Oyez, oyez braves gens ! Si l'envie vous prend de vous glisser dans le peau d'un puissant seigneur et de régner sur vos terres d'une main de maître, essayez un peu Stronghold, la simulation de château éditée par Take 2 Interactive.
Take 2 se lance donc dans la simulation de château fort, une première dans l'histoire du jeu vidéo, si je ne m'abuse. Concrètement, ça ressemble énormément à n'importe quel STR, c'est-à-dire que vous aurez à votre charge toutes les parties de construction puis de gestion du château avec tout ce que cela implique : exploitation de ressources (bois, nourriture...), préparation militaire, économie. Bref, en tant que Seigneur, vous contrôlerez absolument tout dans votre château. Les parties débutent généralement par l'installation du donjon et du grenier pour stocker la nourriture.
Ensuite, c'est à vous d'organiser le reste. Les cabanes de bûcherons pour le bois, les postes de chasse pour le gibier, l'armurerie et les casernes pour les archers, les champs de blé, les carrières de pierre, les mines de fer... La logique implacable du genre veut que pour construire un bâtiment il est nécessaire de déjà posséder un stock de bois, de fer, ou de pierres et qu'il faut aussi prévoir un peu d'or pour le futur habitant. De l'or, justement, vous en gagnerez grâce aux impôts que vous prélèverez sur votre peuple. A vous de voir si vous voulez saigner à blanc vos protégés en fixant un impôt exorbitant ou au contraire, si vous voulez leur donner de l'argent pour qu'ils restent chez vous (qui a dit pot de vin ?). Jusque là, rien d'extraordinaire, en tout cas, rien qui pourrait différencier Stronghold de ses petits camarades. En fait, seul le contexte historique du jeu lui permet d'apporter quelques petites innovations telles que la construction de douves remplies d'huile ou l'utilisation de béliers et de catapultes... A noter qu'il est possible d'utiliser les catapultes pour envoyer du bétail malade dans les châteaux adverses ! Une idée très intéressante
Votre popularité joue un rôle primordial dans Stronghold et c'est sans aucun doute l'aspect sur lequel vous devrez vous focaliser. Si votre cote de popularité est assez haute, vous attirerez du monde au château et donc de la main d'œuvre et des soldats. A l'inverse, en étant impopulaire, vous ferez fuir tout le monde et vous vous retrouverez bien vite tout seul. Pour influer sur la popularité, vous pourrez bien sûr jouer sur les impôts, mais aussi sur les rations de nourriture. Vous pourrez également organiser des événements spéciaux (foires, spectacles, mariages...) ou construire des auberges (pour la bière) afin de divertir tout le monde. Une autre méthode consiste à régner par la terreur en construisant des potences, des cachots et des tables d'écartèlement.
Stronghold compte de nombreux modes de jeu. Que vous préfériez la gestion ou le combat, vous trouverez facilement votre bonheur. Les plus pacifiques d'entre vous, trouveront donc une petite campagne ainsi que plusieurs missions uniquement basées sur l'économie et la gestion. De même, les plus violents s'amuseront avec les missions de sièges ou d'invasions qui consistent donc à défendre ou à s'emparer d'un château. La campagne principale (une vingtaine de missions) mélange, elle, les deux aspects du jeu avec en toile de fond un scénario de guerre teinté de vengeance personnelle. Bien entendu, le multi-joueur n'est pas en reste et que ce soit par internet ou en réseau local, vous pourrez vous adonner aux joies du château fort à plusieurs. Un éditeur de cartes et un mode de construction libre ont aussi été inclus pour prolonger le plaisir.
Malgré son moteur 2D un peu cheap, Stronghold parvient à garder un niveau visuel tout à fait convenable. Les sprites sont assez détaillés et on ne rencontre aucun problème pour reconnaître la fonction de chaque personnage dès le premier coup d'œil. De nombreuses animations sur les cartes (feuilles des arbres agitées par le vent, animaux qui courent, cascades d'eau) donnent beaucoup de vies aux différents environnements. Le son n'est pas mal non plus même si les voix sont un peu bizarres. Les acteurs ont tenté de prendre un accent moyenâgeux (si tant est qu'il en existe un !) assez ridicule qui dénote clairement avec le reste du jeu beaucoup plus sérieux. Les musiques et bruitages sont quant à eux très bons. J'aime particulièrement les clameurs et les cris des soldats lors des invasions.
L'interface, tout à la souris, n'est malheureusement pas très convaincante. Impossible par exemple de faire pivoter les éléments de construction (murs, maisons...) avant de les placer. Pour les orienter de la manière souhaitée, il faut en fait faire pivoter la carte elle-même ! Vous pouvez imaginer la lourdeur de la procédure... Impossible, non plus, de sélectionner des unités autres que militaires. Ainsi, si un bûcheron rencontre un ennemi, vous ne pourrez rien faire pour le sauver et vous assisterez impuissant à sa mort. Ces quelques remarques sont, à mon avis, les seuls défauts du jeu. Bien sûr, on peut quand même se demander si le jeu n'est pas un peu répétitif. Tout dépend en fait du joueur et de la tactique adoptée. En tout cas, Stronghold dispose d'assez d'éléments pour diversifier les parties le plus possible. Pour résumer, c'est un bon titre qui trouvera sa place chez tous les passionnés de Moyen-Age.
- Graphismes16/20
Les environnements de Stronghold sont remplis de petites animations et le jeu ne ralentit pas, même lorsque l'écran est envahi de personnages.
- Jouabilité13/20
On éprouve quelques lacunes dans les phases de construction du château. Pour le reste, ça va à peu près.
- Durée de vie16/20
Stronghold contient plusieurs campagnes et missions différentes (certaines axées sur la gestion, d'autres beaucoup plus orientées action), un éditeur de cartes et un mode multi-joueurs. Une bonne longévité en somme.
- Bande son15/20
Rien à redire sur les musiques et les bruitages de très bon goût. Par contre les voix sont ridicules avec leur drôle d'accent.
- Scénario13/20
La trame de la campagne principale de Stranghold n'est pas très originale. Le pays est en guerre et vous cherchez à venger votre père... on a vu mieux.
Présenté au départ comme une simulation de château, Stronghold tient à mon avis beaucoup plus du STR. Et même s'il ne parvient pas à détrôner les maîtres du genre que sont AoK, Warcraft ou même Kohan, il possède des qualités intéressantes qui en font tout de même un très bon titre.