Mars 2003, Activision se prépare à lancer sur le marché un titre Playstation 2 qui n'est autre que l'adaptation du film Minority Report. Le crime se doit d'être à tout prix arrêté avant qu'il n'ait lieu. Agent Logan, vous devez empêcher ce forfait à tout prix et mettre en garde les joueurs qui désireraient faire main basse sur ce produit illicite en pensant prendre autant de plaisir en jouant à ce jeu, qu'en regardant le petit bijou cinématographique de Steven Spielberg.
Si L'agent Pilou avait décelé, il y a de cela quelques semaines, le danger que représentait Minority Report sur PS2, il n'avait, à l'époque, pas assez d'éléments en main pour procéder à une arrestation en règle de l'éditeur Activision et du développeur Treyarch, bien que ceux-ci fomentaient déjà en secret leur stratégie visant à approvisionner les étals de leur jeu pour le 14 Mars 2003. Pourtant si tout se présentait sous les meilleurs auspices, puisqu'il s'agissait d'une adaptation du chef-d'oeuvre de Steven Spielberg, Minority Report, s'inspirant d'une nouvelle de l'écrivain Philip K. Dick, l'agent Pilou avait cru voir, derrière cette grosse franchise juteuse quelques faiblesses tant au niveau de l'intérêt du jeu qu'au niveau de la réalisation, et le temps lui donna malheureusement raison.
Bien que j'avais en tête toutes les informations concernant de près ou de loin cette affaire, je ne pus m'empêcher de relire une fois encore le dossier qui trônait sur mon bureau, c'était tout simplement édifiant. Les pages que je parcourais faisaient donc mention d'un film de Steven Spielberg qui s'était servi d'une nouvelle de science-fiction, de l'auteur Philip K. Dick et qui représentait en quelque sorte un brûlot contre une utilisation excessive de la technologie. L'acteur Tom Cruise y incarnait l'agent John Anderton, membre éminent de la Précrime, une unité d'élite qui arrêtait les meurtres avant qu'ils n'aient lieu. Ils utilisaient pour cela trois « humains » extra-lucides, les pré-cogs, qui au travers de visions énigmatiques pouvaient prédire les crimes avant qu'ils n'aient lieu. Mais comme dans tout bon thriller qui se respecte, la machine se dérégla, suite à un complot, et John Anderton le flic, devint John Anderton le fugitif. Film épique, superbement interprété, au message très puissant, Minority Report ne pouvait que donner un bon jeu, et pourtant...et pourtant. Un air renfrogné sur le visage, je me décidais à passer au chapitre suivant, celui-là même qui contenait les preuves accablantes indispensables à la mise sous les verrous des coupables nommés plus avant.
Ce chapitre était sobrement intitulé : Minority Report le jeu. Si le soft reprenait apparemment la trame principale du film, on notait un changement de taille à savoir la disparition de Tom Cruise au profit d'un sombre inconnu. Le premier chef d'accusation était donc : Un manque de moyens certainement dû à une somme rondelette demandée par l'acteur pour utilisation de son image. Mais ce n'était pas le plus important puisque après tout Minority Report étant un beat'em all scénarisé, le fait de ne pas voir Mister Cruise n'était pas une raison valable pour bouder le titre. Et justement, d'après les notes laissées par l'agent Pilou, le jeu vous permettait de parcourir plus de 40 niveaux bourrés d'action qui ne demandaient guère de finesse, le plus important étant de sortir des combos pieds/poings au bon moment, d'agripper vos adversaires pour les lancer dans le décor, destructible, ou d'utiliser vos différentes armes (dont le nombre pouvait augmenter si vous aviez récolté assez d'argent dans les niveaux pour en acheter d'autres) pour venir à bout de robots, d'hommes de mains et même de vos propres collègues. Je notais également qu'on pouvait utiliser un jet-pack dans certaines phases de jeu, sûrement pour égayer un peu le tout et donner au joueur un peu de diversité dans un jeu qui ne demandait que ça pour prétendre à une reconnaissance quelconque. Malheureusement, ces subterfuges ne suffirent pas et l'agent Pilou avait noté, tout comme moi, l'aspect redondant du titre et le fait que Minority Report n'arrivait pas à renouveler suffisamment ses phases de jeu pour intéresser très longtemps le joueur.
Comme ceci ne constituait pas de preuves suffisantes, je décidais à mon tour de coucher sur le papier mes impressions qui serviraient de matériaux, indispensables au procès. J'ouvrais donc un nouveau chapitre : « L'art sans la manière ». Le second chef d'accusation était un manque de sérieux de la part des graphistes. Si ces personnes avaient bien respecté l'univers du film, il était évident que le titre ne faisait pas honneur aux capacités de la PS2. Les différents niveaux, bien que variés, étaient plutôt vides et la gamme des textures utilisées très restreinte. Et que dire de l'aliasing bien présent durant les cut-scenes utilisant le moteur de jeu ? Bien sûr la défense pourrait mettre en avant le très bel effet optique lors de l'utilisation d'une des trois armes du jeu ou les multiples éléments destructibles du décor, mais cela ne représentait en rien des arguments solides.
J'avais bien pensé à la bande-son qui avait le mérite de proposer de très bonnes compositions musicales, un doublage en français (moyennement convaincant) et des bruitages réalistes, du moins pour un univers de science-fiction, mais une fois de plus, cela n'était pas suffisant pour racheter ce titre à mes yeux. Ainsi, je me résignais à écrire quelques lignes supplémentaires sur le gameplay du jeu qui, bien que basique, n'en était pas moins bien pensé et agréable. Maîtriser les multiples combos, utiliser les armes à feu en lockant vos différentes cibles, contrôler votre jet-pack, ne demandait guère d'entraînement puisque un tutorial était là pour vous aider, mais ceci ne changeait en rien la donne. Si le titre de la société Activision se voulait jouable et possédait une bonne durée de vie, le peu d'intérêt suscité par une action répétitive et le manque de diversité de ce beat'em all jouaient vraiment en sa défaveur. Il ne me restait alors plus qu'à fermer une fois de plus ce dossier lénifiant et à attendre que le couperet tombe...ce n'était plus qu'une question de temps avant que la boule rouge n'arrive.
- Graphismes12/20
Le jeu a beau être très fidèle au film de Spielberg, il n'en est pas moins très avare en textures et en polygones. Les décors manquent de détails, les personnages sont moyennement modélisés et pas mal d'aliasing est à signaler.
- Jouabilité14/20
John Anderton, le héros du jeu est capable de sauter, courir, de sortir des combos pieds/poings, de diriger un jet-pack, etc. La maniabilité demande quelques efforts de concentration, surtout durant les premières minutes de jeu, mais un très utile tutorial vous aidera grandement à manier votre personnage.
- Durée de vie14/20
40 niveaux à la longueur et difficulté progressive. Sachant que vous avez accès à trois modes difficulté et qu'il y a un nombre conséquent de bonus à débloquer, le jeu demandera pas mal d'heures avant d'être terminé à 100 %.
- Bande son14/20
Les thèmes symphoniques collent bien à l'ambiance du jeu, les bruitages sont corrects et si le jeu est entièrement traduit, on ne peut s'empêcher de pester en entendant des doubleurs français pas vraiment concernés par ce qu'ils disent.
- Scénario16/20
Le scénario du jeu suit celui du film en s'accordant quelques libertés pour pouvoir nous pondre plusieurs niveaux/missions supplémentaires qui n'apparaissent pas dans le long-métrage de Spielberg. Bref, le scénario de Philip K. Dick était déjà révolutionnaire pour l'époque, nous mettant en garde contre une mauvaise utilisation de la technologie et il n'a rien perdu de sa force aujourd'hui.
Minority Report accuse le coup. Un design très sommaire, des phases d'action répétitives au possible, et malgré de bonnes idées comme l'utilisation du jet-pack, il n'y a rien de vraiment nouveau à l'horizon. Dommage de constater qu'un aussi bon film ait donné lieu à un simple beat'em all, soporifique et à l'intérêt plus que limité.