Take 2 Interactive n'a décidément peur de rien. Alors que le plan vigipirate bat son plein sur toute la France, l'éditeur sort le troisième volet de GTA, sa série si controversée. Un nouvel épisode dans la droite lignée des deux précédents qui nous fait replonger la tête la première dans le monde merveilleux du grand banditisme.
Même si vous n'y connaissez rien aux jeux vidéo, vous avez déjà dû entendre parler au moins une fois dans votre vie de GTA. Souvenez-vous, il y a quelques années, ce jeu défrayait la chronique par son aspect irrévérencieux et dénué de toute moralité. Vous y incarniez un bandit au service de la mafia locale et deviez remplir toutes sortes de missions en vous jouant des forces de l'ordre. Vous pouviez même y écraser les passants, ce qui vous rapportait au passage de nombreux points supplémentaires. Et bien voici venir le troisième volet de ce jeu sur PS2. Le concept n'a pas tellement changé. Vous êtes toujours un truand à la recherche du moindre petit boulot, malhonnête si possible. Ce qui a changé, par contre, c'est le mode de représentation. Finis les petits sprites en 2D, place maintenant à une modélisation tout en 3D. Mais rassurez-vous, le jeu n'a rien perdu de son charme original, bien au contraire.
Par rapport à ses deux prédécesseurs, GTA 3 est bien plus scénarisé et vous n'aurez plus accès à tous les clans dès le début du jeu. Vous devrez ici terminer un certain nombre de boulots pour le compte d'un même gang avant de pouvoir accéder au suivant. Par contre, l'ordre des missions n'est pas linéaire et vous aurez toujours le choix entre plusieurs objectifs, histoire de ne pas vous prendre la tête trop longtemps si vous bloquez à un endroit. De plus, le game over n'existe pas dans ce jeu (ou alors je suis un dieu du pad, car je n'en ai pas vu un seul), si vous échouez lors d'une mission, il vous suffira de retourner voir votre commanditaire pour retenter votre chance. Les objectifs varient du simple vol de voiture à la fusillade en bonne et due forme, en passant par toute la ribambelle d'activités quotidiennes des mafioso (piéger les voitures, amener des prostituées à de bons amis, descendre une personne trop gênante...).
La grande nouveauté de GTA 3, je le disais plus haut, réside dans son passage à la 3D. En plus d'afficher des graphismes plus actuels (je n'ai rien contre la 2D, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit , on profite aussi d'une immersion bien plus grande au coeur de l'action. Liberty City, la ville dans laquelle se déroule le jeu, est superbement modélisée avec un réseau routier assez complexe (carrefours, ponts, tunnels), une circulation dense par endroits, de nombreux piétons et tout un tas d'autres petits détails qui rendent l'environnement très vivant : des détritus par terre, une ligne de métro (que vous pourrez emprunter), l'alternance du jour et de la nuit, le climat qui change... Flâner dans les rues de Liberty City est un donc réel plaisir. La ville porte d'ailleurs très bien son nom car vous serez libre de faire à peu près tout et n'importe quoi. En volant les véhicules adéquats, vous pourrez même gagner de l'argent en tant que chauffeur de taxi, pompier ou encore ambulancier.
La réalisation du soft est d'un bon niveau même si la modélisation des personnages fait bien plus penser à ce qu'il se faisait sur Ps One qu'à ce qu'on est en droit d'attendre d'une PS2. Ce n'est pas moche, mais ce n'est pas très beau non plus. Leur gestuelle est quant à elle plus naturelle, et donc plus convaincante. Il faut vous voir arrêter les voitures pour éjecter leur conducteur... La panoplie des mouvements du héros regroupe toutes les actions possibles pour un malfaiteur, y compris le superbe dressé de majeur face aux automobilistes, communément appelé « doigt d'honneur ». La bande son est un vrai régal et personne ne se plaindra des voix restées en anglais au vu de l'excellent casting qu'elles regroupent, dont l'excellent Joe Pantoliano (le traître dans Matrix) fait parti. De plus, vous aurez droit à plusieurs stations de radios plus vraies que nature que vous pourrez changer tout en conduisant. La station d'opéra qui donne une ambiance à la Orange Mécanique mélant violence et musique classique.
Cependant, tout n'est pas parfait dans GTA 3, notamment le système de visée avec les armes. Arriver à toucher sa cible du premier coup relève de l'exploit. Ca peut paraître paradoxal pour un jeu qui justement inclus une visée automatique, mais changer de cible en pleine course est très difficile, voire carrément impossible lorsque trop d'ennemis pointent le bout de leur nez. C'est honnêtement le seul gros défaut que l'on peut reprocher à GTA 3. Le reste n'est que pur bonheur. La conduite des voitures est parfaite et varie d'un véhicule à l'autre, les collisions sont très bien gérées et entraînent la plupart du temps des cascades spectaculaires. Capot en l'air, pare-brise en moins, portières branlantes, carrosseries froissées, GTA 3 gère bien entendu les déformations et vous serez souvent amené à rouler avec de véritables épaves. Bref, ce titre est une vraie réussite qui mérite amplement sa place parmi les meilleurs de la console.
- Graphismes16/20
Malgré une modélisation des personnages un peu douteuse, l'immensité de Liberty City et le nombre de détails que la ville contient assure à GTA 3 une qualité graphique très satisfaisante.
- Jouabilité16/20
La jouabilité dépend énormément du véhicule que l'on conduit et de l'état dans lequel il se trouve. En règle générale, tout est OK. Seul le système de visée aurait mérité d'être plus performant.
- Durée de vie18/20
73 missions, une ville immense, des objectifs secondaires (missions taxi, pompiers...), GTA 3 assure du côté de la durée de vie.
- Bande son17/20
Les voix sont parfaites. On reconnaît aisément le gang auquel chaque personnage appartient rien qu'en entendant son accent. Côté bruitages, c'est aussi très bon.
- Scénario16/20
Un scénario qui vous fera rencontrer tour à tour les sept gangs de la ville. Les objectifs de missions sont divers et variés et vous surprendront à chaque fois.
Beau, long, original... GTA 3 dispose de toutes les qualités requises pour devenir un must de la PS2. Déjà censuré pour sa version française, il reste seulement à espérer que ce titre ne ravivera pas la grosse polémique qui a entouré la sortie des épisodes précédents. A ce sujet, il est quand même bon de rappeler que les jeux vidéo ne sont ni plus ni moins qu'une manière de s'évader de la réalité. Partir à la conquête de territoires inconnus, disputer des matches de foot contre des équipes internationales, piloter des vaisseaux spatiaux, ou pourquoi pas, comme ici, endosser le rôle d'un malfaiteur... Où serait l'intérêt d'un jeu qui nous replacerait dans notre vie quotidienne ? Je vous laisse là dessus.