Strategy First nous propose de redécouvrir les joies du wargame avec Waterloo : Napoleon's Last Battle. Un jeu un peu trop austère pour susciter l'intérêt de la plupart des amateurs de STR, mais suffisamment fidèle au contexte historique pour satisfaire les irréductibles supporters du grand Bonaparte. Quoique...
Les passionnés d'Histoire vont s'en donner à coeur joie avec ce titre qui reprend de manière plutôt fidèle l'événement tragique de la bataille de Waterloo. Je ne sais pas combien ils sont à lire ce test mais je ne vois pas qui, à part eux, pourrait raisonnablement s'enthousiasmer en jouant à un soft aussi dépassé. Comme le lait impitoyablement séquestré dans la coque hermétique d'une noix de coco, le soft de Breakaway Games renferme peut-être des trésors en matière de stratégie, mais seuls les véritables adeptes de wargames traditionnels sauront trouver la perle qui se cache dans Waterloo. Alors, même si ce titre renferme un potentiel certain en matière simulation de guerre, il est indispensable de préciser que seule une minorité de joueurs sera en mesure de faire l'impasse sur les nombreux défauts de ce titre, à l'heure où l'on peut trouver sur PC des softs autrement plus immersifs et tout aussi riches en matière de stratégie.
Comme l'annonce le titre du jeu, Waterloo se propose de nous faire revivre les événements qui entraînèrent la chute de Napoléon, et uniquement ces événements-là. N'espérez donc pas trouver l'ensemble des campagnes napoléoniennes dans le soft, vous ne disposerez que de la possibilité de réécrire l'Histoire en participant au désastre de Waterloo le 18 juin 1815 ; ce qui n'est déjà pas si mal. Et pour satisfaire tout le monde, les développeurs ont même pensé à proposer au joueur de se rallier au camp de son choix : soit les troupes napoléoniennes afin de défendre la France, soit l'armée du duc de Wellington pour ceux qui préfèrent se battre aux côtés des anglais et des prussiens.
Le titre en question se présente donc comme un pur wargame. Entre le tour par tour et le jeu en temps réel, les développeurs ont fait le second choix, même si Waterloo ne se présente pas vraiment comme un STR dans le sens où on a l'habitude d'employer ce terme. Rien à voir avec un AOK, par exemple ; le jeu se situerait plutôt dans la lignée de Sid Meier's Gettysburg, jeu dont Waterloo reprend justement le moteur graphique. Un choix pour le moins contestable au vu de la réalisation d'un autre âge affichée par ce soft. Le choc est immédiat et l'on se retrouve sans transition face à de la bouillie de pixels comme on en fait plus, avec des couleurs qui bavent et des animations qui font pitié. Je vous laisse imaginer l'angoisse lorsqu'il s'agit d'évaluer le dénivelé du terrain, la grille de niveau étant d'ailleurs loin d'être convaincante. A cela s'ajoute une interface complètement désuète. Le déplacement des troupes se veut assez déstabilisant, car en contradiction totale avec ce que l'on a désormais l'habitude de voir dans la quasi-totalité des STR modernes. Ici vous dirigez vos troupes en donnant des directives à vos commandants qui donneront alors les ordres souhaités aux différents bataillons. Les déplacements en eux-mêmes se font en traçant manuellement des trajectoires sur la carte. Le reste passe nécessairement par les quelques icônes qui constituent le menu inférieur de l'écran.
Le contenu du soft ne manque pas d'étonner lui-aussi puisque vous n'aurez même pas droit à une vraie compagne mais à une trentaine de petits scénarios indépendants. En s'investissant un peu plus dans ce titre, on aperçoit tout de même un semblant de potentiel ludique. Une dimension stratégique qui ne se laissera toutefois pas dompter dès la première partie. Chaque unité possède une jauge de moral qui est fonction de différents facteurs tels que la position des unités sur le champ de bataille ou encore leur proximité par rapport aux commandants. Autant de paramètres dont il faudra tenir compte si vous ne voulez pas voir vos hommes s'enfuir comme des lâches au beau milieu du conflit.
Très vite, on s'aperçoit que toute la dimension stratégique réside dans le placement des troupes et la cohésion des déplacements et des formations. Il est d'ailleurs possible d'occuper ce qui ressemble vaguement à des bâtiments sur la map, et le jeu devient alors vite très complexe, même s'il est possible de mettre la partie sur pause à tout moment. Si le contexte historique est respecté autant que possible, on pourra tout de même trouver quelques scénarios fictifs inspirés de situations particulières qui auraient pu avoir lieu si telle ou telle décision avait été prise à un moment précis. On ne sera d'ailleurs pas surpris de trouver une base documentaire relativement bien fournie, ainsi que des illustrations du peintre napoléonien Keith Rocco, les uniformes des quelques soixante unités différentes, et le respect des sites historiques avec leur nom visible directement sur le terrain. Les plus motivés pourront même tenter l'expérience du online jusqu'à 8 joueurs en Lan ou sur internet. Waterloo est donc un titre désuet qui avoue rapidement ses lacunes, mais qui dispose tout de même d'un potentiel ludique intéressant qui pourra peut-être contenter les joueurs les plus motivés par le contexte de ce titre.
- Graphismes5/20
Un moteur graphique complètement désuet qui affiche des graphismes d'un autre âge où les couleurs et les animations rivalisent de mauvais goût.
- Jouabilité9/20
Les six premières missions ne parviennent pas vraiment à jouer leur rôle de tutorial, tout est complètement austère ce qui ne facilite pas vraiment l'immersion.
- Durée de vie10/20
A réserver aux acharnés de wargame. Pas de véritable cohésion ni de progression dans la campagne qui n'est constituée que de petits scénarios indépendants. Un multijoueur qui ne risque pas d'attirer grand-monde.
- Bande son7/20
Contexte oblige, les voix sont en français, du moins si vous choisissez de jouer du côté de Napoléon. Quant aux musiques...
- Scénario12/20
Les scénaristes se sont permis quelques situations fictives, mais le reste demeure très fidèle au contexte historique.
Waterloo s'adresse avant tout aux adeptes des wargame classiques, mais sa réalisation austère et ses nombreuses lacunes risquent de rebuter la majorité des amateurs de STR plus conventionnels. Seuls les passionnés d'Histoire peu exigeants en matière d'esthétisme vidéo-ludique parviendront à trouver leur compte avec ce soft.