L'Egypte, la terre des pharaons, est aussi l'une des grandes sources d'inspiration des studios de développement de jeux d'aventure. On ne compte plus les softs au coeur du désert et des pyramides. Amenophis est de ceux-là et nous entraîne dans une histoire de momie maudite. La routine, quoi.
S'il y a bien une chose qui m'énerve dans les jeux d'aventure c'est le manque d'originalité de la plupart d'entre eux. Rares sont ceux qui proposent un scénario réellement novateur et passionnant. Pour Amenophis, c'est comme si on avait pris tous les clichés du genre pour les rassembler dans un seul et même jeu. Premier gros, que dis-je, énorme cliché : le héros, un détective privé américain. Ben tiens, faut toujours que le héros soit américain, détective privé de surcroît. C'est vrai quoi, y'en a marre à la fin. A croire qu'il n'y a que les américains pour vivre des aventures extraordinaires. Attention, je ne critique en rien le pays de l'Oncle Sam, mais le manque d'imagination des scénaristes. Pourquoi ne pas faire intervenir un journaliste polonais, un infirmier belge ou un souffleur de verre espagnol ? En voilà des professions et des nationalités sous estimées dans les productions vidéoludiques. Non, au lieu de ça on reste dans le bon vieux stéréotype du privé ricain, c'est bien plus pratique ainsi...
Seconde caricature : le cadre, en l'occurrence l'Egypte et ses mystères. Ca a déjà été vu cent fois, mais c'est pas grave. Galilea, le studio auteur du jeu, fonce tête baissée dans cette solution de facilité. On pourrait même voir là un brin de prétention de sa part. J'imagine que les gars de Galilea savaient très bien que le sujet avait déjà été exploité maintes et maintes fois, cela ne les a pas empêché de planter leur tente sous le soleil égyptien, comme pour prouver à leurs pairs qu'ils feraient mieux que les productions passées. Mais non, désolé de vous décevoir, votre histoire de disparition de momie, de malédiction et de croisière sur le Nil sonne comme un air de déjà-vu. On a en plus énormément de mal à entrer dans l'histoire. Les personnages sont inconsistants et apparaissent eux aussi comme de bonnes caricatures de ce qu'ils sont censés représenter sans aucune nuance dans leur caractère. C'est vrai pour le réceptionniste ultra lèche-bottes, l'archéologue nazi assoiffé de pouvoir et le héros mix improbable et imparfait entre Indiana Jones et Nestor Burma.
En dépit de ces deux gros défauts, Amenophis se laisse suivre de bout en bout sans trop de mal. L'histoire s'enchaîne plutôt bien avec plusieurs cinématiques qui se déclenchent aux moments clés. Les rebondissements sont nombreux (mais prévisibles) et les énigmes, essentiellement basées sur l'observation et la récupération d'objets, ne sont pas insurmontables, bien au contraire. On bloque rarement devant une situation et lorsque c'est le cas, c'est uniquement parce qu'on sera passé à côté d'un objet important. On avance ainsi très vite dans le jeu jusqu'à le terminer en quelques heures. Amenophis est très court, même en prenant son temps, il ne faut pas plus de cinq ou six d'heures pour arriver à la séquence finale.
Plusieurs fois au cours de l'aventure, le héros est confronté à des dangers qui peuvent lui coûter la vie (et un GameOver pour le joueur). Dans ces situations, une jauge se remplit et il faut agir le plus vite possible pour éviter la mort. Assez pénible lorsqu'on est pris de court, il convient donc de sauvegarder régulièrement pour ne pas avoir à tout reprendre depuis le début. Techniquement, on est loin des standards actuels. Malgré la vision à 360 degrés tout autour de soi, les écrans sont dénués de toute animation quels que soient les lieux visités. Les eaux du Nil restent donc inanimées tout comme les arbres aussi droits que des lampadaires. Les personnages sont pour leur part mieux servis, même si les textures utilisées ne les mettent pas totalement en valeur. Les animations faciales sont assez bonnes. Concernant l'audio enfin, les voix sont doublées en français et les musiques, discrètes, donnent un cachet particulier à l'ambiance en lui injectant notamment une bonne dose de mystère. Au final, Amenophis s'en sort tout juste. Il est vrai que les clichés sont un peu gros, que le manque d'originalité pourra en gonfler certains, et que la durée de vie est ridicule, il n'empêche qu'on passe un bon moment devant son écran. Peut-être qu'une suite pourra rectifier le tir en proposant une aventure plus longue dans un cadre inédit.
- Graphismes11/20
L'aspect diaporama aurait pu être mieux exploité en plaçant de petites animations par-ci par-là dans les décors. Dommage aussi que le seul effet spécial (des halos de lumière apparaissent en regardant le soleil) fasse un peu ramer le jeu.
- Jouabilité12/20
L'interface se manipule entièrement à la souris. On regrette simplement que le curseur ne décolle pas du centre de l'écran. Ainsi lorsqu'il faut fouiller une salle, c'est tout le champ de vision qui s'agite. Désagréable à la longue.
- Durée de vie7/20
On boucle rapidement l'enquête et vu le style de jeu, on n'y revient pas forcément.
- Bande son13/20
Les musiques savent intervenir aux bons moments pour rajouter une once de mystère. Les dialogues sont bien interprétés.
- Scénario10/20
A la fois confus et pas vraiment original, l'histoire de cette résurrection ne passionnera pas les foules. Le manque de charisme du héros y est peut-être aussi pour quelque chose.
Beaucoup de défauts pour ce jeu d'aventure (histoire banale, personnages stéréotypés) mais aussi quelques bons points (progression facile et distrayante) qui lui permettent d'atteindre et de dépasser la moyenne.