Encore un soft Sega issu de l'arcade et adapté sur Dreamcast. On ne s'en plaindra pas, d'autant que ceux qui apprécient les jeux fun et faciles à prendre en main seront certainement ravis d'apprendre que 18 Wheeler combine ces deux caractéristiques en y ajoutant un contexte original particulièrement efficace. Un jeu qui démontre avec panache que la vie d'un chauffeur routier n'est pas toujours de tout repos.
Surtout lorsqu'il s'agit d'un chauffeur routier US qui sillonne les quatre coins des Etats-Unis sur des routes fréquentées par des chauffards aux ambitions suicidaires. A peine le jeu lancé, on est partagé entre le fun qui se dégage de ces courses démentes dans la lignée de Crazy Taxi et l'angoisse qui survient lorsque l'on se retrouve pris en sandwich entre deux énormes camions ou propulsé au bas d'une falaise, victime de l'esprit dégénéré d'un concurrent visiblement programmé pour vous tuer.
Très vite on pense à Duel, superbe film de Spielberg qui porte un regard sombre sur le comportement irresponsable et parfois criminel des conducteurs. Mais l'on comprend vite que les conducteurs de 18 Wheeler sont là pour délirer. Si l'on accumule les coups de klaxons et les queues-de-poisson, et s'il n'est pas rare de devoir pousser un véhicule trop collant au fond du ravin, c'est juste pour le fun, et accessoirement pour gagner la course. D'ailleurs, il ne s'agit pas de foncer tête baissée en démolissant tout ce qui se trouve sur les parcours ; franchir en tête la ligne d'arrivée demande un minimum de finesse et une maîtrise parfaite de son engin et de la technique du slalom. Car si le challenge n'est pas insurmontable en mode Easy, il en est tout autrement des deux autres niveaux de difficulté proposés.
Outre un mode Arcade composé de quatre courses et de quelques stages bonus, le jeu propose un mode Parking qui consiste en une série de challenges conçus pour tester votre capacité à effectuer des manoeuvres, un mode Versus à deux en écran splitté et un mode Time Trial appelé Score Attack. L'option multijoueur en ligne sur internet, annoncée dans un premier temps par l'éditeur, a malheureusement été supprimée. Dommage, car 18 Wheeler avait pourtant bien besoin de ce type de réjouissances pour améliorer sa piètre durée de vie. En effet, avec seulement quatre courses au total, le plaisir s'avère vraiment de courte durée.
Ce qui est encore plus regrettable, c'est que 18 Wheeler disposait de sérieux atouts pour satisfaire un large public. La réalisation est aussi belle qu'en Arcade et les sensations vraiment étonnantes. Autant la vue externe est mollassonne et peu impressionnante, autant la vue à bord du camion offre une impression de vitesse appréciable, le tout agrémenté de secousses qui agitent dans tous les sens les différents objets suspendus à l'avant du camion. Mais ce n'est pas une raison pour se laisser distraire, et il faudra également garder un oeil attentif sur son chargement qui se détériorera en fonction des dégâts que vous encaisserez, perdant ainsi progressivement de sa valeur. Notez que vous pourrez choisir la nature de votre chargement selon vos talents de pilotes, sachant qu'une cargaison très lourde vous fera gagner beaucoup plus de points mais rendra beaucoup moins maniable votre véhicule.
Même si le spectaculaire est omniprésent dans 18 Wheeler, les camions bénéficient d'une physique tout-à-fait réaliste. Vous serez surpris par la sensation persistante d'être réellement à bord de ces monstres de métal, et devrez négocier avec une certaine prudence les virages étroits, tout en profitant au maximum du phénomène d'aspiration en vous engouffrant dans le sillage d'un concurrent. De même, l'amélioration des klaxons n'est pas là que pour faire beau, et les véhicules proches de vous réagiront à vos avertissements en s'écartant brusquement de leur trajectoire pour vous laisser passer. Seul le rival viendra perturber le trafic paisible de ces autoroutes de l'ouest en sabotant du début à la fin votre parcours. Les catastrophes naturelles telles que des tornades ou des chutes de pierre ne suffisent pas pour calmer son ardeur destructrice et l'empêcher de semer des obstacles, lorsqu'il ne vous fonce pas littéralement dessus. Mais nous ne nous en plaindront pas puisque, après tout, sans cet énergumène tout juste bon à mettre à l'asile, les courses seraient finalement bien tristes.
Une bonne idée, donc, mais il faut préciser que la présence d'un rival n'est toutefois pas inédite sur console, puisque le grand F-Zero faisait déjà intervenir un concurrent fou furieux à battre à tout prix, et d'une façon beaucoup mieux exploitée puisqu'il fallait à chaque course dresser dans sa tête une liste des concurrents les plus dangereux pour remporter la victoire. Il était ainsi possible de sortir vainqueur d'un tournoi sans être jamais être arrivé premier, simplement en éliminant les bons adversaires au bon moment. Un aspect particulièrement efficace et intéressant que l'on ne retrouve pas dans 18 Wheeler, le soft de Sega se contentant juste d'utiliser le rival pour animer les courses, mais de bien belle façon il faut l'admettre. Si vous le battez, vous serez toutefois récompensé par un bonus de points qui viendra s'ajouter à l'état final de votre marchandise, et au temps supplémentaire acquis. Dans la lignée d'un Crazy Taxi, 18 Wheeler bénéficie d'un gameplay fun et d'une jouabilité immédiate qui procure au joueur un maximum de sensations dès les premières minutes. Mais une fois la surprise passée et les quatre courses terminées, il ne reste qu'un plaisir éphémère et la sensation désagréable d'avoir été lésé.
- Graphismes16/20
Des environnements détaillés et du niveau de la borne d'arcade. L'intérieur des véhicules est très crédible et offre un maximum de sensations. L'avant du camion bouge au rythme des secousses.
- Jouabilité15/20
Les sensations sont parfaitement crédibles, surtout en vue interne, et la jouabilité demande un minimum de finesse.
- Durée de vie6/20
4 courses, c'est vraiment trop peu pour assurer au jeu une durée de vie minimale. On fait le tour de 18 Wheeler en moins d'une heure et le challenge proposé dans les autres modes de jeu n'est pas suffisamment grand pour s'y intéresser longtemps.
- Bande son9/20
Là où les parties de Crazy Taxi prenaient toute leur ampleur à travers le dynamisme des musiques qui donnaient lieu à des courses vraiment spectaculaire, la bande-son de 18 Wheeler joue le rôle inverse et annihile presque l'effet sensationnel et surréaliste des courses.
- Scénario/
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18 Wheeler est l'exemple type du jeu à louer. A l'image d'un Crazy Taxi, le plaisir est immédiat mais de courte durée. Le principe est, ici, un peu moins original, mais même s'il ne s'agit que de courses, le fait de conduire un poids lourd offre un gameplay totalement nouveau. Dommage qu'il soit si court.