Sorti il y a quelque temps sur à peu près tous les supports de jeux, le premier Shadow Man en avait marqué plus d'un par son atmosphère glauque ultra gore et son système de jeu original. Aujourd'hui, Shadow Man revient sur Playstation 2 dans un épisode qui prolonge le scénario sombre et malsain du premier opus.
Pour ceux qui ne connaissent de Shadow Man premier du nom que le titre, il faut rappeler qu'il s'agissait à l'époque d'un jeu d'action relativement bluffant sur plusieurs aspects, et qui s'adressait à un public résolument adulte à cause de son univers gore et malsain. Shadow Man 2 conserve l'ensemble des idées inaugurées dans le premier épisode, et s'inscrit directement dans le prolongement de son prédécesseur en s'appuyant sur un background tout aussi lugubre. Mike Leroi va donc devoir reprendre du service pour tenter d'empêcher les forces démoniaques de s'emparer du Codex, une relique qui renfermerait les secrets permettant de libérer le chef des Gregori : Asmodeus. On y retrouve des personnages connus toujours aussi troublants : la prêtresse vaudou Nettie, le nain Jaunty, le chasseur de démons Thomas Deacon, Baba Yaga ou encore Papa Morté. L'un des atouts de notre héros est qu'il possède la faculté de modifier ses capacités pour pénétrer dans le royaume des morts. Son apparence et ses pouvoirs sont donc modifiés selon qu'il évolue dans le monde des morts ou celui des vivants, de même qu'ils alternent automatiquement en fonction du temps qui passe. Le jour c'est Mike Leroi qui dicte la loi sous son apparence de caïd rompu au combat à main nue et au maniement des armes à feu, et la nuit c'est son double démoniaque Shadow Man, une espèce d'assassin-zombie capable d'invoquer la magie vaudou, qui prend le dessus.
Une dualité qui renouvelle sensiblement l'intérêt de ce titre, même si le gameplay reste similaire quel que soit le personnage contrôlé. L'originalité du premier opus est conservée, et le maniement du héros se révèle plutôt bien étudié. Les déplacements combinés avec les deux sticks permettent de strafer tout en contrôlant la caméra pour rester face à l'action, les angles de vue demeurent particulièrement souples, et les contrôles permettent des enchaînements de coups rapides. En effet, la particularité de ce titre est qu'il gère de façon indépendante les deux bras du personnage, chacun pouvant donc être équipé avec des armes différentes. L'utilisation des quatre boutons de la tranche de la Dual Shock s'avère là encore plutôt efficace, reste qu'il n'est pas toujours facile de recentrer l'angle de vue de façon optimale dans le feu de l'action.
Autre caractéristique intéressante, le soft intègre un "Finish Him" bien classe qu'il est possible de sortir en passant dans le dos d'un adversaire légèrement étourdi pour l'achever en lui tranchant la gorge. Mais les ennemis, justement, déçoivent par leur stupidité. L'IA est loin d'être un modèle du genre et c'est l'ennui qui gagne rapidement malgré la présence de quelques séquences de jeu plus originales. La progression réserve plusieurs embranchements dans le scénario mais la fin est unique. L'inventaire est plutôt complet avec des armes vaudou qui viennent compléter les armes de base, ainsi que des sortilèges que seul le Shadow Man sera en mesure d'utiliser. Mais cela n'enlève pas cette impression de lassitude qui gagne rapidement à cause d'une action pas assez pêchue et souvent répétitive.
On se félicitera tout de même du doublage en français qui permet d'apprécier les répliques acerbes du héros, qui ne se lasse d'ailleurs pas d'émettre toutes sortes de réflexions de mauvais goût au cours de la partie. Comme son prédécesseur, Shadow Man 2 se destine incontestablement à un public de joueurs avertis, qui ne se laisseront pas déstabiliser par la violence sanglante de ce titre et ses scènes lugubres. Le gore frôle ici des sommets rarement atteints sur consoles, et l'ambiance se confine dans le malsain. Les corps explosent dans des gerbes de chairs et de sang, mais l'action manque malgré tout de dynamisme.
Le jeu n'est visuellement pas à la hauteur de ce que l'on attendait. Les graphismes sont peu détaillés et souvent trop sombres, les textures ne se renouvellent pas suffisamment, et la gestion des collisions reste trop approximative. Le soft comporte pas mal d'interactions avec l'environnement, mais elles sont parfois difficiles à déceler et il faut souvent se placer au pixel près pour qu'une action devienne possible. Au final, on ne peut s'empêcher d'être un peu déçu devant ce titre qui donne l'impression de ne pas aller au bout de ses ambitions. L'ambiance est excellente pour qui aime le genre mais la progression ne se renouvelle pas assez et le scénario ne parvient pas à réellement surprendre. Le choix fait au niveau de la jouabilité est une très bonne idée mais le gameplay manque résolument de dynamisme.
- Graphismes12/20
Malgré quelques petites subtilités comme l'alternance jour/nuit et la pluie ou la neige qui surviennent en temps-réel, Shadow Man 2 se révèle plutôt décevant au niveau visuel (décors, textures, animations). Le jeu fait pâle figure à côté d'un titre comme Soul Reaver 2.
- Jouabilité13/20
Le soft conserve son gameplay original toujours aussi efficace, mais l'action est répétitive et le tout manque de dynamisme. L'IA des ennemis n'est pas à la hauteur, et il manque aux angles de vue une fonction qui permette de locker un adversaire.
- Durée de vie14/20
Le soft propose un quota de niveaux raisonnable mais la progression ne parvient pas vraiment à se renouveler. On joue plus pour profiter de l'atmosphère lugubre du soft que pour le plaisir de jeu.
- Bande son13/20
Le doublage est de qualité et permet d'apprécier les répliques acerbes du héros, et la bande-son restitue assez bien l'ambiance sombre et glauque de ce titre.
- Scénario15/20
Cette suite s'inscrit dans le prolongement direct du premier Shadow Man et permet de renouer avec certains personnages. Plus que le scénario, c'est l'ambiance générale qui fait l'intérêt réel de ce titre.
Shadow Man 2 conserve les idées originales du premier opus, à savoir son gameplay complexe mais néanmoins efficace et son atmosphère malsaine. On déplore tout de même la piètre qualité des graphismes et le manque d'originalité du titre par rapport à son prédécesseur. Les inconditionnels du premier volet auront tout de même plaisir à renouer avec l'univers résolument adulte de Shadow Man.