensable de les voir pour comprendre le film. Il reste que c'est là le principal intérêt du titre. De plus, grâce à ces deux personnages, le soft offre une rejouabilité potentielle puisque l'aventure différera selon le héros que vous aurez choisi, malgré quelques incohérences.
En terme de gameplay, faisons simple : Enter The Matrix n'est qu'un bête jeu d'action assez moyen. En pratique, on progresse d'un point à un autre pour diverses raisons qui peinent à nous passionner d'autant plus qu'une énorme flèche vous indique la route à suivre. En chemin, on croise bien sûr toutes sortes d'ennemis qu'il s'agira de dégommer à grand renfort de combos aériens et de Bullet Time, ici nommé Concentration. Dans un premier temps, sans être subjugué, on reconnaît un certain fun aux combats avec des coups stylés comme dans le film. Mais très vite on découvre de grosses lacunes de gameplay et de maniabilité. Si plusieurs combos sont réalisables et qu'on peut apprécier cet état de fait, il s'avère qu'ils peinent à sortir et que la plupart du temps, on fait un peu n'importe quoi (et souvent la même chose) en appuyant comme un dingue sur les boutons. A grand renfort de Bullet Time, on se plaît à réaliser de belles figures, à effectuer des sauts impressionnants mais... Mais quoi de neuf depuis Max Payne ? En dehors de son aspect purement esthétique le Bullet Time ne sert ici à rien, tout juste à éviter les balles d'ennemis stupides qui de toutes façons ne vous touchent pas, ou peu. Sans oublier que votre santé remonte à son maximum si vous ne prenez pas de coups. Tout comme la jauge de Concentration d'ailleurs qui se remplit d'elle-même en une dizaine de secondes alors qu'il faut plus d'une minute pour la vider. Vous me direz qu'on peut courir sur les murs, oui mais ça on peut le faire depuis un an dans Jedi Knight 2, et là ça marche bien, ce qui n'est pas le cas dans EtM, la chose étant délicate à réaliser en plein fight. En somme, un gameplay assez moyen et dont le fun lié au slow motion s'efface vite.
De plus, si comme je vous le disais on a d'abord un certain plaisir à « jouer à être dans la Matrice », cela passe une fois qu'on se rend compte à quel point le titre est peu exaltant, affreusement répétitif et bourrin. Les armes elles-même ne procurent qu'une satisfaction très relative car elles manquent un peu de « percutant » et ce même si c'est toujours rigolo de tirer en faisant des roulades au milieu de gun fights parfois assez intenses, mais jamais vraiment flippant (et la visée "surassistée" n'arrange pas les choses). Comme si les développeurs ne voulaient pas que le joueur risque de mourir, on doit se sentir comme un dieu dans le jeu, comme un Neo.
Pour accompagner ce gameplay un peu terne, la maniabilité assez approximative et un système de lock qui défaille finissent de gâcher le plaisir. Exemple : une fois le combat engagé, vous tournerez autour de l'adversaire, une bonne idée il est vrai, mais il est dommage qu'une fois celui-ci à terre, vous restiez encore locké sur lui quelques secondes, ne voyant plus les autres vous foncer dessus. On notera également la fâcheuse tendance qu'a le personnage à finir ses enchaînements même si en raison d'un mauvais timing, vous êtes en train de frapper dans le vide. La grande question qui me taraude, personnellement, c'est pourquoi tant de lacunes dans un titre qui jouit d'une licence aux possibilités si vastes ? Pourquoi ne pas avoir intégré un système de compétences ? Ne voit-on pas Neo apprendre le Kung Fu en se branchant sur un programme spécifique ou Trinity apprendre à piloter un hélicoptère ? Quid du choix de son arsenal avant d'entrer dans la Matrice ? Voilà une possibilité qu'on aurait aimé voir présente dans le jeu. Et ce ne sont que des exemples tout bêtes. Quel dommage d'en rester à du bourrinage bête et méchant. Pourtant, pour se distinguer, Enter The Matrix nous donne aussi l'occasion de piloter une voiture ou un hoverboard. Sympa, en dehors du fait que ces phases sont sans doute les plus injouables de toutes. La voiture est incontrôlable, on lit très mal la trajectoire, enfin bref, c'est ignoble.
Mais tous ces problèmes de gameplay, on pourrait les supporter, pour profiter de l'histoire (stimulante en elle-même) en se disant qu'après tout, des jeux d'actions comme celui-la, il y en a plein. Mais quand on voit la réalisation, c'est là qu'on se dit qu'on se fout vraiment de notre gueule. Les textures sont pauvres, les décors sont vides, parfois moches et le fait qu'ils soient en grande partie destructibles ne rattrape rien. Ah ça, pour nous balancer des pubs bien propres pour Nvidia et Intel en plein milieu du jeu (regardez bien l'aéroport) y a du boulot, pour penser à ajouter un bête fil sur un téléphone fixe, ça a l'air plus dur (toujours l'aéroport). Même si certains niveaux se montrent plus soignés que d'autres, le résultat global n'est pas très satisfaisant ! Mais le « mieux » demeure l'animation. Superbe dans les attaques(reconnaissons-le) elle devient pathétique le reste du temps. Les personnages courent d'une façon totalement ridicule, leur façon de monter sur une échelle est surréaliste et le top du top : les sauts s'effectuent comme s'ils portaient le poids du monde sur leurs épaules. A mourir de rire surtout quand on sait que Matrix met un point d'honneur à ce que ses héros aient la classe.
Donc c'est plutôt moche, mais en plus c'est truffé de bugs, de collisions essentiellement. Exemples en tout genre : traversée d'ennemis en plein combat, personnages qui s'envolent, et mon favori : la voiture qui reste suspendue en l'air pendant une minute avant de retomber comme par magie (Davilex Style). Signalons aussi que si le moteur est loin d'être impressionnant, ça ne l'empêche pas d'être gourmand, c'est ce qu'on appelle l'optimisation du code à l'envers. Testé sur un monstre du genre Athlon 2 Ghz, 512 Mo RAM et ATI Radeon 9700, le jeu se permet encore des ratés et n'impressionne pas visuellement. Mais ce n'est pas tout, on trouve aussi des bugs de son avec des grosses saccades sur les effets (voire plus de son du tout), un jeu qui refuse de démarrer sur certaines machines sans qu'on puisse se l'expliquer. Vraiment bravo ! Allez on sauve les meubles. Le scénario, même si sa mise en scène est loin d'être époustouflante colle à l'univers et au second film et ravira les fans à la manière de l'univers étendu de Star Wars. La bande-son est elle aussi fichtrement réussie avec des thèmes qui collent à l'action et des effets de distorsion liés au Slow Motion fort sympathique. Que faire de ce vulgaire jeu d'action buggé jusqu'à l'os et parfois tout juste jouable ? Oui il est assez fun de jouer avec le Bullet Time mais cela suffit-il à faire un gameplay ? Ca marche un temps mais on se lasse vite de parcourir les niveaux en réalisant toujours les mêmes attaques, soutenus par une visée automatique qui simplifie trop la tâche. Le seul point fort du soft semble être son scénario, bon complément au film, mais pour 60 euros, ça fait un peu cher.
- Graphismes11/20
Tout ce tapage, tout ce temps de développement pour ça ? Des bugs partout et des décors vides couverts de textures pauvres au sein desquels les héros évoluent comme des canards en plastique ? Seuls les combats profitent d'animations vraiment réussies, mais gâchées par des caméras parfois foireuses. Une multitude de détails prouve le manque de soin
- Jouabilité11/20
Un gameplay de jeu d'action des plus primaires. En effet le Bullet Time n'est pas nouveau et n'apporte pas grand-chose à Enter The Matrix. Avancer, taper etc. Quelques scènes tentent de divertir (snipe, voiture...) mais dans l'ensemble, on cherche l'intérêt.
- Durée de vie13/20
Les ennemis étant assez stupides et la progression très linéaire, on avance vite dans le jeu qui n'est pas d'une longueur à toute épreuve. Les deux scénarios offrent une rejouabilité potentielle.
- Bande son15/20
Les thèmes originaux remixés pour l'occasion font mouche ainsi que les effets liés au Bullet Time, le tout colle à l'action et s'avère assez plaisant, en dehors des bugs sonores.
- Scénario15/20
S'il est abusif de dire que le jeu est indispensable pour comprendre le film, il est vrai qu'un certain nombre de scènes feront office de friandises que le fan saura apprécier.
Beaucoup de regrets pour Enter The Matrix. La licence n'est clairement pas exploitée au niveau du gameplay qui s'avère simpliste, mal calibré et trop pauvre au regard de ce qu'offre l'univers, un jeu d'action bien moyen, du déjà vu dans Max Payne. L'impression qui se dégage du titre, c'est que si les Wachowski ont assuré dans leur partie (scénario), ce n'est pas le cas des développeurs qui nous livrent un titre plutôt fade et mal réalisé.